Sur le parquet du Palais des Sports, c’est elle la meilleure. Plébiscitée par le public bisontin, comme dimanche 3 novembre face à Toulon où Suzanne Wajoka a reçu un nouveau titre de joueuse du match après 7 nouveaux buts à son actif. Une soirée où l’ailière a également reçu le trophée de joueuse du mois d’octobre. Les récompenses s’enchaînent au fil des performances devenues régulières avec comme point d’orgue cette sélection en Équipe de France il y a trois semaines, pour participer au rassemblement à Toulon. « J’avais une petite pression quand même », confie Suzanne Wajoka. « Les habituées m’ont rapidement mis à l’aise, elles connaissent ce sentiment de première sélection en équipe de France et j’ai retrouvé Clarisse Mairot et Florianne André (le trio évoluait ensemble en équipe de France jeunes, ndlr). Ce stage a été une expérience incroyable, rencontrer toutes ces grandes joueuses, découvrir les entraînements de la sélection, le niveau et l’intensité… À l’ESBF on travaille beaucoup l’aspect physique donc je suis aidée à ce niveau-là, mais l’équipe de France, ça reste un autre level ! On ressent quand même une différence importante. »
Un parcours déjà historique : avant Suzanne Wajoka, aucune autre joueuse originaire de Nouvelle-Calédonie n’avait reçu de convocation. Tout un symbole, au regard du chemin parcouru par l’ailière de 23 ans. Loin de ses proches après avoir quitté l’archipel pour la métropole dès 2016, elle rejoint d’abord Fleury-les-Aubrais, avec qui elle découvre la première division française et se retrouve sélectionné parmi les meilleurs espoirs de la Ligue Butagaz dès sa première saison avec les pros. Une rupture des ligaments croisés en 2021 freine brutalement cette ascension avant saison blanche (2022/2023) suite au dépôt de bilan du Fleury Loiret Handball.
En reconstruction, l’ESBF flaire le bon coup. Suzanne Wajoka débarque à Besançon sur la pointe des pieds. « J’étais un peu timide l’an passé, je découvrais tout et ça se ressentait peut-être sur le terrain », commente l’ailière. L’installation digérée, les performances sportives de la calédonienne suivent son épanouissement personnel au fil des semaines. L’arrivée de son petit ami, Cameron Wadenges, joueur de football évoluant avec le Racing Besançon et la rencontre d’autres kanak dans la région, renforcent cette stabilité. « Je commence à apprécier la ville, je m’épanouis toujours plus. Je suis plus exigeante avec moi-même, lucide sur le terrain. Cette année, il y a beaucoup de nouveauté, ça apporte une bonne fraîcheur. » Sur le terrain, les compteurs s’affolent : une moyenne de 5,4 buts par match en championnat après 5 rencontres (3,5 l’an dernier en 26 matchs, ndlr), de temps de jeu plus longs, des occasions transformées dans des moments cruciaux avec parfois des exploits personnels. Suzanne Wajoka change de dimension. De quoi donner à l’ailière l’envie de rêver plus grand.
À Toulon pour ce premier stage en Équipe de France, Suzanne Wajoka a dû patienter en tribunes lors des deux rencontres face à la Hongrie. « J’ai vécu un rêve éveillé mais j’avais tellement envie de jouer… Je vais tout faire pour porter ce maillot en match, le plus rapidement possible. Depuis que je suis arrivée en France, c’est ce que je veux le plus ! »