Besançon. Lutte contre les violences faites aux femmes : le Doubs signe un troisième plan départemental

Le mardi 25 novembre, Rémi Bastille, le préfet du Doubs, et Christine Bouquin, Présidente du Conseil départemental, ont signé avec tous les partenaires, ce 3ème plan dans les locaux du collège Proudhon de Besançon. Cinq nouveaux signataires sont engagés sur la période 2026-2028. Cette signature s’inscrit dans la poursuite du Grenelle des violences conjugales tenu en septembre 2019.

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Le préfet du Doubs, Rémi Bastille, la présidente du Département, Christine Bouquin, et différents partenaires
Le préfet du Doubs, Rémi Bastille, la présidente du Département, Christine Bouquin, et différents partenaires ont signé le troisième plan départemental de lutte contre les violences faites aux femmes ©YQ

À l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, qui s’est tenue le 25 novembre dernier, un troisième plan départemental sur ce sujet a été signé par Rémi Bastille, le préfet du Doubs, Christine Bouquin, présidente du Conseil départemental et tous les partenaires associés, dans les locaux du collège Proudhon de Besançon. Ce combat s’intègre dans la poursuite du Grenelle des violences conjugales tenu en septembre 2019. Depuis cette date, il a contribué à réunir tous les acteurs au plan national comme au niveau local, afin de formuler des propositions d’amélioration de la prise en charge des femmes victimes et de suivi des auteurs.

Les violences conjugales prennent de multiples formes : administratives (soustraction de papiers d’identité, livret de famille…), économiques (contrôle des dépenses, des moyens de paiement, interdiction de travailler…), sexuelles (actes ou pratiques sexuelles imposés ou viols), verbales (injures, menaces, dévalorisation…), psychologiques (humiliation, harcèlement, interdiction de fréquenter d’autres personnes…), physiques (coups, brûlures, séquestration…).

Un troisième plan avec cinq nouveaux partenaires

Deux premiers plans départementaux ont été signés dans le Doubs en 2020 et 2023. Ils ont permis de sensibiliser les jeunes et les collégiens à l’égalité filles / garçons, à la prévention des violences aux femmes et une meilleure éducation à la vie affective et sexuelle. Chaque année, 8 000 élèves y ont été sensibilisés par les associations. Les collectivités locales se sont investies à travers les conseils de sécurité et de prévention de la délinquance et le développement de l’action spécifique « Où est Angela », ce dernier dispositif a été mis en place au sein de l’Université Marie & Louis Pasteur.

Ce troisième plan départemental de lutte contre les violences faites aux femmes vise à conforter les moyens et dispositifs issus des deux premiers plans, tout en développant de nouvelles actions grâce à l’engagement de cinq nouveaux signataires : Rectorat du Doubs, la Ville de Montbéliard, l’association des Maires du Doubs, l’association des Maires ruraux du Doubs et la Caisse d’Allocations familiales. Ce troisième plan engage les signataires sur la période 2026-2028.

Hélène Isabey, référente du collège Proudhon pour l’égalité filles/garçons a été saluée pour son travail en faveur de l’égalité des sexes. Samuel Rouzet, Directeur académique des services de l’Éducation nationale lui a remis la « labellisation Égalité de niveau 3 ».

Samuel Rouzet, Directeur académique des services de l’Éducation nationale, a remis à Hélène Isabey, référente du collège Proudhon pour l’égalité filles/garçons, la « labellisation Égalité de niveau 3 ». ©YQ

1 880 plaintes en 2024 dans le Doubs

Le préfet Rémi Bastille a rappelé quelques chiffres. Au plan national en 2024, on a recensé 272 400 victimes de violences. 84% sont des femmes. Plus dramatique au regard de ces chiffres, seule une victime sur 6 porte plainte. Au plan local, 1 880 femmes ont porté plainte dans les services de police et de gendarmerie dans le Doubs en 2024 (contre 1 086 en 2018). Les victimes se trouvent dans toutes les strates de la population et de plus en plus en zone rurale comme l’a souligné la colonelle Élodie Montet, commandant de la gendarmerie du Doubs.

En 2024, Solidarité femmes 25 a enregistré 2 110 appels de femmes victimes de violences conjugales. 1 288 victimes ont été reçues par les intervenants sociaux au sein des services de police et de gendarmerie et plus de 3 000 victimes ont été accompagnées par l’association France Victimes 25 et Nord Franche-Comté. En matière d’hébergement d’urgence, la Caisse d’Allocations Familiales du Doubs, nouveau partenaire du 3ème plan de lutte contre la violence faite aux femmes, a mis l’accent sur « l’aide financière d’urgence permettant de faciliter le départ du domicile pour la victime ».

40 Téléphones Grave Danger sont disponibles au Tribunal judiciaire de Besançon et 20 dans celui de Montbéliard. 32 personnes sont suivies avec des bracelets anti-rapprochement depuis 2020. 20 Ordonnances de Protection (OP) ont été attribuées sur les juridictions de Besançon et Montbéliard.

Au 25 novembre, le collectif #NousToutes recense 152 féminicides depuis le début de l’année 2025. Quatre ont eu lieu en une seule journée, le 20 novembre dernier, dont un à Besançon (voir notre article en page région).

Le 25 novembre, une journée de mobilisation dans le Doubs

À l’occasion de la 26e journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, plusieurs associations ont organisé différentes actions. Solidarité Femmes Besançon a notamment organisé un rassemblement sur l’Esplanade des Droits de l’Homme le 22 novembre. Des projections de films, documentaires, des conférences et colloques se sont également tenus sur plusieurs jours. Une exposition sur les droits des femmes et égalité de genre “Ad-elle-phité”, proposée par Amnesty International de Besançon est visible du 2 au 12 décembre à l’ASEP à Besançon. 

À Pontarlier, c’est l’Espace Fil d’Ariane, de l’association Travail et Vie, qui a organisé une journée de sensibilisation au théâtre Bernard Blier. De nombreux visiteurs ont répondu présent, et notamment plusieurs lycées du secteur. « On a initié cette journée l’année dernière. On se disait que sur le territoire du Haut-Doubs, il y avait des dispositifs qui existaient mais qui n’étaient pas mis en valeur et qui étaient finalement peu connus des victimes et des professionnels. Cette année, on a souhaité ouvrir aussi au volet du handicap. Il y a aussi des femmes victimes de violence et souvent c’est marqué par le handicap, elles osent encore moins nommer les violences qu’elles subissent car elles se sentent encore moins légitimes », explique Anne, éducatrice spécialisée à Fil d’Ariane. Comme l’an passé, une dimension artistique et créative a été ajoutée à cette journée avec du self défense, du théâtre d’improvisation massage, chant signé, graphisme. « C’est un sujet lourd, pesant, mais pour pouvoir l’appréhender plus facilement, il faut pouvoir en dégager une force ».

Yves Quemeneur et Cassandra Tempesta