Édito. L’affront

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Le 29 avril, Emmanuel Macron s’est « bunkerisé » dans la tribune présidentielle du Stade de France. Les supporters de Toulouse et de Nantes auraient apprécié que le Président de la République (et pas Emmanuel Macron) salue les joueurs avant l’entrée dans l’arène. Peut-être a-t-il considéré que la présence de deux équipes de la France périphérique ne méritait pas cet hommage !

72 heures plus tôt, le même Emmanuel Macron a fait « un bras d’honneur » à la France qui se lève tôt pour prendre « sa bagnole diesel pour aller au boulot en fumant une clope »…

Cette France-là, industrieuse et inventive, n’a pas de métro ou de vélo pour se rendre dans un bureau climatisé et remplir des tableurs Excel. Cette France-là, elle regarde les infos régionales, écoute les radios et lit les quotidiens et hebdomadaires locaux. Cette France-là a tout juste pu suivre un Président de la République sur le marché d’une ville qui a voté pour lui à 60%, et accessoirement auprès des enfants de l’école primaire de la Cluse-et-Mijoux.

L’évocation du 220e anniversaire de la disparition de Toussaint Louverture mort en 1803 au Fort de Joux, pourtant but du voyage présidentiel,  est passée à l’arrière-plan des médias mainstream. Ce jeudi 27 avril 2023, une trentaine de journalistes locaux patientent au soleil depuis le petit matin devant l’entrée du Château de Joux, interdits de franchir le premier pont-levis du château. Le chef de l’Etat arrive sans un regard pour les journalistes locaux ! En off, une partie de l’entourage du Président s’en étonne.

Ultime affront à celles et ceux qui font leur boulot de rendre compte de la vie quotidienne des francs comtois. Avant de quitter le fort de Joux, le Président de la République demande à sa voiture de venir se garer dans le tunnel d’accès au château, loin…bien loin des caméras, stylos et appareils photo ! Tout juste accordera-t-il un signe de la main à la mode Miss France. Ce n’est pas une colère de journalistes locaux, aigris de ne pas avoir pu serrer la main du Président de la République ou d’évoquer avec lui  l’aménagement de la RN57 ou des lignes ferroviaires. C’est la colère de la France « d’en bas » snobée par un chef de l’Etat qui n’a pas encore compris que la France existe au-delà du périphérique parisien.