Besoins en main d’œuvre en 2023 dans le Doubs

Chaque année, Pôle Emploi réalise avec le CREDOC une grande enquête nationale sur les tendances de recrutement des entreprises. L’édition 2023 présentée le 12 mai par Pôle Emploi Bourgogne Franche Comté confirme la bonne tenue de l’emploi dans le département, avec toutefois des disparités selon les bassins de vie

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L’enquête mesure les intentions d’embauche et non les recrutements réalisés. Elle a porté sur près de 75 000 établissements dans la grande région. 19 350 entreprises ont répondu à l’enquête, soit un taux de retour de 26% permettant une analyse exhaustive de l’évolution de l’emploi dans la région. Dans le seul département du Doubs, 3 488 entreprises ont répondu au questionnaire.

21 190 projets de recrutement dans le Doubs
Les résultats de l’enquête annuelle sur les besoins en main d’oeuvre des entreprises ont été présentés par Céline Demoly, directrice de l’agence Pôle Emploi de Planoise, Sophie Heitzmann qui dirige celle de Temis et Sarah Jeantet Directrice territoriale adjointe de Pôle Emploi Doubs/Territoire de Belfort ©YQ

Les intentions d’embauche des employeurs ont augmenté de 9,9% par rapport à 2022. Plus de la moitié concernent le bassin d’emploi de Besançon avec 12 250 projets de recrutement contre 2740 à Pontarlier, 2020 sur Morteau et 4180 à Montbéliard.

Alors que les projets de recrutement ont augmenté de 14,3% dans la région, ils ont progressé de 32,4% dans le Doubs et de 20% dans le seul bassin de Besançon.

La part des entreprises déclarant vouloir embaucher est de 29,4% dans le Doubs (contre 27,6% dans l’ensemble de la région).

Les services à Besançon et Pontarlier, l’industrie à Morteau

Le bassin de Besançon concentre 7 849 recrutements potentiels en 2023, soit 64% du total des recrutements envisagés. Il est de 54% sur le secteur de Pontarlier et de 40% dans le bassin de Morteau.

A l’inverse, l’industrie manufacturière ne prévoit que 11% des recrutements à Besançon et 30% dans le bassin de Morteau contre 14% dans le Pays de Montbéliard.

Le Doubs, réputé pour être…encore…le département le plus industrialisé de France (en % des emplois dans l’industrie) souffre de la désindustrialisation de son territoire. Il ne suffit pas de prétendre relancer l’industrie pour que les promesses se transforment en actes.

« Pour qu’il y ait des fonctions support, encore faut-il qu’il y ait des industries à supporter » (NDLR).

Les 5 métiers les plus recherchés dans le Doubs

Le vieillissement de la population nécessite de plus en plus d’aides à domicile, aides ménagers et travailleurs familiaux. Le nombre des emplois disponibles dans ces métiers n’est pas l’illustration du dynamisme du territoire avec une part croissante de personnes âgées. Ces métiers restent peu attractifs. 8 employeurs sur 10 ont des difficultés à recruter.

Les métiers de l’entretien sont également très recherchés (989 postes dans le Doubs dont 657 à Besançon).

Le domaine de la santé (aides-soignants, assistants médicaux…) est également sollicité comme les métiers en lien avec la restauration (employés de cuisine, serveurs…)

Besançon demeure la capitale culturelle et la demande est importante (497 projets d’embauches) dans les métiers de l’animation socio-culturelle où les professionnels ne semblent pas avoir trop de difficultés à recruter.

La part de recrutements « difficiles » diminue
Les recrutements jugés « difficiles » par les recruteurs par bassins d’emploi sur la Bourgogne Franche-Comté ©YQ

Elle était de plus de 61% en 2022 et descend à 58% en 2023. La baisse est encore plus accentuée sur le bassin de Besançon (56,6% en 2023 contre 63,3% en 2022).

Il y a une forte disparité des territoires sur la région. Les bassins frontaliers (Pontarlier, Morteau, Belfort) souffrent de la proximité de la Suisse. 69,9% des recrutements sont jugés difficiles sur le secteur de Morteau (60,4% en 2022). La part est légèrement plus faible dans le bassin de Pontarlier (61,4%) où la part saisonnière dans le secteur de l’hôtellerie peine à recruter.

Les emplois dans les secteurs du BTP (couvreurs, charpentiers, chauffagistes, plombiers, ouvriers de l’isolation…) sont réputés très difficiles à pourvoir, ainsi que les métiers en lien avec la santé et l’action sociale.

Quels sont les freins principaux au recrutement pour les entreprises ?

Au plan national, c’est le nombre insuffisant de candidats qui est pointé par les recruteurs dans 85% des cas, suivi par les profils inadaptés à l’entreprise. Viennent ensuite les conditions de travail, le déficit d’image (particulièrement dans l’industrie). La facilité d’accès au lieu de travail est peu identifiée comme un frein au niveau national. Il l’est notamment dans le Doubs où les activités économiques sont largement dispersées sur le territoire.

Peu ou pas de transports en commun et/ou des cadencements inadaptés (particulièrement vrai sur l’axe Besançon – Pontarlier ou Besançon – Morteau)

Chaque année, la même étude conduit aux mêmes préconisations. L’employabilité des personnes est liée à de nombreux facteurs (équilibre vie professionnelle-vie familiale, garde des enfants, mobilités…) La rémunération reste toutefois le premier critère de choix pour les demandeurs d’emploi.

Plein emploi dans le Doubs

Le taux de chômage dans le Haut-Doubs atteint son niveau le plus bas à 4,5%. A l’inverse, le Pays de Montbéliard recense plus de 9% de personnes sans emploi. Selon Sarah Jeantet, Directrice territoriale déléguée Doubs/Territoire de Belfort, beaucoup de demandeurs d’emploi passent sous les radars : les jeunes décrocheurs scolaires, une partie des bénéficiaires du RSA par exemple. Signal positif, les bénéficiaires du RSA dans le Doubs ont reculé de 7%.

La tension sur l’emploi touche tous les secteurs d’activité. Les employeurs doivent convaincre leurs futurs salariés, c’est un changement de méthode à 180°. Pour autant, le travail n’est pas une contrainte, il crée au contraire du lien social.  « Le droit à la paresse » n’est pas pour demain !

Yves Quemeneur