Pôle Viotte ou quand l’architecture du XXIème siècle fait face à celle de Vauban
Le grand navire accueille depuis peu environ 800 agents des services de l’Etat : l’Agence Régionale de Santé (ARS), la Direction Départementale des Territoires (DDT), la Directions Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF), la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL), la Direction départementale de l’Emploi, du Travail, des Solidarités et de la Protection des Populations (DDETSPP), l’Institut national de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) et le Secrétariat Général Commun Départemental (SGCD). L’amarrage du navire n’a pas été simple, la Sedia, maître d’ouvrage du pôle Viotte, a dû faire face à de nombreuses malfaçons et retards.
En inaugurant ces nouveaux locaux sur 18 000 m² répartis sur six étages, Amélie de Montchalin a salué « un bâtiment qui est l’incarnation de l’action de l’Etat que nous souhaitons ». Dans cette incarnation, la mutualisation de nombreux services est une véritable prouesse, tant les administrations sont jalouses de leurs prérogatives : logistique, parc de véhicules, restaurant, informatique…Pourtant, Jean-Pierre Lestoille, le Directeur régional de la DREAL en a vanté les mérites devant la ministre en lui présentant les portails informatiques à destination des professionnels et particuliers. Amélie de Montchalin qui a dans ses missions la simplification de l’Etat, a pu découvrir Paulo le « chat bot » qui oriente les usagers en fonction de leurs attentes. Plus question d’être renvoyé d’une administration ou d’un service à un autre !
Le restaurant inter-administrations sert déjà près de 300 repas/jour pour un coût unitaire allant de 2,50€ à 7€ (en tenant compte de la prise en charge de l’Etat). La directrice de l’établissement assure des approvisionnements locaux et de qualité. Mais ce sont aussi 300 repas/jour qui ne seront pas pris dans les bistrots, brasseries et restaurants de Besançon !
« C’est une organisation unique, un projet humain au-delà de la beauté des tuiles bleues de Bourgogne et de ces volets uniques au monde. C’est le gage d’un meilleur service rendu aux usagers » a conclu la ministre qui veut « partir des besoins des entreprises et des particuliers pour accompagner plutôt que produire de la norme ».
R.Bourgeois ou l’utilité de l’industrie dans l’économie réelle
Raymond-Nicolas et Olivier Bourgeois, la troisième génération d’une entreprise créée à Besançon en 1929, ont accueilli en fin de matinée Amélie de Montchalin. La ministre avait choisi un leader mondial dans la production des circuits magnétiques pour les industries du moteur électrique, bénéficiaire d’une enveloppe de 800 000€ dans le cadre du plan de relance et de « soutien aux investissements de modernisation de la filière automobile ». Premier employeur privé du bassin d’emploi de Besançon, R.Bourgeois est aussi fortement impliqué dans l’accueil des apprentis. La ministre, au cours de sa visite, a pu prendre conscience que l’industrie, c’est la passion de beaucoup de jeunes . L’entreprise reste, malgré sa taille, à capitaux essentiellement familiaux, avec une responsabilité sociale et environnementale affirmée.
La ferme des Collots ou le pari de l’élevage de vaches à viande
Amélie de Montchalin a terminé sa journée dans le Doubs à Saint Vit. Elle a été accueillie par Pascal Routhier, le maire de la commune et par Nicolas Girard qui a repris il y a un an l’exploitation d’élevage de son père. De formation ingénieur agronome, le jeune agriculteur ne craint pas de faire évoluer son cheptel de vaches laitières vers un troupeau de vaches allaitantes permettant l’élevage de veaux pour la production de viande.
Nicolas Girard a répondu à un appel à projets de l’Agence de l’Eau pour bénéficier d’un PSE (Paiements pour Services Environnementaux). Le dispositif expérimental mis en place par le ministère de la transition écologique, rémunère les agriculteurs pour les actions qu’ils mènent en faveur des écosystèmes dont la société tout entière tire des bénéfices (amélioration de la qualité de l’eau, stockage de carbone, protection des paysages et de la biodiversité…). Sur les 115 hectares de la ferme (l’une des deux dernières fermes de Saint Vit), il exploite 70ha en prairie et 50ha en luzerne, une plante légumineuse bien adaptée au changement climatique qui sert de complément alimentaire au fourrage.
Devant Daniel Prieur Président de la Chambre interdépartementale d’Agriculture Doubs-Territoire de Belfort et Philippe Monnet Président de la FDSEA 25, la ministre a évoqué ses origines « paysannes ». « On ne boxe pas dans la même catégorie » a ironisé Philippe Monnet « On ne peut pas comparer la surface des parcelles dans la Beauce avec celles du Doubs ». Daniel Prieur et les professionnels de la filière agricole comtoise n’ont pas manqué de rappeler à la ministre « l’importance de redonner de la valeur aux productions agricoles et de se méfier des effets de mode. La transition vers le bio n’est pas un miracle économique pour les agriculteurs ». La Franche-Comté est un territoire de polyculture où l’élevage laitier est important, une façon de souligner à Amélie de Montchalin l’écart entre la tonne de lait conventionnel (autour de 370€) et la tonne de lait à Comté (à 600€).
Après avoir bu une tasse de chocolat chaud préparé avec le lait de la ferme, la ministre, qui fut proche de Valérie Pécresse avant de rejoindre l’équipe d’Emmanuel Macron en 2016, a conclu sa visite par une phrase de bon sens « Bien manger est essentiel et on en fait vivre des gens ».
Jeune et pas trop « techno », Amélie de Montchalin a montré une grande capacité d’écoute lors de sa visite dans le Doubs, c’est assez rare pour le souligner.