Invité de la rédaction. Raymond Tournier, président de l’Union Départementale Fédérée pour Le Don de Sang Bénévole

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Quelle est la situation dans le département du Doubs ?

Nous sommes certes en dessous de la norme sécuritaire qui exige d’avoir une réserve de produits sanguins équivalente à 15 jours des besoins de l’EFS, mais la situation reste toutefois correcte d’autant plus que l’on sait qu’après la période de fête il y a une remontée du nombre de don. Mais il est évident que d’être toujours plus ou moins sur le fil nous oblige à relancer sans cesse nos appels à la mobilisation, ce que je fais d’ailleurs aujourd’hui encore !

Dans le Doubs, comment s’organise la collecte de sang ?

Il y a 42 amicales de donneurs de sang dans le Doubs qui reçoivent régulièrement des collectes mobiles dont on trouve les dates et lieux précis sur : www.dondesang.efs.sante.fr où il est possible de prendre rendez-vous, toutefois une personne qui se présente spontanément sans rendez-vous sera acceptée pour faire un don. Il est également possible de se rendre à l’établissement français du sang (EFS) à Besançon qui est ouvert toute la semaine près du CHU Minjoz. Chaque jour, 10 000 dons sont nécessaires en France, pour subvenir au besoin de sang pour soigner les malades. Parce qu’il n’existe pas de produit de substitution, le don de sang est indispensable !

Un rappel toujours utile. Qui peut donner ?

Toute personne âgée de 18 à 70 ans. Vous devez être en bonne santé et peser plus de 50 kilos. Il est alors possible de faire un don de sang total jusqu’à 6 fois par an pour les hommes et jusqu’à 4 fois par an pour les femmes. Il faut respecter le délai d’au moins 8 semaines entre chaque don. On note qu’en France ce sont les 20-24 ans qui sont les plus nombreux mais malheureusement pas les plus fidèles lors de nos collectes or cette fidélisation est essentielle. Au niveau national, le nombre est de 1,75 don en moyenne par personne par an, dans le Doubs nous faisons un peu mieux ici et il est encore possible de faire plus.

Comment faire pour convaincre d’effectuer ce geste que la plupart peuvent faire ?

Nous continuons à promouvoir le don mais déjà 96% de la population sait de quoi il s’agit. Et seulement 3,52% franchissent le pas au niveau national et 5,4 dans le Doubs donc il reste à œuvrer et à promouvoir le don, surtout en dédramatisant la peur de l’aiguille qui freine certains. Pourtant on peut mettre en avant le fait que donner son sang rendrait plus heureux car il s’agit d’un geste généreux qui sauve des vies. Il y a donc une réelle satisfaction après avoir participé.

Comment se passe concrètement un don ?

Généralement vous êtes accueillis par un membre de l’association et reçu par le personnel de l’EFS dont un médecin pour répondre à un questionnaire et savoir si votre situation actuelle permet de donner. Ensuite vous êtes confortablement installé pour le prélèvement qui dure au maximum dix minutes. Et enfin, il y aura un temps de surveillance durant lequel vous aurez droit à une collation. Je rappelle que c’est un geste désintéressé donc effectué gratuitement. Un règlement européen (SoHO : Substances of Human Origin) a été voté par les Etats Membres visant à renforcer le principe des dons volontaires et non rémunérés dans l’UE, pourtant, d’éventuelles indemnisations sont prévues. La Fédération Française pour le Don de Sang Bénévoles milite pour que le don reste gratuit, bénévole et non rémunéré.

Vous évoquez le plasma, c’est un sujet d’inquiétude ?

En France, concernant le don de sang nous sommes en autosuffisance ce qui n’est pas le cas pour le plasma. Le plasma, c’est la partie liquide du sang dans laquelle circulent les cellules sanguines : globules rouges, globules blancs et plaquettes. C’est un problème d’autant plus important que nous en avons besoin pour les soins contre le cancer et la production de certains médicaments. Or nous dépendons à 60% des Etats-Unis, où d’ailleurs les donneurs sont rémunérés et c’est un pays qui sur ce sujet aussi pourrait prôner le protectionnisme donc moins exporter. En 2024, en France 880000 litres de plasma ont été collectés. L’objectif est de passer à 1400000 litres dans les quatre années à venir. Ce don qui est possible tous les 15 jours donc plus fréquemment que le sang et c’est le groupe AB- qui est donneur universel. Mais à l’heure actuelle il est impossible à faire lors de collecte mobile et il faut se rendre dans une Maison du Don de l’EFS. Nous travaillons donc pour trouver des solutions comme la mise en place de navettes régulières en direction de Besançon.