Un aménagement discutable mais jamais discuté
Cette petite place à l’entrée de la Boucle devient un lieu plus ouvert, plus vert « offert à toutes les mobilités douces » a souligné Amandine Rapenne, conseillère régionale en charge des transitions énergétiques. Elle ajoute à l’attention de la Maire « les citoyens vous remercieront dans quelques années ». « Une place où les eaux pluviales vont trouver un cheminement naturel pour préserver cette ressource si rare » se réjouit François Rollin le Directeur territorial de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse.
Le sol de la place, à nouveau perméable, a été agrémenté de parterres de verdure. Deux nouveaux arbres (un celtis et un micocoulier) ont été plantés, essences résistantes à la chaleur. « La place va redevenir un lieu de lien social entre les commerces et le marché bio du mardi », a précisé la Maire.
Anne Vignot s’est félicitée de cet aménagement urbain « nous redonnons à chacun sa juste place : piétons et cyclistes mais aussi voitures. Nous avons fait des choix qui se transforment en actes ».
Un coût de 462 000€
Anne Vignot s’empresse de préciser que le budget est assuré à 80% par des subventions : 140 000€ du conseil régional, 195 000€ du Feder (Europe) et 40 000€ de l’Agence de l’eau. On retiendra quand même que l’argent dépensé, quelle que soit son origine, sort de la poche de nos impôts. Un surcoût, parait-il, de 60% par rapport au budget initial !
Une chanson de Chantal Goya en fond sonore
Beaucoup de riverains et commerces de la place n’ont pas apprécié la méthode « de concertation » qui n’en fut pas une. Pendant le discours de la Maire de Besançon, une sono « malencontreuse » diffusait la chanson de Chantal Goya « C’est Guignol » !
Ni informés et encore moins invités à l’inauguration de la place, les riverains ne sont pas strictement opposés au nouvel aménagement. Ils reprochent à la Ville l’absence de concertation en amont. Dans un communiqué, leur association « Conviviacité » rappelle les nombreux courriers sans réponse et une ultime explication des élus « il n’a jamais été envisagé de concertation et encore moins de co-construction mais seulement d’information » (propos repris dans le communiqué des riverains).
Ils considèrent tous que « la rénovation de la place aurait pu être une opportunité pour faire avancer l’écologie du quotidien…force est de constater une occasion manquée ».
« Nous n’avons pas attendu le nouvel aménagement pour créer du lien social dans le quartier. Nous le créons au quotidien » a souligné la patronne du Piz’bar la Plage. Le boucher de la rue Lecourbe ne décolère pas « durant les travaux, nous avons perdu 30% de notre chiffre d’affaires sans que la Mairie daigne nous accompagner ». Ils avaient pourtant fait des propositions : un marquage « arrêt minute », un parking à vélos fermé ou l’amélioration de la desserte en transports en commun. Les riverains et commerçants regrettent amèrement d’avoir fait confiance a priori et d’être finalement ignorés.
Manque de places de stationnement (environ 15 places en moins), diminution de la terrasse du restaurant, peu de places de livraisons pour les commerces…il faudra attendre les beaux jours pour profiter de l’ombre des arbres, des bancs pour se reposer et pour apaiser les tensions.
Un seul propos a fait consensus. Ce sont les phrases du Général Rondot, venu en voisin (le quartier général de la division est à l’Hôtel de Clairvans dans le rue Lecourbe). Il a évoqué rapidement la présence du Maréchal de Lattre de Tassigny entre septembre et novembre 1944. Le chef de guerre qui contribua à la libération de l’Europe de la barbarie nazie, avait conçu ses plans de conquête à Besançon.
Alors Place du Jura ou Place de Lattre de Tassigny, le lieu s’ouvre et respire plus largement…à confirmer au printemps prochain !
Yves Quemeneur