Haut-Doubs. Histoire(s) d’eau(x) entre les deux Goumois français et suisse

Au milieu coule une rivière. Une eau qui unit depuis trois siècles deux villages du même nom de part et d’autre de la frontière. Bientôt, la station d’épuration française recueillera les eaux usées des foyers suisses.

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Le Doubs qui coupe Goumois en deux est un trait d'union ancestral.

La commune de Goumois France dispose d’une station d’épuration (STEP), propriété de la communauté de communes du Pays de Maîche, compétente en matière d’assainissement. Le village voisin de Fessevillers y est d’ailleurs raccordé. Aujourd’hui, c’est au tour de son alter ego suisse, le Goumois Helvète de se rapprocher de l’autre rive pour le traitement de ses eaux usées, en se raccordant à la STEP française. Des études ont été menées pour savoir si l’équipement était suffisamment dimensionné pour ce raccordement international. Les résultats sont positifs et, en cas d’accord des deux parties, les effluents passeront d’une rive à l’autre sous la rivière qui sert de frontière. Les voisins suisses devront s’acquitter du prix de l’assainissement comme tout usager et d’abord installer à leurs frais une pompe de relevage. Une coopération logique et pratique qui nécessitera tout de même, avant d’être effective, l’accord des deux pays !

Des destins intimement liés

Les habitants des deux rives ont en effet un rapport particulier avec la frontière, ayant historiquement d’étroites relations avec leurs voisins sans se soucier d’un traité ou d’une barrière. Mariages transfrontaliers, activités agricoles, artisanales, industrielles et commerciales notamment avec les horlogers et fromagers : la division n’est finalement qu’administrative. Ce nouvel épisode des relations entre les deux Goumois vient aussi s’ajouter à la cause commune qu’ils font déjà en matière religieuse. Au XIXème siècle, les Suisses, las de se rendre à 9 km, ont demandé et obtenu l’autorisation d’assister aux offices côté France. Un écrit cosigné par le prince évêque de Bâle et l’archevêque de Besançon a officialisé ce droit de culte transfrontalier, étendu à la sépulture. Les défunts helvètes peuvent en effet être transportés pour être inhumés en France. La communauté de destin qui unit les deux villages s’étend donc jusqu’à l’éternité. Aussi, permettre aujourd’hui à une seule et même station d’épuration d’accueillir des effluents venus des deux côtés de la frontière n’est qu’un épisode de plus pour cette communauté au milieu de laquelle coule une rivière que tous ont à cœur de préserver.