Une injustice, c’est ainsi que les membres de l’association Seniors Doubs central vivent la disparition annoncée de leur service. Créé il y a 25 ans pour coordonner les actions en faveur des plus de 65 ans et favoriser leur maintien à domicile, Le réseau Seniors Doubs central cessera ses activités à la fin de l’année. Gilbert Marboeuf, président de l’association depuis 2019, se montre inquiet : « Je ne sais pas pour combien de temps, mais il ne fera pas beau d’être âgé sur le Doubs-central », confie-t-il.
Un abandon progressif
Ce n’est plus un secret, les collectivités territoriales donnent moins de crédits aux associations locales, contraintes par les restrictions budgétaires de l’État. L’un des piliers financiers du réseau était l’ARS Bourgogne Franche-Comté, qui finançait jusqu’alors le volet paramédical de l’association. Il y a deux ans, en raison de la réorganisation des politiques de l’État en matière de santé publique, l’agence a cessé de financer cette activité. En 2022, débordée par l’afflux de demandes auprès de leur assistante sociale, ainsi que par l’élargissement de leur zone d’intervention, l’association recrute une deuxième salariée : « Nous l’avons payée avec nos fonds propres pendant deux ans, car le département a refusé de nous subventionner. Nos fonds sont maintenant épuisés », précise le président. En fin d’année dernière, le conseil départemental a acté la disparition programmée du réseau à cette fin d’année 2025, transférant ses missions à d’autres structures comme les centres médico-sociaux, le centre communal d’action sociale ou les Maisons France Services. « Les CMS et les CCAS sont déjà saturés dans le Doubs central, ils n’arriveront pas à accueillir tout le monde et encore moins à proposer la qualité de nos services », dénonce-t-il.
800 seniors à accompagner
Installée dans leurs locaux au centre-ville de Baume-les-Dames, l’association assure un suivi quotidien auprès de 800 personnes âgées de plus de 65 ans sur un territoire de 126 communes. Environ 65 % d’entre elles sont âgées de plus de 80 ans. Certains élus du territoire s’inquiètent, à l’image du maire de Baume-les-Dames, Arnaud Marthey, qui aurait « interpellé les élus départementaux, sans obtenir de réponse », selon Gilbert Marboeuf. Celui-ci a appelé à réinventer de nouvelles formes de solidarité pour pallier le vide que la disparition du service laissera sur le territoire. À sa création, le réseau avait pour objectif de lutter contre l’isolement des personnes âgées, notamment dans les zones rurales. Présente sur le terrain, l’association a aussi rythmé la vie locale grâce à des animations régulières et des actions de prévention. En 2024, 73 % des entretiens étaient réalisés au domicile des personnes. Les salariés redoutent que, sans alternative, de nombreux seniors se retrouvent isolés et sans accompagnement adapté : « Si aucune alternative n’est trouvée à temps, nous pourrions obtenir des crédits pour prolonger l’activité temporairement », ajoute-t-il.
De son côté, le président d’association continue d’agir. Il prévoit d’alerter par courrier les présidents des trois communautés de communes du secteur, ainsi que celui du PETR du Doubs central. Une page se tourne : « Restera le souvenir d’une aventure humaine riche, de personnes dont le travail a, sans nul doute, amélioré et marqué de façon durable la vie de nombreux seniors », conclut-il.
