Valdahon. Le bénévolat fait son cinéma

Géré de manière collégiale depuis 2024, le Ciné Pax de Valdahon prépare la 36e édition de son Festival du film. S’appuyant sur 80 bénévoles, l’établissement est entièrement indépendant et détonne.

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Pascal Longin, Chantal Devillers et Karine Raspaud
Pascal Longin, Chantal Devillers et Karine Raspaud, font partie de la collégiale qui dirige le Ciné Pax de Valdahon.

Sur la devanture du bâtiment, les énormes lettres bleues en capitales « CINÉ PAX » donnent un effet rétro au cinéma valdahonnais. À l’intérieur pourtant, l’entrée flambant neuve surprend plus d’un visiteur. La rénovation des murs date de dix ans et grâce au travail des bénévoles de l’association La Vaillante, propriétaire et gestionnaire du Ciné Pax, rien n’a changé en apparence. Le mode de gouvernance, lui, n’est pourtant plus le même depuis 2024 : dix adhérents forment désormais une collégiale et prennent ensemble chaque décision. En pénétrant dans la salle de 241 places, le revêtement acoustique accroché aux murs, de couleur jaune, orange et marron, rappelle toutefois l’histoire du cinéma de Valdahon, créé il y a près de soixante-dix ans. « On ne l’a jamais changé, ça fait parfois débat pendant la diffusion, mais le cachet est sympa », sourit Chantal Devillers, secrétaire de l’association depuis une petite dizaine d’années. Comme elle, les petites mains qui œuvrent au bon fonctionnement du « Pax », le font gracieusement. Le cinéma ne compte aucun salarié. Une chose rare, voire unique dans le Doubs.

Karine gère la partie « caisses », Pascal est le référent scolaire, Claude s’occupe des petits travaux du quotidien « parce qu’il y a toujours à faire », … Au total, 80 bénévoles œuvrent au bon fonctionnement du cinéma, du vendeur de bonbons au projectionniste. « Beaucoup aiment le cinéma mais à ma connaissance il n’y a pas de cinéphile… » confie Chantal Devillers. « C’est vraiment l’investissement associatif, le lien social et le projet de gestion d’un cinéma qui motive tout le monde ! ».

« 15 000 entrées, c’est une bonne année »

À raison de six séances par semaine l’hiver et quatre en été, le Ciné Pax a enregistré environ 17 000 entrées en 2024. Plusieurs autres initiatives permettent de faire venir du monde : les séances scolaires, celles avec l’ADMR une fois par mois ou encore l’opération « ciné-smile », qui propose cinq fois par an une projection adaptée aux personnes présentant des troubles du comportement. Le tarif, lui, oscille entre 5€ et 7€. Raisonnable pour le public, essentiel pour les bénévoles. « On récupère seulement 42 % du prix pour faire fonctionner le cinéma », souligne Pascal Longin. « 2024 a été une bonne année mais cette année, il faudrait l’arrivée d’un bon film… », poursuit Chantal Devillers, précisant que les block-busters sont à l’affiche du Ciné Pax « trois semaines après leur sortie ». « Mais nous avons parfois des avant-premières ! On a même accueilli Louise Courvoisier pour présenter son film Vingt-Dieux, bien avant son succès. On a cartonné avec sa diffusion, les gens faisaient la queue pour le voir. »

Avec le coup d’envoi de la 36e édition Festival du film, organisée par le Ciné Pax du 20 octobre au 2 novembre, La Vaillante espère booster sa fin d’année. Son événement phare mobilise tous les bénévoles. Quinze films, vingt-quatre projections et une tombola pour remporter trois cartes d’abonnement de cinq places. À l’affiche, on retrouve certains films d’auteur comme Robe rose et Chocolat de Johan Bosserdet, retraçant l’exil de Marie-Thérèse Boiteux en Suisse durant la Seconde Guerre mondiale. Cette dernière sera présente à Valdahon le mardi 21 octobre.

La programmation comporte aussi des films nationaux comme Nino, Bad Guys 2 avec Pierre Niney ou encore Un simple accident de Jafar Panahi qui a obtenu la Palme d’Or au Festival de Cannes. Des succès internationaux seront également projetés comme Une bataille après l’autre dont le scénario avec Leonardo Di Caprio est devenu un vrai sujet de société aux États-Unis.

M.S