Une année 2023 difficile ?
La grande consultation des entrepreneurs commandée par la CCI France auprès d’Opinion Way n’est pas enthousiasmant au mois de Janvier 2023.
L’inflation
52% des chefs d’entreprises ressentent les effets de la hausse des prix de l’énergie. Ils sont 35% à constater que cette inflation a des répercussions sur leur trésorerie. 22% ont dû adapter leurs process de production pour baisser la consommation. Augmenter les prix ou réduire les marges…aucune bonne solution !
L’investissement
81% des entrepreneurs n’envisagent pas investir à cette étape de l’année. Les 17% qui souhaitent investir en 2023 s’orientent vers la modernisation de l’outil de production, le développement de nouveaux produits et seulement 16% entendent se diversifier.
Alors que l’innovation devrait être le moteur principal de l’investissement, les entreprises tendent plutôt à se concentrer sur l’amélioration de l’existant…une façon de se protéger d’un avenir incertain !
Le poids des entreprises en Haute-Saône et Doubs
Les éléments fournis par la CCI Saône-Doubs sont éloquents dans deux départements fortement industrialisés (le Doubs concentre 19% de l’emploi salarié dans l’industrie) mais dont l’activité, historiquement portée par la filière automobile, est désormais fragilisée par la fin annoncée des moteurs thermiques…encore que nos voisins allemands ont convaincu la Commission Européenne de revoir une copie de transition énergétique « bâclée ».
Le Doubs comprend 24 000 établissements employant 109 000 salariés. L’industrie concentre 41% des effectifs (45 000 salariés). On en compte 38 000 dans les services et 26 000 salariés dans le commerce.
La Haute-Saône compte 9 500 établissements employant 34 000 salariés, dont 51% sont employés dans l’industrie, 25% dans le commerce et 24% dans les services.
A elle seule, la Communauté Urbaine de Grand Besançon concentre 45 853 salariés.
Focus sur le commerce lors de l’assemblée de la CCI du 27 mars
L’accent est mis sur la part du e-commerce qui atteint 12,5% et pénalise fortement la branche des magasins textiles. On compte sur les deux départements 597 magasins de la filière textile. Avec la période actuelle d’inflation, les commerçants craignent l’envolée des sites « 2ème main ». Au niveau national, ils représentent 33% de parts de marché et un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros (dont une partie peut échapper à la TVA –NDLR). 91% des français ont acheté en 2022 des produits de seconde main, en ligne ou en magasins.
A Besançon, les commerçants de centre-ville se plaignent du manque de parkings et de l’insécurité. A ces difficultés structurelles…et politiques, s’ajoutent 4 années de manifestations hebdomadairesdes Gilets Jaunes et deux années de restrictions sanitaires. Pour Serge Couësmes, élu de la CCI et président de l’Union des Commerçants de Besançon (UCB) « les problèmes ne se concentrent pas uniquement dans le centre-ville. Les magasins de périphérie sont également impactés ». Le patron de l’UCB souhaite que « l’on arrête de montrer du doigt le centre-ville de Besançon, au risque de faire fuir les clients ».
Bien entendu, le cas des Galeries Lafayette a été évoqué. Pour le vice-président de la CCI en charge du commerce « la procédure de sauvegarde des magasins GL détenus par le groupe Ohayon, permet d’envisager un avenir serein pour ce lieu emblématique de Besançon. Il faut attendre ! »
Christophe Grudler en Guest star de l’Assemblée de la CCI Saône-Doubs
En visio depuis Bruxelles, le député européen Modem a tenté de convaincre les entrepreneurs à force d’anglicismes. Pour beaucoup de chefs d’entreprises présents dans la salle « il a noyé le poisson ».
Sur la sortie du marché européen de l’énergie, Christophe Grudler « y travaille » avec ses collègues du parlement européen et la Commission Européenne. Jean-Luc Quivogne lui répond « nous n’avons pas besoin de réponses dans 6 mois, nous en avons besoin aujourd’hui dans nos négociations avec nos clients ».
S’agissant de la suppression des véhicules thermiques à compter de 2035, Christophe Grudler évoque la volonté des Allemands de reconsidérer l’accord « qu’ils avaient signé » précise-t-il. Pour autant, il évacue le sujet en parlant de TW (1 milliard de Kilo watt heure) et l’impossibilité d’équiper l’ensemble du territoire européen de bornes de recharge.
Pour certains participants, la solution réside dans la relance volontaire de la filière nucléaire dont la France a été pionnière et dont les Allemands (pour des raisons électorales) ont voulu nous priver.
Profitant de la conclusion qui lui était offerte, Jean-François Colombet le Préfet du Doubs, a félicité les élus de la chambre consulaire de leur énergie et leur dynamisme (ça ne mange pas de pain – NDLR). Il a surtout évoqué l’avenir de la filière automobile. « Stellantis est aujourd’hui un groupe mondial qui pourrait s’interroger sur le maintien d’une activité industrielle en France…Nous devons être très attentifs ». Le préfet souligne également la fragilité du secteur Hôtellerie-Restauration dans le Doubs. « Un nombre significatif d’entreprises rencontrent des difficultés à rembourser leur PGE (Prêts Garantis par l’Etat) ».
Au terme d’une année de fusion des deux chambres consulaires, la réussite est au rendez-vous. « La CCI Saône-Doubs a le pouvoir de vous accompagner » a conclu Jean-Luc Quivogne.