Jean-François Longeot, sénateur du Doubs

Le parlementaire fait avec nous le point sur les questions de développement durable sur lesquelles il travaille depuis des années. Avec dans l’actualité, un rapport du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) qui confirme l’urgence due au réchauffement climatique.

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Quel rôle un sénateur peut jouer sur l’avenir de la planète ?

Etant président de la commission aménagement du territoire et développement durable, je travaille sur de nombreuses thématiques comme le climat, les énergies renouvelables et plus généralement toutes les questions qui je pense sont parmi les plus importantes pour notre avenir. Celle de l’eau est à mon avis la plus grave que nous aurons à traiter dans les années à venir…

Que va-t-il se passer selon vous ?

On le constate d’année en année, la pluviométrie est de plus en plus faible. A un moment ou à un autre, il va falloir prendre des mesures drastiques qui sans doute ne seront pas populaires car difficiles à comprendre. Or, les gens doivent bien se dire que si aujourd’hui l’eau coule dès qu’on ouvre un robinet, ce n’est pas quelque chose de naturel, normal et un dû. Nos habitudes doivent changer, et vite.

La voiture est également au cœur des questions environnementales…

Les gaz à effet de serre sont pour beaucoup émis par nos véhicules, les voitures, camions ou bus. Alors bien sûr, pour limiter cette pollution, il faut promouvoir les transports en commun…là où c’est possible. Mais il faut bien admettre que dans nos secteurs ruraux, la problématique n’est pas la même. Si je devais me rendre en bus ou en train à la rencontre des élus du Doubs, beaucoup ne me verraient pas souvent voire pas du tout. Comme les autres, je n’ai pas d’autre choix aujourd’hui que la voiture.

Votre avis sur ce qui existe déjà… les ZFE ?

La mise en place de ce dispositif des zones à faible émission est déjà effective dans 11 grandes villes et devra l’être dans toutes les agglomérations de plus de 150.000 habitants avant le 31 décembre 2024 réduirait fortement la mobilité des Français vivant dans ou aux abords des métropoles. Ce qui correspond à environ deux tiers de la population française. En moyenne, un véhicule sur deux ne pourra plus y être utilisé. Seuls les véhicules électriques Crit’Air 1 et 2 seront autorisés à circuler.

Les ZFE sont donc synonymes de zones d’exclusion pour tous ceux qui faute de pouvoir acquérir un nouveau véhicule devront renoncer à se déplacer dans ces métropoles pour des raisons professionnelles ou pour accéder aux services qui y sont concentrés, administratifs, culturels, hospitaliers et médicaux… donc même les ruraux sont concernés. Une mission est en cours sur ce sujet délicat. Il faut donc travailler sur l’accompagnement financier, qui est le véritable problème.

L’avenir passe donc aussi par la voiture électrique ?

C’est en effet un des moyens d’aller vers la décarbonation des transports. Le Parlement Européen vient de valider qu’à partir de 2035, les véhicules neufs devront respecter le zéro émission. Une décision qui bien entendu peut interroger car il faut penser à accompagner un tel bouleversement. D’abord en ne jetant pas forcément tous les véhicules thermiques qui pour certains pourraient encore répondre à des critères de propreté à définir et à vérifier lors du contrôle technique.

Ce qui va poser des problèmes économiques mais aussi écologiques…

Comme je le disais précédemment, il y a aussi la question de l’accompagnement financier avec des prêts et subventions pour ceux qui devront changer de voiture. On réfléchit par ailleurs aux modifications de véhicules qui passeraient du thermique à l’électrique, les bus et camion par exemple, après avoir été amortis par les entreprises. Des équipements devront se multiplier pour la recharge, il faut aussi réfléchir au recyclage des batteries… Bref, le sujet est vaste, la date est posée et c’est tant mieux car nous n’avons plus d’excuses ni de temps à perdre. Mais attention à ne pas opposer écologie et économie, et de garder toujours en tête l’aspect social des décisions qui seront prises.

Tous ces sujets sont abordés dans le dernier rapport du GIEC. Votre avis sur ce document ?

Le constat est clair. La hausse globale de température continue à cause des gaz à effet de serre émis par les activités humaines. Ce rapport doit donc être pour nous un outil pour montrer qu’en effet la situation d’urgence est bien réelle et actuelle, et qu’il faut y répondre en mettant en face de ces problématiques des perspectives et des réponses. Je crois que la prise de conscience n’est plus un souci. Maintenant, il ne faut pas tergiverser comme on a pu le voir sur le nucléaire avec un effet yoyo contreproductif. Même si la France n’émet que moins de 1% de ces gaz au niveau mondial, on ne peut pas s’en contenter pour se rassurer et attendre que les autres fassent. Il ne faut pas faire peur mais il faut agir et vite.