Faire son coming out est toujours une épreuve difficile, rongée par l’appréhension. Quelquefois, l’annonce fait suite à un rejet du jeune, rendu coupable par ses proches d’être finalement celui qu’il est. Ces jeunes ostracisés par leur famille ont alors notamment une option pour s’en sortir : se tourner vers la fondation Le Refuge.

 

6 places pour les héberger

Reconnue d’utilité publique, la fondation Le Refuge protège les jeunes LGBTQI+. Au niveau national, il sont 250 environ, âgés entre 14 et 25 ans, à être hébergés par la fondation. Parmi les 18 délégations réparties sur le territoire métropolitain, la délégation du Doubs, basée à Besançon, héberge actuellement des jeunes âgés de 19 à 23 ans. L’an dernier, c’est une dizaine de jeunes qui furent ainsi hébergés dans le Doubs – la délégation disposant alors d’un appartement de 4 places. Depuis novembre 2021, la capacité d’accueil a toutefois presque doublé, passant à 6 places.

« Souvent, ce sont des jeunes qui se retrouvent exclus de leur famille. Donc ce sont des jeunes à la rue. Ils viennent chez nous, on leur offre le logement, la nourriture. On a un partenariat en Franche-Comté avec la banque alimentaire. Ils sont nourris, logés et blanchis. Surtout, nous notre but, c’est de les accompagner pour une réinsertion professionnelle. On va les aider aussi dans leurs démarches administratives », explique Bruno Colard, délégué départemental pour le Doubs. Un accompagnement permettant aussi d’éviter l’isolement dans une période psychologiquement difficile. Avec cet accompagnement de qualité, le constat est sans appel : 60 à 70% des jeunes qui arrivent au Refuge repartent avec un logement et un emploi. Ainsi, Le Refuge permet d’éviter que ces jeunes sombrent dans une précarité à cause de leur orientation sexuelle. Le tout, en 2 mois et demi ou 3 mois – puisqu’il s’agit là de la durée moyenne d’hébergement au Refuge. Une durée de toute façon limitée à 6 mois (voire 7 mois en fonction des jeunes).

 

Parmi les 18 délégations réparties sur le territoire métropolitain, la délégation du Doubs, basée à Besançon, héberge actuellement des jeunes âgés de 19 à 23 ans.

La LGBTphobie, une réalité

Plus globalement, les permanences du Refuge permettent à tout un chacun d’échanger, de parler si besoin avec un interlocuteur. Venant de toute la France et choisissant souvent de se reconstruire loin de leur région d’origine, les jeunes rejetés par leur famille pour leur sexualité sont donc protégés au Refuge. Concernant La LGBTphobie, Bruno Colard constate qu’elle ne faiblit pas, même s’il remarque parallèlement que dans les zones urbaines, il existe moins de tabous que dans les zones rurales. « Dans toutes les populations qui osent venir taper à notre porte pour demander de l’aide, c’est souvent des gens issus de la ville et très peu de gens issus des milieux ruraux », note-t-il.

Pendant la crise sanitaire, les demandes furent plus nombreuses. L’hiver, le défi du Refuge est aussi plus grand pour éviter que des jeunes dorment dehors. « Au moment de l’hiver, le challenge, c’est d’en loger un maximum. Nous, à Besançon, on reste sur notre capacité initiale de 6. Dans les grandes villes, ils logent des jeunes à l’hôtel pour ne pas qu’ils soient à la rue. Pendant la crise sanitaire, il y a eu plus de demandes dans les villes donc effectivement, il y a certaines délégations qui ont doublé leur capacité. À la fin de la crise, ils ont fait le choix de garder les jeunes et ils ont pris des appartements supplémentaires pour pouvoir les garder », souligne Bruno Colard.

Les besoins en pédagogie sont toutefois encore nombreux, notamment pour la transidentité, encore relativement méconnue. Pour ce faire, Le Refuge intervient beaucoup en milieu scolaire pour sensibiliser les plus jeunes à la LGBTphobie. Bien qu’étant actuellement au ralenti, ces interventions en milieu scolaire devraient reprendre.

 

« Au moment de l’hiver, le challenge, c’est d’en loger un maximum », Bruno Colard.

 

Pour mener à bien ces missions d’accompagnement, une vingtaine de bénévoles se relayent pour la délégation du Doubs. Bruno Colard constate toutefois qu’il existe un véritable turn-over chez les bénévoles, notamment puisque certains sont étudiants. Ainsi, la fondation recherche activement des personnes prêtes à donner de leur temps pour échanger et accompagner des personnes rejetées à cause de leur orientation sexuelle. N’hésitez pas à les contacter !

 

Informations pratiques : Horaires d’ouverture du local (34, rue Ronchaux, 25000 Besançon) : les mercredis de 18h00 à 20h00 et les samedis de 14h00 à 16h00.