La situation financière des ménages en Bourgogne Franche-Comté

Chaque année, la Banque de France publie une étude fouillée sur la situation financière des ménages, leur épargne et l’accès au crédit. Les 8 départements de la Bourgogne Franche-Comté ne sont pas tous logés à la même enseigne

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Pouvoir d'achat
Que les mortuaciens se rassurent, l'enquête est confidentielle et uniquement statistique
Le contexte inflationniste global

La courbe de l’inflation s’infléchit depuis quelques mois du fait de la baisse des coûts de l’énergie qui avaient connu une flambée en 2022, au moment de la sortie de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine. La hausse des matières premières, notamment agricoles, avaient été répercutée par les industriels et les distributeurs contribuant à une forte inflation. Et d’une façon générale, les entreprises ont également ajusté leurs prix de vente pour tenir compte de la hausse des coûts de production et des services.

« A ce stade, pas d’emballement prix-salaire » selon la Banque de France

Les salaires ont augmenté en moyenne de 4,5% en 2022, indique la Banque de France. Toutefois, les analystes estiment peu probable la spirale inflationniste comme dans les années 70. Les augmentations de salaires couvrent à peine l’inflation.

L’inflation a changé de nature et risque de persister

Le gouvernement tablait sur un retour à une inflation maîtrisée de l’ordre de 2,5% en 2024. La situation est plus complexe et cet objectif ne semble atteignable que fin 2025.

Dans le panier de consommation, le prix de l’énergie et des produits alimentaires représente 30%. La hausse des prix est immédiatement visible pour les consommateurs mais elle est également temporaire. Le prix des biens manufacturés et des services qui représentent 70% pourraient, à l’inverse voir leurs prix progresser de façon plus pérenne.

La Banque de France émet l’hypothèse d’un pic d’inflation à la fin du 1er semestre 2023 puis d’un repli autour de 4% en fin d’année. Il faudra attendre la fin 2025 pour retrouver une inflation maîtrisée.

Le ressenti d’inflation dépasse le taux moyen constaté

Le pouvoir d’achat devrait rester stable en 2023 avant de se redresser en 2024 et 2025. La perception de la population est toute autre. L’inflation touche principalement les achats du quotidien (alimentation et énergie), son ressenti dépasse largement l’inflation moyenne mesurée.

Les inégalités face à l’inflation touchent les ménages à faibles revenus, ou résidant en zone rurale ou les plus âgés. Territoire très rural, le département du Doubs est plus particulièrement impacté.

On note également une dégradation de l’opinion des ménages les moins aisés sur leur situation financière personnelle. La part des dépenses contraintes est proportionnellement plus importante.

Vers la fin des « boucliers tarifaires »

Leur coût net pour l’Etat a été de 50 milliards d’euros sur 2022-2023. Le soutien budgétaire doit rapidement tendre vers zéro. Il a permis d’amortir temporairement le choc énergétique sans le faire disparaître.

La France connaît l’un des déficits les plus élevés d’Europe. L’augmentation des taux impacte le coût d’une dette qui dépasse 3000 milliards. Le coût de la dette va grimper de 20 MDs€ d’ici 2027 à 60 milliards d’euros, soit l’équivalent de la recette de l’impôt sur les sociétés. La France doit impérativement mieux maîtriser ses dépenses de fonctionnement et prioriser les dépenses d’avenir. Les baisses d’impôt doivent être financées.

Le Doubs épargné par le chômage

Alors que le taux de chômage en France reste élevé à 7,2%, le département du Doubs atteint quasiment le plein emploi, en particulier sur les bassins de Besançon et du Haut-Doubs. A l’inverse, le taux de chômage dans le Pays de Montbéliard demeure à un niveau élevé de plus de 9%.

Pour inverser la tendance, il faut rendre le travail plus attractif en particulier pour les jeunes et les seniors.

La part des actifs 55-64 ans est de 57,2% en France contre 73,8% en Allemagne. Chez les 15-24 ans, la part des actifs est de 34,9% en France et de 51,9% en Allemagne. Il reste du chemin à parcourir !

Les dépôts et crédits bancaires des particuliers

En Bourgogne Franche-Comté, l’encours global des dépôts bancaires (dépôts à vue et épargne réglementée) atteint 62,7 milliards d’euros, soit un encours moyen par ménage de 48 230€, en deçà de la moyenne nationale (53 384€).

L’encours des crédits bancaires est de 49,7 milliards d’euros dans la région avec des variations importantes selon les départements.

Dans le département du Doubs, la masse des dépôts 12,3 milliards d’euros ne couvre pas la totalité des crédits bancaires de 12,7 milliards d’euros. Le Doubs est le seul des huit départements à présenter cette situation.

Epargne contrainte vs épargne de précaution

Pendant les périodes de confinement l’épargne était contrainte (fermeture des magasins…). Sous l’effet de l’inflation et la situation géopolitique, les ménages francs-comtois se constituent une épargne de précaution. Le dépôt moyen bancaire est passé en 4 ans de 38 487€ à 48 230€. « Il concerne tous les revenus. Le Livret d’épargne populaire, accessible aux ménages les moins aisés, connaît des progressions de 22 à 25% » selon Jean-Luc Mesure le directeur territorial de la Banque de France à Besançon.

Des crédits à l’habitat qui progressent

Contrairement à ce qui était annoncé, « le flux des crédits nouveaux à l’habitat n’a pas ralenti en 2022 et poursuit sa progression en 2023 » souligne Jean-Luc Mesure. Le taux d’usure qui était calculé tous les trimestres est désormais ajusté chaque mois.

Un endettement moyen qui augmente

En Bourgogne Franche-Comté, l’endettement moyen des ménages (y compris les crédits à la consommation) est passé de 31 073€ en 2018 à 38 241€ en 2022.

Les incidents de paiement pour les personnes inscrites au fichier central des chèques restent stables à un niveau bas (situation en partie liée à l’abandon progressif des paiements par chèque). A contrario, les personnes inscrites au fichier des incidents de remboursement des crédits aux particuliers ont augmenté depuis 2020, retrouvant son niveau d’avant-crise Covid.

En conclusion, la Bourgogne Franche-Comté et notamment le Doubs, ne fait pas partie des régions les plus pauvres. Le vieillissement de la population et la baisse de la natalité pourraient changer la donne dans les prochaines années si les collectivités territoriales n’agissent pas plus efficacement sur l’attractivité économique et résidentielle d’un territoire aux multiples atouts.

Yves Quemeneur