Les élections législatives ont malheureusement suscité l’intérêt que l’on attendait : l’abstention a une nouvelle fois atteint un record historique avec 52,3%, cinq ans après un taux légèrement plus faible. Un désaveux surtout auprès des jeunes : chez les 18-24 ans, l’abstention atteint 69% tandis que pour la tranche des 25-34 ans elle culmine à 71% ! Des chiffres qui ont provoqué la stupéfaction d’un camp, NUPES, dont la base électorale reste relativement plus jeune. Certaines figures du regroupement de la gauche ont même reproché aux jeunes de ne pas se déplacer.
Encore faut-il comprendre pourquoi on vote. Une grande partie de cette jeunesse française a lâché la politique après avoir été d’abord lâchée par ces derniers. Difficile de s’intéresser à l’avenir d’un pays quand on ne connaît pas le rôle de son député, son nom ou son visage. Quand on laisse croire à cette tranche de la population que leur voix seule ne changera rien à une élection. C’est pourtant ce qu’il s’est produit dans la 5e circonscription du Nord : avec 12.213 voix (24,98 % des votants), la candidate de la Nupes et issue de la France insoumise Ophélie Delneste, devance son adversaire du RN, Victor Catteau… de deux voix, au 1er tour.
Une certaine impunité politique des dernières années accentue la distance entre la jeunesse et les dirigeants du pays. Avons-nous eu un seul débat télévisé national réunissant plusieurs politiques de tous bords sans qu’aucun ne soit cité, condamné ou mis en examen dans une affaire ?
Cette abstention est aussi le résultat d’une majorité qui a voulu enjamber des élections législatives habituellement acquises après les élections présidentielles. Bénéfique pour Emmanuel Macron puisque son électorat est beaucoup plus âgé. Malgré cela, la majorité présidentielle au gouvernement ne sera que relative, au mieux.
L’abstention est d’abord une forme de protestation, contre un système qu’elle conforte paradoxalement. Car l’abstention c’est aussi se taire et laisser faire.
Martin Saussard
