Doubs. Entre fierté et incertitude, Éric Liégeon entre à l’Assemblée nationale

Le suppléant d’Annie Genevard, devenue ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire, est depuis le mardi 22 octobre le nouveau député de la 5e circonscription du Doubs. À 63 ans, Éric Liégeon, agriculteur et maire de Courvières entame cette nouvelle fonction avec un sentiment partagé entre la fierté d’incarner son territoire et l’incertitude d’un gouvernement assis sur un siège éjectable.

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Éric Liégeon, nouveau député de la 5e circonscription du Doubs. Photo M.S

La prise de poste n’est pas en- core officielle ce vendredi 18 octobre mais la porte d’entrée du bureau du député porte déjà le nom d’Eric Liégeon. Signe que la passation se prépare depuis plusieurs semaines. Pour être opérationnel, l’agriculteur de 63 ans a profité de la lente et sinueuse formation du gouvernement par Michel Barnier et des bruits de couloir de plus en plus favorables à Annie Genevard, aujourd’hui installée rue de Varennes à Paris.

À Pontarlier, rien ne change ou presque. Les collaboratrices restent les mêmes, les missions du député aussi. Aller à la rencontre des habitants, prendre la température et « faire remonter les problématiques du territoire et plus uniquement celles concernant l’agriculture », glisse celui qui a longtemps été secrétaire général de la FDSEA du Doubs. C’est d’ailleurs dans le cadre de cette fonction syndicale que l’agriculteur rencontre à plusieurs reprises Annie Genevard. « J’étais un paysan engagé, installé à Courvières donc le “sud” de la 5e circonscription. Ces éléments et notre vision commune de la politique ont fait naître ce duo dès 2012. Depuis, j’ai toujours pensé que je resterais dans l’ombre, sauf peut-être en 2017 », se souvient l’intéressé. À l’époque, François Fillon, proche de l’actuelle ministre de l’Agriculture, est l’un des favoris à l’Élysée. Les multiples affaires ont raison de sa candidature et des espoirs d’Annie Genevard d’être « ministrable » par la même occasion. L’élue tient sa revanche, sept ans plus tard, mais pour combien de temps ? « Cette question m’a beaucoup fait réfléchir… Mais cette fonction, c’est un honneur avant tout », poursuit l’intéressé.

Tout quitter pour un poste de député

Dès les premiers jours de septembre pourtant, Éric Liégeon « commence à flipper ». « Je n’avais vraiment rien prévu ! Il fallait complètement changer ma vie personnelle et professionnelle, c’était très stressant. » Le maire de Courvières, désormais député, a trois semaines pour rendre son écharpe municipale. « Quand vous avez des projets en cours pour votre commune, c’est difficile de tout laisser. Ça va également provoquer de nouvelles élections car notre équipe municipale n’était pas au complet. » Entrer à l’Assemblée nationale oblige également le député à mettre fin à son mandat de président de la SAFER (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural) qui courait jusqu’en 2025.

Tout quitter pour un engagement de tous les instants, entre Paris et la plus grande circonscription du Doubs. Éric Liégeon en convient, à défaut de connaître les arcanes du pouvoir et les rouages politiques, le député souhaite apporter ses connaissances et compétences en matière d’agriculture, ruralité et environnement. « Je suis un paysan, fier de le dire et d’employer ce terme. Avec l’année que l’on a vécu, il est temps d’agir pour soutenir la filière et notre souveraineté nationale ! » Une dernière phrase sous forme de promesse envers ses administrés dont l’écho résonne paradoxalement comme un énième coup de pression à Annie Genevard, aujourd’hui responsable de l’agriculture française. Pour agir sur ce plan-là, le nouveau député doit encore patienter et attendre les débats parlementaires. Ce mardi 22 octobre, Éric Liégeon hérite d’abord d’une place dans la commission des affaires culturelles et de l’éducation, où siégeait sa prédécesseure. Pas forcément la tasse de thé du nouveau député, qui savoure davantage les dizaines de visites hebdomadaires sur le terrain.

M.S