Marie-Pierre Cattet, présidente du Mouvement Associatif de Bourgogne Franche-Comté

Alors que les associations reprennent peu à peu leurs activités en cette rentrée, elle fait le point sur la situation dans la région de ces irremplaçables actrices du vivre ensemble dans les villes et villages.

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Pouvez-vous nous dresser un panorama de la vie associative régionale ?

On compte 62 500 associations actives en Bourgogne Franche-Comté. 90% fonctionnent uniquement avec des bénévoles qui sont au nombre de 570 000 dans la région. Et pour lever une idée reçue, notons une belle progression de l’engagement des jeunes, puisque 25% des moins de 25 ans sont bénévoles dans une association. Par ailleurs, d’autres associations ont des salariés, ils sont 76 120, ce qui représente 10% de l’emploi privé. Les associations sont donc des actrices économiques importantes notamment dans les territoires ruraux. D’autant plus que l’emploi associatif représente un emploi non délocalisable.

Lors d’une récente conférence, vous avez évoqué leur importance pour la démocratie. Votre avis sur le sujet ?

Nous le savons, les associations sont des espaces de vitalité et d’expérimentation démocratique sans égal. C’est là que les individus s’engagent et regagnent du pouvoir d’agir. Ils y trouvent tout à la fois un espace de construction de projets d’utilité sociale, un espace d’expression et un espace de réalisation personnelle.

On a coutume de dire que les associations sont l’école de la démocratie. En effet, ce sont des espaces d’apprentissage de compétences civiques et sociales. La prise de responsabilité collective, l’apprentissage du débat, de la prise de décision collective, de l’organisation, c’est dans les associations que ça se passe ! Des associations qui sont des espaces de liberté mais aussi des espaces de revendications. Nombre d’avancées sociales émanent de cette force collective de personnes qui se sont associées autour de cause commune, pour sensibiliser, pour faire reconnaître un droit, pour revendiquer une avancée.

Le bénévolat justement évolue-t-il depuis quelques années ?

Oui, nous notons des évolutions importantes dans les formes d’engagement. Aux côtés des bénévoles très actifs et parfois multi-engagés, nous rencontrons de plus en plus de personnes qui aspirent à un engagement ponctuel (pour donner un coup de main sur un événement par exemple) ou à engagement concret (être dans l’action). C’est ce qui fait que les associations ont parfois du mal à trouver des personnes prêtes à prendre des responsabilités et à participer à la vie de l’association (Assemblée générale, conseil d’administration, bureau…).

Ces nouveaux bénévoles ont aussi plus d’attente en retour de ce qu’ils apportent aux associations : de la reconnaissance, mais aussi un gain en compétences et de l’épanouissement personnel. C’est le but du Passeport Bénévole, un livret de valorisation d’un engagement associatif. Cet outil permet à tout bénévole de rendre compte de son parcours dans le milieu associatif. Sa principale utilité est de mettre des mots sur les activités réalisées par le bénévole au cours de sa mission pour identifier et attester les compétences qu’il a mises en œuvre et qui sont transposables dans un autre environnement. Grâce à cette attestation de compétences, le bénévole pourra faire valoir son expérience dans sa recherche d’un emploi ou d’une évolution professionnelle.

Qui sont les bénévoles d’aujourd’hui et quelle évolution prévoyez-vous ?

Les jeunes sont bien au rendez-vous on l’a dit et paradoxalement c’est du côté des retraités que nous constatons un léger retrait. La faute sans doute à la crise sanitaire qui leur a fait comprendre qu’ils donnaient peut-être trop de temps et qu’il fallait en garder pour eux. Ceux qui s’investissent toujours le font bien sûr avec enthousiasme mais donnent parfois aussi des signes de lassitude et aimeraient passer la main. Il faut être vigilant face à cette situation car 45% des dirigeants associatifs sont aujourd’hui des retraités.

Que faire face à ce constat ?

Les associations doivent anticiper la question essentielle du renouvellement des membres du bureau pour que les personnes n’aient pas le sentiment de s’engager par obligation et de le vivre comme une contrainte. On trouve plus facilement des petites mains que des personnes prêtes à prendre des responsabilités.

Les associations ont de plus en plus conscience que ce n’est pas un problème insurmontable et qu’il faut le prendre en main. L’exemple des associations de jeunesse peut être à regarder de près : dans leurs conseils d’administration, les personnes tournent tous les 3 ans donc elles ont le souci permanent de former et de faire monter les gens en compétences et en responsabilités. La gouvernance collégiale est également de plus en plus expérimentée. Bref, la vie démocratique de nos associations doit être en perpétuelle réflexion afin de les faire vivre et d’en assurer la pérennité.