Un 27e camion de 40 tonnes est parti de Besançon jeudi 15 février pour rejoindre l’Ukraine avec à l’intérieur du matériel médical principalement, mais aussi des vêtements et fournitures en tout genre. Cette initiative de l’association UKRaide est devenue une norme au fil des semaines d’une guerre que tous espéraient courte. « On essaye de garder une moyenne d’une livraison par mois. Je viens de recevoir l’appel d’un maire basé dans l’Ain (01). Il est aussi président du comité d’administration de l’EHPAD communal. L’établissement renouvelle ses lits et nous allons récupérer les 80 anciens pour rééquiper un hôpital bombardé en Ukraine. Voilà du concret », explique Patrice Gayet, co-président de l’association.
Si Volodymyr Zelensky, président ukrainien, intensifie son travail de persuasion auprès des dirigeants européens pour obtenir une aide militaire sur le front, les habitants utilisent aussi toutes les connexions possibles sur le terrain. Mobilisée dès l’invasion russe, UKraide compte toujours une centaine de bénévoles. Chaque jour, ils se relaient pour collecter, récupérer du matériel demandé par des associations à plus de 2000 kilomètres. Si les mouvements solidaires n’ont cessé de naître un peu partout sur le territoire, beaucoup se sont essoufflés au fil du temps. « Ce n’est pas illogique compte tenu de toutes les difficultés que les français subissent en ce moment. Ici on ne se pose pas la question, comme un curé accroché à son sacerdoce. », poursuit Patrice Gayet. « Nous avons un retour immédiat de notre travail, ça motive énormément d’être en connexion direct avec les personnes dans le besoin. C’est aussi rassurant. » Le contact sur place se nomme Team Sokolnia et donne des nouvelles chaque jour à travers des boucles de messageries WhatsApp ou Telegram. Par leurs réseaux et cursus, UKRaide poursuit son rôle précieux.
Un hommage en lien avec l’histoire à Vercel
L’association des Convois Solidaires poursuit également sa mission avec une journée particulière samedi 24 février deux ans jour pour jour après le début de l’invasion russe. Promouvoir la paix, d’abord en commémorant la mort des soldats ukrainiens du bataillon BUK FFI, qui au cœur de la Seconde Guerre Mondiale avaient choisi de déserter le commandement nazi installé à Vercel pour rejoindre la Résistance française, en 1944. C’est au monument aux morts de cette même commune que le Souvenir Français rend un hommage dont l’écho porte désormais beaucoup plus loin. Une journée de sensibilisation également à Besançon avec un stand d’informations sur les actions menées par les Convois Solidaires depuis deux ans.
Si la France est le pays de l’UE qui accueille le moins d’ukrainiens proportionnellement à sa population (68 000, soit 0,1% de la population ndlr), la mobilisation a pourtant été réelle. Des centaines de familles sont passées par le Doubs et des dizaines sont encore hébergées à l’heure actuelle. Créée en 2019 pour accompagner les personnes russophones dans leurs démarches administratives, l’actualité et la guerre ont poussé l’association Spasibo, installée à Pontarlier à se recentrer sur des familles ukrainiennes. Sa présidente, Svetlana Seguin, est née à Melitopol au sud-est du pays, zone actuellement contrôlée par la Russie. « J’ai toujours de la famille côté maternelle là-bas. Parallèlement, j’ai grandi à Piatigorsk en Russie où vivent toujours mes parents et ma petite sœur côté paternel. Cette guerre est très épuisante pour moi mentalement, elle me touche de très près. J’essaie de faire ce que je peux avec ce que j’ai. », confie Svetlana Seguin.
Des choix de vie différents
Avec elle, une vingtaine de bénévoles accompagnent les familles ukrainiennes, tiraillées entre l’envie de mettre à l’abri sa famille et le refus d’abandonner les hommes partis au combat. « Chaque cas est particulier, beaucoup de familles sont restées quelques mois avant de repartir car même si c’est dangereux, elles sont entourées d’un environnement qu’elles connaissent avec leurs proches, c’est plus facile à gérer paradoxalement. D’autres femmes ont divorcé pendant la guerre et reconstruisent leur vie ici, en apprenant très vite le français et en s’intégrant pleinement. » Il reste encore quelques dizaines d’ukrainiens à Pontarlier, près du Lac Saint-Point aussi. D’autres se sont également déplacés du côté de Montbéliard, en quête de rapprochement avec des proches. Spasibo travaille en collaboration avec Dusha Ukrainia crée en novembre 2022 par Christelle Guillemain et Christophe Consandey. Cette seconde association aident les réfugiés à s’intégrer à la vie pontissalienne quand de son côté Volia Ukraine poursuit ses collectes de dons sur le Haut-Doubs. Une aide humanitaire qui ne dévie pas de son but. « Nous avons aussi eu des demandes de dons militaires comme des gilets pare-balles, des drones, des armes. On s’est toujours refusé à cela car on entrerait dans une autre dimension de participation à la guerre. », poursuit Patrice Gayet. Un prochain convoi de l’association UKRaide est prévu pour le mois de mars.
M.S