Région. 26 % des rivières en bon état

L’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse dévoile tous les deux ans un bilan de l’état des eaux. En Bourgogne Franche-Comté, seulement 26 % des cours d’eaux en surface sont jugés en bon état écologique et 85% des eaux souterraines en bon état chimique. Un niveau qui s’améliore, même s’il reste beaucoup de travail.

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Source du Doubs. ©AdobeStock

Les différents acteurs liés à l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse (RMC) se sont réunis ce vendredi 8 novembre au siège bisontin pour dresser un bilan annuel de l’eau sur notre territoire. Au total, l’organisation suit 14 000 cours d’eau sur un territoire où vivent plus de 16 millions d’habitants. Si sur l’ensemble de cette zone géographique 48% des cours d’eaux en surface sont en bon état écologique, ils ne sont que 26% à en Bourgogne Franche-Comté. « On est proche de la moyenne européenne qui est d’environ 33 % », tempère Olivier Fontaine, responsable de la planification « Captage prioritaire » pour l’Agence de l’Eau. Le Massif Jurassien est davantage préservé, « grâce à une agriculture extensive même si le karst reste fragile qui demande une surveillance accrue », les zones situées entre Dijon et Chalon-sur-Saône et en Haute-Saône, sont plus dégradées.

Le ruisseau du Bénisse coule aujourd’hui sur un parcours « plus naturel » après des travaux de l’agence de l’Eau pour sa santé. Photo DR

Quatre nouveaux points de vigilance PFAS

C’est d’ailleurs sur ces secteurs que l’on retrouve quatre nouveaux points de vigilances répertoriés par l’agence de l’Eau après des analyses plus poussées sur les PFAS. Trois concernent des rivières et un se trouve en eau souterraine. Ces fameux « polluants éternels » presque impossibles à éliminer peuvent provoquer des problèmes de santé graves chez l’homme. « Cela peut-être dû à de la pollution d’origine industrielle, agricole avec les pesticides, une station d’épuration non conforme… Les services de l’État doivent déterminer cela pour que l’on puisse ensuite y répondre correctement. », poursuit Olivier Fontaine. « En Haute-Saône néanmoins, pour la rivière de la Gourgeonne, l’hypothèse s’oriente vers une autre explication. Elle est située sur une zone très rurale, sans impact industriel significatif ni aucune agglomération importante. On retrouve d’autres substances présentes dans les produits utilisés par les pompiers pour éteindre un incendie. »

Pour arriver à un tel niveau d’expertise, l’Agence de l’Eau réalise sur l’ensemble de sa zone d’intervention plus de 6,5 millions d’analyses chaque année, avec 1400 paramètres chimiques et biologiques définis pour un coût total de 10 millions d’€. Une précision qui ne cesse de s’accroître grâce à l’évolution technologique des outils de mesure : « On doit suivre 73 substances répertoriées et réglementées. Néanmoins on en relève plus de 700 dans les eaux de surfaces et 350 dans les eaux souterraines. », ajoute François Rollin. Ces produits hors du cadre réglementaire de l’agence n’ont donc pas de seuil maximal de concentration pour la santé humaine. L’impact toxique est également inconnu. « C’est impossible d’avoir une approche produit par produit parce que les origines sont multiples. », précise François Rollin, directeur de la délégation de l’Agence de l’Eau à Besançon.

« Les eaux plus saines avant ? Non »

Plus proche du Doubs, la qualité de l’Ognon est par exemple jugée « médiocre », le quatrième échelon (sur cinq) d’une classification établie par l’agence de l’Eau, basée sur dix critères européens. « Cela peut donner une vision pessimiste de l’eau sur notre territoire. Il suffit qu’un critère sur dix ne soit pas validé pour que le cours d’eau en question soit déclassé », précise Olivier Fontaine. « On relève donc plus de substances différentes ce qui peut aussi biaiser le jugement. Est-ce que cela signifie que les eaux étaient plus saines avant ? Non, nous ne savions juste pas mesurer la pollution comme aujourd’hui. », ajoute François Rollin. Une remise en perspective également soutenue par Nicolas Mourlon, directeur général de l’agence de l’Eau sur le bassin Rhône Méditerranée Corse qui souligne les progrès enregistrés par ses services : « la pollution organique des rivières a été divisée par 20 pour l’ammonium, par 10 pour le phosphore, par 5 pour la demande biochimique en oxygène, depuis 1990. » La toxicité́ due aux micropolluants organiques (hors pesticides, HAP, et PFOS) a également été divisée par 4 entre 2008 et 2023.

La reconquête des milieux, l’exemple avec Bénusse

Pour lutter contre cette pollution des eaux, l’agence du bassin RMC dépense chaque année 500 millions d’€ au travers de nombreuses actions et projets. Comme avec le ruisseau Bénusse, affluent du Doubs à Dannemarie-sur-Crête. Entre pression agricole locale, rejets des zones industrielles, les eaux pluviales de la route nationale, l’impact des eaux usées domestiques et l’altération du tracé du cours d’eau, le suivi a donné lieu à quatre actions financées pour un montant total de plus d’un million d’euros, dont près de 450 000 € provenant de l’agence de l’Eau. Après un reméandrage et l’assainissement, le suivi reste intense pour étudier les bénéfices d’un tel programme.

M.S