« La mutation dans l’univers automobile est extrêmement rapide, c’est hallucinant, lâche la présidente de région en préambule. A l’orée de 2030, les entreprises automobiles françaises seront amenées à ne construire que des véhicules électriques. Cela entraîne des défis majeurs face auxquels les entreprises de la filière devront réagir. L’Etat et la Région se mobilisent donc afin de les accompagner dans cette transition qui, je le rappelle, se fait à très grande vitesse ».
Cette mobilisation repose à la fois sur le plan national pour l’automobile de l’Etat et sur la feuille de route automobile de la Région, adoptée le 26 janvier dernier. Ce plan auto se décline en trois piliers : la formation et l’emploi, à destination de tous les salariés de la filière, les territoires d’industrie qui permettent d’identifier de nouveaux projets industriels et enfin la Force d’Intervention Mutations Automobiles (FIMA) qui dresse un état des lieux précis et propose un accompagnement personnalisé.
Pour répondre à ces objectifs, des visites auront lieu au sein de toutes les industries du secteur automobile présents dans la région : « L’automobile fait partie intégrante de l’ADN de l’industrie régionale, ajoute Fabien Sudry. La filière compte plus de 350 établissements et près de 45 000 salariés, hors intérim. Cela représente 5.1% de l’emploi salarié régional, soit près du tiers de l’emploi industriel ». Un poids économique important qui nécessitait un déploiement de mesures importantes : « Nous allons visiter toutes les entreprises régionales du secteur automobile, soutient la président de région, sur une durée de 18 mois. Chaque entreprise est différente de par sa taille, sa spécificité et ses attentes. Nous allons finement étudier les besoins de chacune d’entre elles afin de les aider à passer ce cap rapide et nécessaire. Les moyens seront mis en adéquation des besoins ».
Un premier fond de 300 millions d’euros
Concrètement, un premier fond de 300 millions d’euros sera débloqué à l’échelle nationale et sera complété d’une enveloppe régionale, en fonction, une fois de plus, des nécessités industrielles. D’ores et déjà, 100 millions supplémentaires seront débloqués dans les territoires les plus touchés par les mutations de la filière dans le cadre du dispositif « chocs industriels », déjà déployé dans le Haut-Jura. Les salariés, quant à eux, pourront bénéficier du renforcement du dispositif Transitions collectives qui leur permettra de trouver une solution de reconversion si leur emploi est menacé.
Les chiffres clés
50% des sous-traitants automobiles en régions sont des PME (<250 salariés), 30% des ETI (de 250 à 6000 salariés) et des 20% des grandes entreprises
47% des sous-traitants automobiles sont localisés dans les départements du Doubs et du Territoire de Belfort
27% de ces entreprises sont déjà connues et suivies du FIMA
38 établissements sont déjà identifiés comme particulièrement exposés et seront visités en priorité dans les meilleurs délais
Pourquoi la société Baud à Sirod ?
« Nous avons fait le choix de cette entreprise car elle est un véritable fleuron de l’industrie automobile », concède Marie-Guite Dufay. Créée en 1978, l’entreprise a su rester, au fil des années, familiale et indépendante. Elle est aujourd’hui dirigée par trois frères : Lionel, Renald et Jean-Noël. Elle est une référence mondiale dans le décolletage et l’usinage de précision. Elle compte 5 Business Units (automobile, connectique, industrielle, domotique, luxe et connectique pour véhicules électriques), 8 sites de production (France, Suisse, Pologne et Tunisie) et 500 collaborateurs. L’automobile est le premier marché du site de Sirod (76% du CA) qui fournit les composants de cinq grandes familles de produits : injection diesel, injection essence, fasteners, braking pads, boîtes de vitesse. Le groupe souhaite aujourd’hui accélérer la transformation du site pour se positionner sur le marché de l’électrique. Un agrandissement considérable est prévu pour 2024, dans un souci d’amélioration des conditions de travail des salariés, avec la création d’une salle de sport de 50m2 et 350m2 d’espaces détente et de restauration.
Marie Rousselet