Vous avez deux tournées différentes. Celle-ci est spécifiquement réservée aux églises et cathédrales avec un chœur gospel pour vous accompagner. Pour quelle(s) raison(s) ?
Tout est lié à mon enfance ! Je vivais à la frontière Suisse où les 45 tours de chanteurs américains étaient accessibles. J’écoutais Ray Charles, j’étais fan d’Elvis Presley. Lui était évangéliste et chantait du gospel. À l’époque, c’était même le premier homme blanc à chanter et à danser comme la population noire : ça faisait scandale ! Je chantais du gospel à 15 ans, même si en France, ça restait un pari risqué. Ce style vient du negro-spiritual : tous les textes sont inspirés du Nouveau Testament et on ne s’adresse qu’à Jésus, la voix vivante de Dieu. Personnellement, je suis catholique et ce qui m’intéresse avant tout, c’est l’harmonisation et la beauté de la musique.
Quelle(s) différence(s) y a-t-il avec un concert classique ?
C’est un rendez-vous où je chante en français et en anglais. Je reprends beaucoup de mes morceaux comme Mammy Blue, Il est mort le Soleil, Quand on n’a que l’amour, etc. Je ne chante pas n’importe quoi, le gospel demande une certaine rigueur dans le choix des musiques. Musicalement, c’est très intéressant pour moi et pour le public avec qui j’aime communiquer.
Vous aurez 81 ans le jour de votre venue à Besançon et vous fêterez vos 60 ans de carrière en 2026. Qu’est-ce qui vous anime après tout ce temps ?
Je suis en pleine forme et j’ai toujours le désir de faire ce métier ! Le désir est la base de tout, sans lui on ne fait rien et si je ne fais rien je m’ennuie. J’aime aller à la rencontre des gens. C’est merveilleux de chanter, face à un public, on veut toujours lui donner le meilleur, ce qu’il attend de nous. C’est aussi simple que cela. En recevant des « bravos », des « mercis », cela procure énormément d’émotions, un sentiment de bien-être. Je suis encore étonnée de voir le public se lever et reprendre les chansons à tue-tête. C’est touchant, j’en suis presque gênée !
Vous avez 40 concerts complets sur la tournée 2024 – 2025… après tout ce temps, le public est toujours là…
En France, on a un excellent public ! J’ai beaucoup de chance. Quand on fait une longue carrière, après 20 ou 30 ans on stagne, les gens changent, d’autres évoluent vers d’autres styles. Il faut perpétuellement attirer l’œil de nouvelles personnes !
Les reprises ont rythmé toute votre carrière, de Ray Charles au duo Bon Entendeur qui a remixé Fio Maravilha pour le transformer en tube de l’été 2024. Comment vivez-vous cette appropriation de vos morceaux ?
Bon Entendeur a tellement bien travaillé ! C’est de la techno qui n’est pas abrutissante, ils n’ont pas dénaturé le morceau que j’ai moi-même repris ! Cette chanson, je l’ai ramenée de Rio de Janeiro où son créateur Jorge Ben Jor me l’avait jouée dans sa loge. J’étais touchée et il me l’a gracieusement donnée. Ma maison de disques ne voulait pas la sortir, ce n’était pas la mode, « trop brésilien », « pas assez populaire », disaient-ils. Dès sa sortie les radios ont sauté dessus ! Les garçons de Bon Entendeur sont adorables, ils m’ont invitée à leur concert, présentée à leur public. Ça m’étonne à chaque fois de voir les jeunes générations reprendre mes morceaux ! Ça m’a beaucoup flattée et ça confirme que j’avais du goût à l’époque malgré les risques pris (rires) !
Qu’est-ce qu’il vous manque aujourd’hui dans la musique ?
Il y a tellement de choses que j’ai pu faire qu’aujourd’hui, je veux simplement en profiter le plus longtemps possible !
Quel regard portez-vous sur la musique aujourd’hui ?
La variété française est dotée d’un nombre colossal d’artistes avec un énorme talent. Alors oui certains se glorifient d’avoir un style, des connotations spéciales… mouais. En réalité, nous faisons tous de la variété, on varie nos plaisirs et c’est très bien pour le public qui découvre nos multiples facettes !
Doit-on s’attendre à un moment spécial au cours de ce concert anniversaire à Besançon ?
L’an passé, le public m’avait chanté « Joyeux Anniversaire » sans que rien ne soit organisé alors peut-être (rires) !
Informations pratiques : Concert de Nicoletta & le chœur Gospel, vendredi 11 avril 2025 à 20h. Lieux : L’Église Saint-Louis, 28 avenue de Montrapon, 25000, Besançon. Prix adulte : à partir de 42 €. Réservations en ligne sur https://www.seetickets.com ou dans les points de vente FNAC.