Édito. Mon Sochaux

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Mon Sochaux, c’est d’abord un maillot floqué « Pedretti » lors de la saison 2002-2003. Les premiers péages, en empruntant l’A36 depuis Besançon, direction Bonal. Le passage devant le Quick du rond-point de l’Helvétie, cette envie folle d’y entrer, un rêve qui ne s’est jamais réalisé. Le parking Nord-Est ou la création d’une place sur le terre-plein central rue de la Prairie. Les longues marches jusqu’à l’entrée, les souvenirs évoqués par mon père et ses potes de l’épopée fantastique avec Genghini, Rust, Stopyra ou la renaissance avec Paille, Sauzée et Bazdarević. L’odeur alléchante du stand de kebabs après avoir passé la sécurité, j’avais 7 ans et avec Pedretti, les nouveaux lionceaux s’appelaient Frau, Monsoreau, Daf, Meriem, Mathieu.

Mon Sochaux, ce sont les exploits en Coupe d’Europe, un modeste club qui offre le droit de rêver à tout un territoire. Le terrible retour à la réalité face à l’AS Monaco en finale de Coupe de la Ligue, l’ivresse de bonheur ou l’ivresse tout court pour les adultes l’année suivante face à Nantes. Mon Sochaux c’est la crête de Teddy Richert, les frappes de Karim Ziani, le feu follet Isabey, l’élégance de Jérôme Leroy et les cheveux peroxydés de Le Tallec. J’ai 12 ans et cette Coupe de France n’est rien de moins que le firmament.

Des années galères ensuite, le modeste club de province tente alors de survivre, accroché à son histoire, face à l’arrivée des nouveaux riches dans le monde du ballon rond. On s’y attache comme Damien Perquis, on s’y fâche quand plane l’ombre de la relégation jusqu’à la 36, 37e journée. Quelques lueurs d’espoirs ravivent la flamme jaune et bleue, elles s’appellent Ryad Boudebouz ou Marvin Martin.

Mon Sochaux c’est ensuite le Never Give Up d’Hervé Renard, une survie à coup de têtes de Stopila Sunzu, un coup de massue, une relégation. Avec l’abandon de Peugeot, c’est la majeure partie de l’histoire du club qui s’en va. Des fossoyeurs montent à bord du vaisseau sochalien quand sur le terrain je découvre sur le terrain des joueurs plus jeunes que moi. Je prends un coup de vieux et le kop sochalien lui aussi se rajeunit. Les mensonges de Li, les magouilles de Baskonia, le tremblement de terre en 2019, la génération Daf et deux années à croire au retour en Ligue 1, comme dans un rêve.

Cette fois le retour à la réalité ne concerne pas qu’une défaite en coupe, celle des supporters est pleine, le portefeuille du club est vide. Si mon histoire personnelle m’a amené depuis plus d’une décennie vers une autre équipe, mon lien avec Sochaux est indéfectible. Il n’est pas parfait, c’est un tout parce que Sochaux est parfois tout pour moi. National 1 ou 3, Sochaux vivra et le gamin au maillot floqué Pedretti, lui, sera toujours là.