Photo Samuel Coulon

Il y a d’abord eu cette lente agonie sportive couplée à l’effondrement du marché immobilier chinois. Le groupe Nenking, propriétaire du FC Sochaux-Montbéliard entre 2019 et 2023, avait tout misé sur cette dernière saison pour faire remonter le club en Ligue 1. En décembre 2022 déjà, la DNCG, « le gendarme financier du foot français », faisait état d’un déficit de 22 millions d’euros pour le club. Sur le terrain à cette époque, le FCSM est 3e de Ligue 2 et toujours en course pour la montée. À cela s’ajoutent quelques belles paroles de la direction et le club poursuit sa saison.

Mai 2023 : le début de la fin

La déroute sportive sonne le début de la fin. Après 8 défaites consécutives, Sochaux termine 10et l’argent manque toujours. Samuel Laurent donne pourtant une interview à France 3 le 22 juin. Le directeur de l’époque critique beaucoup de monde et annonce quelques solutions dans son futur projet sportif pour la saison 23/24.

11 juillet : la chute en N1

Une semaine plus tard, le 28 juin, les rumeurs évoquant des problèmes financiers conséquents se confirment : la DNCG rétrograde le FCSM en N1, compte tenu des éléments présentés. Il manque 22 millions d’€. Le club fait appel et opère alors une cure d’austérité drastique. 19 joueurs quittent le club mais cela ne suffit pas. Il manque toujours 12 millions d’euros et la DNCG confirme sa décision en appel. Nous sommes le 11 juillet, le FCSM est en N1 et la communication des propriétaires chinois ou de Samuel Laurent est de plus en plus rare, de plus en plus lente. Ils lancent une ultime tentative trop tardive : trouver de potentiels investisseurs. Malgré d’autres rumeurs, une seule se confirmera. Elle vient d’un nom bien connu dans le Doubs, Romain Peugeot, 33 ans et arrière-petit-fils de Jean-Pierre Peugeot, créateur du FCSM.

27 juillet : le dossier « lunaire » de Romain Peugeot

Cadre dans un fonds d’investissements londonien, passionné de football, il tente de réunir des investisseurs locaux et étrangers pour remonter un budget de Ligue 2. À l’intérieur de son offre de rachat, Romain Peugeot réunirait 8 millions d’euros, tandis que le Groupe Nenking verserait les 4 millions restants. L’objectif est d’ensuite faire appel au CNOSF (Comité national olympique et sportif français) et au comité exécutif de la Fédération Française de Football (FFF). Une réintégration est possible en Ligue 2 par cette voie, comme celle des Girondins de Bordeaux lors de la précédente saison (22/23). L’histoire est belle, la communication du clan Peugeot est huilée. Accompagné de l’avocat qui a défendu Bordeaux un an auparavant, on évoque un dossier de reprise « solide et complet ». D’après nos sources, la réalité est toute autre. « On a rencontré Romain Peugeot et son équipe après l’annonce de reprise. Pour être honnête, le dossier présenté était… lunaire. », glisse une source à la Région Bourgogne Franche-Comté.

Mardi 1er août : avis défavorable du CNOSF

Le CNOSF prononce un avis défavorable pour un maintien du club en Ligue 2. Nouvelle douche froide pour les supporters. Car la vente du club à Romain Peugeot par le Nenking Group était conditionnée au maintien en Ligue 2. Ni Romain Peugeot, ni les propriétaires chinois ne pensent à évoluer en National : les pertes financières seraient trop importantes. L’arrière-petit-fils du créateur de Sochaux s’en va, tout le monde se prépare à un dépôt de bilan et un début de démantèlement du club s’enclenche. Beaucoup de jeunes joueurs sont libérés de leur contrat, le centre de formation à Seloncourt et le club naviguent à vue.

Mercredi 9 août : avec Plessis et Wantiez, l’espoir renaît

Parallèlement, comme nous l’avions écrit dans nos colonnes, le projet de reprise le plus transparent à cette période reste toujours la levée de fonds initiée par l’association Sociochaux. Une lueur dans la pénombre très vite rejoint par l’emblématique Jean-Claude Plessis président du club lors de la dernière période dorée des lionceaux, entre 1999 et 2008. Touché par la situation, le breton revient en Franche-Comté accompagné de son fidèle bras droit Pierre Wantiez. Ensemble, ils travaillent sur un projet impensable pour Romain Peugeot ou Nenking : jouer en National. Un moyen aussi de sauver le club et son centre de formation. Le duo présente une offre de rachat au Nenking Group, écrit en parallèle à la FFF et prépare un nouveau passage devant la DNCG. Alors que le budget moyen d’un club au troisième échelon français est de 5 millions d’euros, on parle d’une enveloppe de 13 millions d’euros pour le programme « FCSM 2028 ». Il faut rembourser les dettes contractées par le club et anticiper les frais importants liés aux infrastructures.

Jeudi 17 août : Sochaux vit, en National

Le projet mené par Jean-Claude Plessis et Pierre Wantiez libère tout un territoire. Jeudi 17 août 2023 après la confirmation par la DNCG, le club fait officiellement une conférence de presse pour annoncer son renouveau. Les deux hommes à la tête sont accueillis en héros. La levée de fonds s’envole, les anciens pros de Sochaux et d’autres figures du foot français s’en font le relais et la somme récoltée dépasse aujourd’hui les 600 000 € (toujours en cours ici) ! L’actionnariat populaire voulu par l’association Sociochaux est pleinement intégré au projet FCSM 2028.

1er septembre : premier match à Bonal

Côté sportif, le FCSM doit tout reconstruire ou presque des U17 à l’équipe fanion. Ce lundi 21 août, le club annonçait l’arrivée de 7 recrues pour repartir en National, championnat qui a repris depuis deux semaines. Le premier match des lionceaux se déroule ce vendredi 25 août sur le terrain du Red Star tandis que la première rencontre à Bonal est prévue le 1er septembre contre le Goal FC. Sochaux est en vie avec une mission, « se maintenir en National ». Retrouver un jour l’élite sous cette forme de gestion serait inédit en France.

M.S