Haut-Doubs. Edith Marmier, référente de l’association Vivre comme Avant

Référente de l’antenne bisontine qui accompagne les femmes touchées par un cancer du sein, elle applique le slogan de cette association : « Cancer du sein, nous l’avons vécu, nous pouvons vous aider ». En les écoutant, elle leur permet de mettre des mots sur ce qu’elles vivent et c’est déjà un pas pour aller mieux.

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Comment est née cette association ?

Vivre comme avant a vu le jour aux Etats-Unis en 1945 et n’est arrivée en France qu’en 1975 et ce n’est ensuite qu’en 2005 qu’une antenne a été créée à Besançon par Simone Girard. L’idée est que des femmes qui ont déjà traversé l’épreuve de la maladie vont au contact d’autres femmes qui y font face pour les aider à se projeter alors que lorsque le diagnostic tombe, l’avenir s’obscurcit, la vie bascule…

C’est justement ce qui vous est arrivé ?

Pour ma part en effet, le cancer a été décelé en 2007. J’avais alors 46 ans, j’étais enseignante et depuis l’âge de 40 ans, je faisais régulièrement des mammographies car une de mes cousines avait eu un cancer du sein à l’âge de 25 ans et elle en est décédée 10 ans plus tard. J’ai donc été très tôt vigilante en intégrant ce risque…

Comment est tombé le diagnostic ?

Cette année-là, alors que l’examen n’avait rien décelé, quelques semaines plus tard j’ai ressenti une gêne sur le côté en me couchant. Une autopalpation m’a permis de découvrir une petite boule, j’ai donc aussitôt pris un rendez-vous pour en savoir plus et la biopsie a révélé une tumeur cancéreuse.

Que s’est-il passé ensuite ?

J’ai très vite été prise en charge en rencontrant un cancérologue dont le pronostic était inquiétant. Ma tumeur pouvait en effet potentiellement doubler de volume tous les 15 jours. J’avais donc hâte d’être opérée pour qu’on me la retire. Ces semaines-là ont été très longues et pleines d’inquiétudes. Des moments partagés avec mon mari et ma maman, très présente. Ce sont des moments particuliers avec d’un côté la peur et de l’autre l’envie d’y croire. Et ce en mettant ma vie professionnelle de côté.

Comment avez-vous vécu cette période ?

J’ai eu Ce fut une période de répit après l’opération malgré le long protocole de soins qui s’ensuivait. J’avais un cancer agressif mais de la nouvelle chimiothérapie qu’on m’a proposé augmentait mes chances de survie, passant de 50% à 75%. J’ai senti que le sport me faisait du bien durant mes traitements et j’ai aussi été plus attentive à mon alimentation pour mettre toutes les chances de mon côté. Mais quand le traitement a débuté, j’ai très vite perdu mes cheveux et mon image me renvoyait au parcours difficile de ma cousine

Quand avez-vous appris votre guérison ?

On ne parlait pas de guérison mais de rémission après cinq années. Disons qu’il m’a fallu deux ans pour que la vie reprenne un cours à peu près normal. J’ai repris le travail en 2008 à mi-temps d’abord, ce qui a été une sensation très bizarre après ces nombreux passages anxiogènes dans les hôpitaux. Les examens se sont alors espacés au fil du temps et on essaie d’oublier peu à peu la maladie même si elle reste toujours présente dans un coin de la tête.

Cette expérience de vie, vous la mettez au service des autres désormais ?

J’ai moi-même à l’époque bénéficié des visites de Simone Girard qui avait créé à Besançon l’antenne de l’association Vivre comme avant. Elle-même avait été malade, elle a su m’écouter, me comprendre sans juger et m’aider dans mon cheminement vers l’acceptation de la situation. Quand j’ai pris ma retraite j’ai donc pensé que je pouvais moi aussi faire profiter d’autres personnes de cette expérience.

Comment fonctionne l’association ?

Nous sommes quatre bénévoles à intervenir à Besançon, à la Polyclinique et au Centre Hospitalier Jean Minjoz, établissements avec lesquels nous avons une convention, et dont les soignants sont de précieux partenaires. Toutes les bénévoles ont vécu un cancer du sein. Elles savent que le cancer du sein n’est pas qu’un événement de santé mais que c’est un événement qui bouleverse de nombreux aspects de la vie d’une femme et de ses proches. Elles sont formées et préparées à adapter et à personnaliser leurs échanges avec chaque femme rencontrée.

Quelle est votre approche ?

Nous tenons à ce qu’aucune femme n’ait à affronter, sans accompagnement, le cancer du sein. Nous souhaitons que chaque femme atteinte d’un cancer du sein trouve une alliée qui saura l’écouter, la comprendre, l’accompagner pour l’aider à passer au mieux le cap de l’hospitalisation et des traitements, qui l’encouragera dans et les suivis médicaux et qui, grâce à une rencontre ou à un échange téléphonique, modifiera la vision de son avenir et lui donnera l’espoir de retrouver une qualité de vie satisfaisante après la maladie.

Contact : Edith Marmier au 06 80 72 84 62 ou par mail : edithmarmar@orange.fr