Rima Hassan bouscule les élections européennes

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Elle est la nouvelle porte-parole de la cause palestinienne en France. Rima Hassan, 32 ans, née dans un camp de réfugiés en Syrie et française depuis 2010, débarque dans le débat public tel un retour de boomerang au visage de l’Occident. Son parcours vie construit au fil de l’immobilisme international autour du conflit israélo-palestinien inspire les uns, enrage les autres. Si la juriste écume les plateaux TV et conférence depuis plus d’un an, son coup d’éclat retentissant survient sur le plateau de l’émission « C ce soir ». La jeune femme avait interpellé des universitaires reconnus ou invités habitués de la rhétorique avec une question : « au nom de quoi ne pourrais-je pas revenir dans le village de mes grands-parents ? », demandait la petite-fille de palestiniens chassés de leur terre à la création d’Israël en 1948. Avant d’enchaîner avec des mots rares pour l’époque, comme celui d’apartheid pour définir le régime d’oppression vécu par les palestiniens. Une position qui a coûté cher. Rima Hassan a dû fuir la France un temps car menacée de mort après deux interviews, suite de l’attaque du Hamas. L’Oréal, avec qui la jeune femme collaborait pour l’insertion de jeunes réfugiés, a tout arrêté. Après l’avoir classée parmi « les quarante femmes d’exception qui ont marqué l’année 2023 », le magazine Forbes a annulé sa cérémonie de remise de prix quand les attaques publiques s’intensifient. En janvier, un média en ligne poste la vidéo d’une bande-annonce d’un futur échange avec Rima Hassan, finalement jamais diffusé. Sur ces 5 secondes de séquence la jeune femme répond à la question « Le Hamas est-il un mouvement de libération ? » par un « Vrai ». Tous ses détracteurs s’accrochent aujourd’hui à cet extrait pour qualifier la militante d’antisémite pro-Hamas légitimant les attaques du 7 octobre. Une manière aussi de masquer leur réelle crainte : Rima Hassan joue désormais le même jeu qu’eux et investit le champ politique. De retour, la juriste est désormais candidate aux élections européennes pour la France Insoumise après avoir recalé les écologistes. Une immense prise pour le parti qui l’a placée en 7e position et fait du conflit Israélo-palestinien un enjeu majeur de la campagne. Un pari aussi, effaçant par la même occasion toute une partie d’électeurs d’abord concentrés sur les sujets agricoles ou économiques, plus « européens ».

M.S