Besançon. « Écrire pour raconter le monde » : des demandeurs d’asile s’imprègnent de la culture française

Du 16 mai au 22 septembre 2025, le musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon présente un travail de six mois mené par un groupe de demandeurs d’asile accompagnés par les trois centres d’accueil de demandeurs d’asile de Besançon (CADA).

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Elise Aebischer, Adjointe représentant Aline Chassagne et Leïla Bahsaïn, artiste - auteure
Elise Aebischer, Adjointe représentant Aline Chassagne et Leïla Bahsaïn, artiste - auteure, lors de la présentation publique de l'exposition "Muses et Musées" au MBAA de Besançon ©YQ

Cette série d’ateliers d’écriture animée par l’artiste-auteure Leïla Bahsaïn, s’est déroulée de novembre 2024 à avril 2025. « Écrire, c’est s’ancrer, donner une forme aux pensées, aux souvenirs et aux espoirs » soulignait Aline Chassagne, adjointe à la culture à la Ville de Besançon, dans le carnet de présentation de l’exposition.

L’aventure d’écriture propose de marier des voix venues d’ailleurs au cœur du patrimoine bisontin. « De neuf nationalités différentes, ils ont pu tisser un dialogue entre leur vécu et les collections d’art et d’histoire bisontines ».

« La Place Clichy » Pierre Bonnard 1912

Pour Mariam Dia, le tableau de Bonnard évoque la liberté des personnages dans la rue « Dans la société, on est libre de prendre tout ce que l’on veut comme travail…je conseille à mon entourage et à mes enfants de travailler au lieu de rester les bras croisés…Travailler, ça rend la personne en bonne santé au lieu de rester sans bouger ».

« Le Vieux Port à Marseille » Albert Marquet 1917

Taher Alhalabi voit dans ce tableau l’évocation de son périple en Méditerranée. « J’avais peur du danger des côtes libyennes… de la panne du moteur de notre barque, d’une barque de pêcheurs tunisiens qui nous ont menacé, pris nos téléphones et nos affaires…ils ont pris le moteur de notre barque…j’étais entre le sommeil et l’éveil quand j’ai vu arriver le bateau des secours…après 36 heures de terreur ! »

Le Temps

Qu’il s’agisse de « la Leroy 01 » ou le « Globe céleste » conservés au Musée du Temps, Mostafa, Omer, Nazim ou Nazli ont évoqué « les bons moments », « la réflexion sur le temps et le livre de la vie » et « l’avenir ». Les merveilles des musées entrechoquent leurs histoires pour mieux s’intégrer dans leur nouveau pays. Le travail de Leïla Bahsaïn a permis ce mariage et probablement, le meilleur de ces ateliers, donner rapidement à ces étrangers le meilleur de la langue et de la culture française. Cette action a été financée par le Ministère de la culture dans le cadre de la délégation générale à la langue française et aux langues de France.

Yves Quemeneur