Elle s’appelle Micheline, elle fait partie de la série des X2800. Un autorail qui a circulé sur les rails du Haut-Doubs de 1958 à 2009 avant de laisser place au plus moderne TER. Pour une poignée de passionnés s’engage alors une incroyable opération de sauvetage pour que ce fleuron des trains français ne disparaisse pas à tout jamais. « Pour ma part, je voyais cet autorail passer devant la maison familiale durant mon enfance » se souvient Michaël Billerey, président de l’association X2800 du Haut-Doubs. Pour récupérer la Micheline, de longues négociations se sont engagées avec la SNCF, propriétaire, qui a finalement cédé il y a tout juste dix ans. Ce sera le X2816 qui sera confié à l’association, autorail au palmarès unique, qui a même représenté en 1958 le savoir-faire technologique français à Bruxelles et le dernier à être construit par les établissements Decauville à Corbeil Essonnes. Les suivants le seront par Renault.
Remise en circulation sur le réseau ferré
La SNCF a accepté « à condition que nous puissions la stationner à l’abri, ce qui a été possible, à l’Hôpital du Grosbois avec pour commencer une remise en état de la voie pour l’y acheminer ». Traverses, rails, tirefonds… le travail n’a pas manqué. La machine les a elle aussi mobilisés. Dans son état, elle était en effet vouée à la casse… « Le moteur par exemple était hors service. Il a fallu le démonter en totalité en nous documentant car aucun d’entre nous n’était spécialiste de la question ». Beaucoup de temps et de patience avant d’entendre à nouveau le moteur de 825 chevaux fonctionner. Mais pas pour autant la Micheline rouler. Là a commencé un autre volet de la vie de l’association, l’obtention des autorisations nécessaires pour rouler conformément à la réglementation. « Des adhérents se sont formés à la conduite et la SNCF nous a permis d’emprunter ses voies » poursuit-il. Pour sa première sortie officielle le 2 juin 2019 comme pour les suivantes, l’autorail emprunte en effet non pas une voie privée comme le Coni’Fer, train touristique du Haut-Doubs, mais le réseau ferré français comme tout autre train. « Nous devons donc rouler à la même vitesse que les autres et ne pas perturber la circulation ».