François-Noël Mathey a retracé dans son livre « Itinéraire d’un fils de famille » aux Editions du Reflet, le détail d’une trahison familiale.

Le collectif Histoire des Chaprais à l’Asep proposera le 2 juin prochain une conférence sur l’histoire de cette société, connue de tous les Bisontins de plus de 60 ans, en présence de François-Noël Mathey, dernier de la famille à en avoir été le directeur avant sa vente surprise.

Au départ, une belle réussite

« Mon grand-père, Joseph Mathey a créé en 1912 les Docks Franc-Comtois. L’affaire était florissante et a pris de l’ampleur » explique François-Noël Mathey « Les trois fils de Joseph, Gabriel et Henri, mes oncles et Jean, mon père, reprennent le flambeau et continueront à développer l’entreprise jusqu’à la création de la Cedis en 1965. Quatre sociétés fusionnent et créent un réseau de 800 magasins d’alimentation. Il s’agit déjà de l’ébauche de la grande distribution telle qu’on la connaît aujourd’hui ».

La Cedis, cotée en bourse à Paris dès 1971, est l’employeur le plus important de la ville. Son essor se confirme avec la création de superettes Mageco puis de supermarchés Suma. Le premier hypermarché de Besançon sous l’enseigne Mammouth a été inauguré en 1982 dans la zone de Chateaufarine en pleine nature. Suivent aussi des cafétérias, des centres Maison et Jardin, des magasins Grangel, etc…

Les trois frères

« La deuxième génération Mathey, forte de son succès, ne prendra pas de décisions innovantes de nature à préparer l’avenir » précise François-Noël Mathey « Les trois frères vivent sur les acquis, ne prennent pas en compte la concurrence et ne se projettent pas dans l’avenir en refusant les propositions d’évolution que je leur suggère en compagnie d’un certain nombre de cadres ».

Le premier membre de la troisième génération Mathey, et le dernier à avoir été en responsabilité, constate amèrement l’échec de cette belle aventure qui aurait dû continuer longtemps si ses aînés n’avaient pas été si frileux et surtout n’avaient pas trahi le caractère familial de l’entreprise.

Une décision incompréhensible pour beaucoup

François-Noël se destinait à diriger l’entreprise familiale. Pour ce faire, après avoir obtenu son diplôme de l’ESSEC, première grande école de commerce, il a suivi différentes formations dans des corps de métiers variés afin d’approfondir ses connaissances dans tous les rouages nécessaires au bon fonctionnement de la plus grosse entreprise Bisontine.

« Je suis entré à la Cedis en 1970. J’ai consacré mon énergie à essayer de la faire évoluer avec son temps et de la faire s’adapter aux nouvelles méthodes de management. En 1985, à la suite d’un conflit interne lié à l’incompétence totale du dirigeant qu’ils avaient mis en place pour leur succéder, mes oncles et mon père décident de vendre l’entreprise au Groupe Casino ». La vente s’effectue en 6 mois alors qu’une proposition plus intéressante émanant de Carrefour a été écartée sans explication. « Personne n’a compris ce choix. Par lâcheté et faiblesse mes oncles et mon père ont cédé le leader de l’économie bisontine laissant tout le monde abasourdi ».

François- Noël intègre immédiatement le Casino qu’il quitte 4 ans plus tard quand il décide de racheter une entreprise de confection à Lyon.

Dès l’année 1986, rassemblant ses idées et ses souvenirs, il avait écrit le récit des évènements tels qu’il venait de les vivre. Ce récit est resté confidentiel et donc méconnu de la plupart. 35 ans plus tard, l’opportunité s’est présentée de le reprendre, le compléter et l’illustrer sous la forme d’un livre.

Conférence « Qui se souvient des Docks Franc-Comtois et de la CEDIS ? » jeudi 2 juin à 15h00, salle Proudhon : entrée libre dans la mesure des places disponibles.