Manon, quelles difficultés rencontres-tu aujourd’hui pour t’insérer sur le marché du travail ?

Je suis atteinte d’une surdité profonde depuis la naissance. Je suis appareillée et je pratique la lecture labiale. Après un Master en Histoire à l’université, j’essaie de m’intégrer dans le monde du travail dans le secteur de la culture mais la pandémie de coronavirus ajoute une difficulté en plus dans la recherche.

En quoi la pandémie aggrave-t-elle cette recherche qui semble déjà difficile pour les étudiants handicapés sortant d’une faculté d’histoire ? C’est vrai qu’après tout, aux yeux de certains, la culture est non essentielle…

En temps normal, le port du masque obligatoire rend difficile la communication et isole les personnes sourdes et malentendantes. La recherche d’un emploi est donc rendue difficile car on perd notre indépendance dans le sens où on ne peut pas répondre au téléphone. De plus, dans le milieu de la culture où on est en contact avec le public, le port du masque est un frein.

« Mon sentiment est qu’on est un peu les oubliés parce qu’on n’est pas majoritaire… mais nous sommes là ! », Manon Guenat.

Plus globalement, qu’est-ce que cela nous dit sur la considération portée à l’égard des personnes handicapées et sur leur intégration dans la société ? Dans les entreprises privées comme pour les employeurs publics d’au moins 20 salariés, il existe une obligation qui prévoit pourtant que 6% de l’effectif total soit en situation de handicap, non ?

Je ne sais pas si je parle pour mes pairs mais mon sentiment est qu’on est un peu les oubliés parce qu’on n’est pas majoritaire… mais nous sommes là ! Malgré l’existence des masques inclusifs (masques transparents), ils ne sont pas assez mis en avant surtout dans les lieux publics.

Personnellement, je ne peux plus aller à des rendez-vous sans être accompagnée. Il existe effectivement une obligation sur le pourcentage par entreprise des personnes handicapées mais encore une fois je pense que c’est la pandémie de coronavirus qui rend le recrutement plus difficile pour les personnes sourdes et malentendantes.

Comment envisages-tu donc ton avenir professionnel ?

En voyant que beaucoup disent que le port du masque est parti pour durer, je pense me tourner plus vers le télétravail où le travail à la maison car cela va être très complexe de trouver un travail qui nous met en contact avec les gens.

J’aimerais travailler dans le monde de la culture, étant passionnée d’Histoire. La conservation du patrimoine m’attire beaucoup. La médiation culturelle aussi surtout si je peux apporter mon expérience pour un public en situation de handicap.