Besançon fête les 10 ans de son tramway !

128 ans après le lancement de la première ligne de tramway à Besançon, la capitale comtoise a fêté le weekend du 30 août 2024 le 10ème anniversaire de tramway de retour depuis 2014.

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les premières rames du tram bisontin le 30 août 2014 sur le pont Battant

19 rames, 14 km de rails relient les Hauts du Chazal à Chalezeule. Marie Zehaf, la vice-présidente de GBM se souvient que le financement initial des 225 millions d’euros nécessaires à la construction du tram, était subordonné à la desserte des quartiers prioritaires de la Ville. Depuis 10 ans, le quartier des 408 a disparu et Planoise va compter 1200 logements en moins dans le projet de rénovation urbaine.

40 000 passagers le 30 août 2014

Yann Chauvin, le directeur des mobilités à Grand Besançon Métropole le rappelle : « une ville est une matière vivante. Nous devons en permanence adapter l’offre de transports à l’évolution démographique des quartiers et aux besoins des nouveaux habitants ». Il cite en exemple l’accès à la gare Viotte dont la desserte n’était pas évidente. 10 ans après, la construction du pôle Viotte et ses 800 salariés démontre la pertinence du choix.

Un très long chantier au délai et au budget respectés

Les investissements publics sont souvent l’objet de deux critiques : le budget initial est largement dépassé et la durée des travaux souvent doublée. La construction du tram de Besançon a été exemplaire de ces deux points de vue. Le budget est passé de 225 M€ à 256 M€ et le tram a été inauguré en avance. Et ce malgré les rues éventrées par les tranchées, des arbres centenaires arrachés et les commerces désertés. Besançon « la belle endormie » sortait de décennies de léthargie !

1897-1952…2014-2024…et maintenant ?

L’actuelle DSP (Délégation de Service Public) arrive à son terme. Le nouveau délégataire sera connu d’ici l’automne. Kéolis n’a pas démérité : la qualité de service s’est améliorée, les horaires plutôt respectés, la filiale de la SNCF semble devoir être reconduite pour un nouveau contrat…à l’identique ? Selon Yann Chauvin, l’objectif est de maintenir le réseau existant en ajustant ici et là les adaptations nécessaires. Au crédit de l’actuelle DSP, le réseau Ginko a retrouvé la fréquentation de 2019 (pré-Covid), voire l’a dépassé.

Une proposition émise par Ludovic Fagaut en 2020, semble être reprise par l’exécutif de GBM concernant l’amélioration du cadencement du tram dans l’hyper-centre. « Le retournement à hauteur de Brûlard permet des rames supplémentaires. Mais il faut aller au-delà, en diminuer le nombre de bus sur cet axe et les réaffecter sur des zones où l’offre de services a été dégradée ». Le chef de file de l’opposition municipale se félicite que son idée soit reprise par les services de la ville.

Pour Marie Zehaf, son propos est quelque peu différent : « la politique de mobilités doit également mettre l’accent sur l’ensemble des solutions de transport, notamment dans la poursuite du développement du réseau de pistes cyclables ». Quant aux innovations, il faudra probablement attendre le nouvel exécutif de GBM en 2026 pour espérer des solutions globales, prenant en compte les trajets domicile-travail mais également une offre innovante de transports en commun pour les visiteurs et touristes de Besançon. L’accès de l’hyper-centre et de la Citadelle mériterait une réflexion plus globale.

Quelles autres mobilités sont à développer ? 

Les navettes électriques dans la Boucle, c’est un peu l’Arlésienne des TC à Besançon. Yann Chauvin n’y voit que des inconvénients (rupture de charges, pôles du transfert modal inadapté à la topographie, temps perdu…). L’association « Trottoirs libres », accompagnée par la FNAUT, Vélo Besançon et Alternatiba y voient « un hyper-centre soulagé des centaines de grands bus le traversant quotidiennement ». Le réaménagement et la végétalisation de certaines rues et places de Besançon, notamment dans le secteur République, pourraient intégrer une nouvelle offre de TC adaptée aux Zones de Rencontre (ZdR). L’association « Trottoirs libres » prêche à « désencombrer les rues, limiter les nuisances tout en garantissant un meilleure service pour les piétons à la marche difficile et un accès facilité aux commerces ».

Ludovic Fagaut partage totalement ce constat. « En 2020, nous souhaitions supprimer tous les bus thermiques à l’intérieur de la Boucle et installer des petites navettes électriques à arrêts aléatoires. Je constate que dans une ville qui se veut écologique, ce type de solutions soit balayé d’un revers de main par les services ! »

Le transport par câble pour accéder à la Citadelle

Dans l’évolution des mobilités dites « douces », le téléphérique urbain est maintenant une alternative crédible dans de nombreuses villes de moyenne importance. La citadelle de Grenoble, qui présente une topographie assez proche, est par exemple dotée d’un téléphérique depuis 1934. Plus de 200 000 personnes y montent toute l’année. Interrogés sur l’hypothèse d’un accès par câble à la Citadelle, Marie Zehaf et Yann Chauvin ne veulent pas y répondre « nous avons déjà étudié cette possibilité comme celle d’un ascenseur desservant le site depuis Tarragnoz…téléphérique, ascenseur ou escalators, un tel projet n’est pas à l’ordre du jour en particulier pour des raisons budgétaires… » 

L’avenir des mobilités sera au cœur de la prochaine échéance municipale en 2026. Entre attendant, les rames turquoise du tram de Besançon seront rallongées pour répondre à la demande aux heures de pointe, un nouveau terminus verra le jour au quartier Grette-Brulard pour améliorer le cadencement dans le centre-ville, le réseau de bus urbains est régulièrement modernisé…pour maintenir le réseau…en l’état !

Yves Quemeneur