Les engagements pris par la Préfecture et le Département en septembre dernier pour sauver les rivières comtoises annonçaient déjà un mauvais bilan. L’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse le confirme. Couvrant un quart du territoire français, du Sud des Vosges à la Corse, en passant par la Haute-Marne et Perpignan, l’organisme a classé ses cours d’eau en cinq catégories, de très bon état à mauvais. « Depuis 1990 nous avons recensé 39 millions de prélèvements pour l’eau en surface, 16 millions pour les eaux souterraines et 2 millions pour les plans d’eau. Nous effectuons environ 5 millions de prélèvements chaque année. », explique Laurent Roy le directeur.

Notre région est la plus mauvaise du territoire

Le bon état écologique, chimique et l’état quantitatif sont les principaux critères d’évaluations. Sur la totalité de son territoire l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse compte dans globalité 15% de cours d’eau en très bon état et 52% en bon état.

Des chiffres en progression alors que le secteur Bourgogne Franche-Comté Grand-Est est très loin derrière :  le très bon état représente 0,7% et le bon état seulement 26% des cours d’eau. Les eaux souterraines sont mieux loties : 83% des nappes sont jugées en bon état contre 17% avec une santé médiocre.

1300 paramètres pris en compte

Des chiffres accentués par l’augmentation de prélèvements entre 1990 et aujourd’hui mais aussi par le nombre de paramètres (micropolluants, macropolluants, biologie) pris en compte : il y en avait 25 il y a 30 ans contre 1300 en 2022. Ce qui peut changer le regard sur les observations au cours de la dernière décennie.

Tramadol, caféine et nicotine

Un exemple : la toxicité due aux micropolluants organiques (hors pesticides). Divisée par 4 entre 2008 et 2017, elle explose entre 2018 et 2020 avant de repartir à la baisse depuis 2021.

Pourquoi ? Parce que des substances d’intérêts émergent, (des nouveaux produits que l’on n’utilisait pas forcément auparavant.) sont pris en compte dans les relevés. On parle ici des substances pharmaceutiques (metformine un anti-diabétique, irbesartan un anti-hypertenseur, tramadol…) de stimulants (caféine, nicotine). Une présence désormais quasi-systématique.

Au total plus de 500 substances ont été retrouvés dans nos cours d’eau en 2021, plus de la moitié sont liées aux pesticides. On parle ici d’une menace directe pour l’eau potable : un tiers des stations présente des concentrations en pesticides incompatibles avec l’alimentation en eau potable sans un traitement préalable.

Malgré ce bilan, de gros progrès sont aussi à noter

Des progrès sont néanmoins visibles : la concentration d’ammonium a été divisée par 20, la demande moyenne en oxygène divisée par 5 et la concentration moyenne en phosphore divisée par 10.

Limiter les rejets industriels

L’agence de l’eau dresse aussi un bilan des solutions qui ont fait leurs preuves avec en ligne de mire, les rejets industriels : dans le bassin Rhône Méditerranée, une fois de nouvelles régles environnementales instaurées, le flux de micropolluants d’origine industrielle est passé de 83 309 kg en 2013 à 27 584 kg en 2022.

Économiser l’eau et désimperméabiliser les sols

Autre solution notable : l’économie. En En 2021 et 2022, respectivement 510 000 et plus de 800 000 m3 d’eau ont été nouvellement économisés en BFC-GE. Un gain qui passe aussi par la désimperméabilisassions des sols et la restauration des cours d’eaux naturels. « Le manque de continuité écologique est un frein conséquent », glisse François Rollin, directeur de la délégation de Besançon.

Pour suivre ses travaux et ses avancées, l’Agence de l’eau a décidé de créer une application Qualité Rivière. Gratuite, elle permet d’observe en temps réel l’état de santé d’une rivière ou d’un cours d’eau près de chez vous.

M.S