Coût de la rentrée scolaire 2022

L’inflation, les transports scolaires, le prix de la cantine… la rentrée 2022 fait tanguer le budget des ménages malgré la prime inflation et l’allocation de rentrée scolaire.

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L'école de la Butte à Besançon - photo Grand Besançon
Un coût en hausse de 4,25% par rapport à 2021

Le 16 août, l’association « Familles de France » a publié son enquête annuelle sur le coût de la rentrée scolaire. La somme moyenne dépensée en papeterie, fournitures et articles de sport est de 208,12€ pour un enfant rentrant au collège. Selon l’association, c’est une hausse de 4,25% par rapport à 2021.

Une enquête méthodique

« Familles de France » réalise cette enquête depuis 38 ans. Elle s’appuie sur un réseau de plus de 100 bénévoles relevant depuis juillet plus de 4000 prix dans 25 départements. En 2022, les 96 enquêtes locales ont porté sur 24 magasins spécialisés, 37 supermarchés, 35 hypermarchés et 7 enseignes de e-commerce.

La liste comprend 45 références scolaires : 17 fournitures de papeterie, 25 fournitures d’équipement, et 3 articles de sport. Selon « Familles de France », le coût moyen de 208,12€ se répartit de la manière suivante : 49,59€ pour la papeterie (23,8%), 103,34€ pour les fournitures scolaires (49,7%) et 55,19€ pour les articles de sport (26,5%).

Information notable, le coût de la papeterie est en moyenne moins élevé dans les magasins spécialisés (47,16€) que dans les grandes surfaces (50,60€).

L’allocation de rentrée scolaire est-elle suffisante ?

Pour « Familles de France », la revalorisation de 4% de l’allocation de rentrée scolaire n’est pas suffisante, considérant l’inflation supérieure à 6% sur un an.

Dans la réalité, l’augmentation de l’ARS, en deux temps, compense quasiment l’inflation. En avril dernier, l’allocation de rentrée scolaire a été revalorisée de 1,8% à laquelle s’ajoute l’augmentation de 4% liée à la loi en faveur du pouvoir d’achat.

Cette allocation, sous conditions de ressources, est versée aux allocataires de la CAF selon l’âge des enfants. Elle est de 392,05€ pour chaque enfant âgé de 6 à 10 ans, de 413,69€ pour les enfants âgés de 11 à 14 ans et de 428,02€ pour ceux âgés de 15 à 18 ans.

Pour les enfants pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance (sur décision de justice), les parents ne perçoivent pas l’allocation de rentrée scolaire. Celle-ci est versée sur un compte bloqué au nom de l’enfant qu’il percevra à sa majorité. Un pécule qui peut atteindre plus de 5 000€ à la majorité d’enfants « cabossés » par la vie. Quel sera le suivi dans l’utilisation de ce pécule ? Le conseil départemental prenant en charge les dépenses scolaires des enfants en famille d’accueil, on peut s’étonner d’une double dépense publique !

Gratuité du transport scolaire

Le sujet est récurrent. C’est le conseil régional qui prend en charge le transport scolaire à l’exception des enfants résidant dans les agglomérations de Besançon, Montbéliard et Pontarlier. Les élus communistes de Grand Besançon voudraient que la capitale comtoise prenne en charge l’intégralité du transport scolaire. Ils mettent en avant l’iniquité de traitement entre des élèves. Pour les élèves inscrits dans les collèges ou lycées de l’agglomération et résidant hors périmètre de Grand Besançon Métropole, le transport est gratuit. Ceux résidant à Grand Besançon Métropole sont, quant à eux, soumis aux abonnements Ginko (180€ pour l’année).

Marie Zehaf, la vice-présidente de GBM en charge des transports, s’oppose à la gratuité pour plusieurs raisons. La contrainte budgétaire : « le budget transports de Grand Besançon est de 67 millions d’euros. Il est alimenté par la vente des titres de transport (12 M€), par le versement transport des entreprises (33 M€) et par une subvention d’équilibre du budget général de l’agglomération ». L’élue met également en avant la nécessaire modernisation du parc de bus « un bus électrique coûte 600 000€, soit le double d’un bus thermique ». L’autre raison a trait à l’usage des abonnements Ginko 4/17. Contrairement au transport scolaire pris en charge par la région, les enfants de l’agglomération bisontine peuvent utiliser le réseau Ginko de manière illimitée toute l’année. Les opposants à la gratuité du transport scolaire à Besançon considèrent enfin que « rien n’est gratuit. Ce qui n’est pas payé par l’usager est payé par le contribuable…et inversement. Ça sort toujours de la même poche ! »

La cantine…parfois le seul « vrai » repas de la journée

Dans les cantines scolaires, le coût moyen d’un repas est de l’ordre de 8€ (2€ pour les produits alimentaires, 1€ pour le fonctionnement de la cantine, 3€ de frais de personnel et 2€ pour l’amortissement des installations).

Le tarif des cantines ne couvre donc pas le coût du repas. Dans les écoles primaires, la gestion des cantines est du ressort des communes. Pour exemple à Besançon qui opère avec une cuisine centrale en régie, le prix va de 1,50€ à 6€ selon le quotient familial. A Montbéliard, le tarif oscille entre 1,93€ et 6,71€ par enfant. A Pontarlier, le repas va de 3,31€ à 6,16€ selon le quotient familial.

Le constat que certains enfants n’ont que la cantine comme seul vrai repas interroge par ailleurs sur l’utilisation des allocations familiales… !

Les étudiants sont oubliés selon l’UNEF

L’enquête du syndicat étudiant relatif à l’année 2022-2023 pointe une augmentation du coût de la vie étudiante de 6,47%. Pour l’UNEF cette hausse représente un budget supplémentaire estimé à 428,22€, insupportable pour de nombreux étudiants. Le syndicat met en cause l’augmentation des loyers, la hausse de la restauration universitaire et une revalorisation insuffisante des bourses.

La rentrée scolaire met chaque année en exergue les insuffisances et les excès de notre système social. En matière éducative, la redistribution n’atteint pas son objectif essentiel : permettre aux parents de participer à l’éducation et à l’épanouissement de leurs enfants. Garantir la responsabilité et la liberté  individuelles des parents dans l’usage des allocations (allocations familiales, ARS, bourses…) ne doit pas priver la collectivité d’en contrôler l’utilisation.

Yves Quemeneur