Le défi de l’attractivité en Bourgogne Franche-Comté

Le jeudi 27 avril se tenait à la Maison de l’Economie à Besançon une grande soirée consacrée à l’attractivité des territoires. Organisée par Grande Besançon Métropole et le Conseil Régional de Bourgogne Franche-Comté, elle a fait salle comble de chefs d’entreprises, élus locaux et autres acteurs économiques.

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Autour du journaliste économique Bruno Jeudy, les élus régionaux de BFC, La Maire de Besançon Anne Vignot, Benoît Vuillemin vice-président de Grand Besançon, ont échangé sur le défi de l'attractivité en Bourgogne Franche-Comté. ©YQ
Une région qui se dépeuple

La Bourgogne Franche-Comté définit sa stratégie de dynamique d’attractivité territoriale comme un « territoire du mode de vie sain et de l’accessible. Bien vivre en ville ou en milieu rural, constitue le garant d’un environnement propice et pérenne à l’épanouissement dans son travail et à l’aspiration d’une vie personnelle, familiale et sociale réussie ».

A l’exception du Doubs et de la Côte d’Or, la grande région se dépeuple, autant en ville qu’en zone rurale. Solde naturel négatif non compensé par le solde migratoire, la région Bourgogne Franche-Comté a perdu près de 19 000 habitants en six ans. Notre région risque de s’enfoncer dans « la diagonale du vide ».

De quelle attractivité s’agit-il ?

Patrick Ayache, vice-président de la Région justement en charge de l’attractivité, a évoqué les trois axes qui commandent l’attrait d’une région pour de nouveaux habitants.

L’attractivité économique

Le territoire régional a de sérieux atouts et des entreprises extrarégionales, voire internationales, s’interrogent sur leur implantation dans la région. Toutefois, quelques écueils demeurent, en particulier en matière de mobilités. L’infrastructure et le cadencement de la ligne des horlogers ne sont toujours pas adaptées malgré les 50 millions d’euros investis…pour rien ? La ligne à Grande Vitesse qui désenclavait la région avec le nord de l’Europe n’existe plus entre Mulhouse, Besançon, Dijon, Roissy Charles de Gaulle et Lille Europe. La pérennité de la LGV reliant Lausanne à Paris en passant par Frasne et Dole n’est pas garantie.

Le foncier y est rare et cher et la loi ZAN (Zéro Artificialisation Nette) risque d’orienter les investissements industriels vers des régions moins soucieuses des mares à grenouilles que des emplois à forte valeur ajoutée.

L’attractivité touristique

Entre la Route des Vins y compris ceux du Jura, la Route des Microtechniques inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco avec l’arc jurassien, les splendeurs architecturales que sont la Saline royale, la Citadelle de Besançon, le fort de Joux, les splendeurs naturelles du Haut-Doubs, du Jura et des vallées du Doubs ou de la Loue, le territoire mérite un détour…à condition que le détour soit possible autrement qu’à vélo. L’aéroport de Dole-Tavaux est pourtant à équidistance de tous les joyaux régionaux mais aucun touriste européen ne peut y atterrir, faute de volonté politique.

L’attractivité résidentielle

« Nous devons attirer de nouveaux habitants » assène Patrick Ayache. Il pense notamment aux urbains des grandes métropoles. Encore faut-il que ces nouveaux habitants trouvent à se loger décemment et surtout à y travailler. Comment construire ou réhabiliter l’habitat ancien ou comment construire des usines…hors sol ?

De son côté, Anne Vignot, la Maire de Besançon Présidente de Grand Besançon Métropole, souligne l’importance grandissante des emplois frontaliers. Ils seront de 30 à 70 000 sur l’ensemble de l’arc jurassien à potentiellement travailler en Suisse dans les prochaines années. Est-ce un risque ou une chance ? Pour l’instant, l’exécutif régional choisit la première option « conservons la frontière infranchissable ».

Pas de guerre entre Dijon et Besançon

L’intervention de Benoît Vuillemin a bousculé le ronronnement des autres élus. Le Maire de Saône, vice-président de Grand Besançon Métropole et aussi entrepreneur, parle de concurrence des territoires créatrice de richesses. Il choisit l’option « A Dijon, la capitale régionale et à Besançon la capitale transfrontalière ». Le propos a heurté Océane Charret-Godard, vice-présidente de Dijon Métropole qui y voit un danger potentiel pour la Bourgogne. Pourtant, l’avenir de la Franche-Comté et notamment du Doubs est tourné vers les plateaux jurassiens. La Suisse et la Franche-Comté sont historiquement, économiquement, culturellement liés depuis des siècles.

« Nos concurrents sont ailleurs »

C’était le message transmis par Pierre Sabatier. L’expert en économie financière et en prospective a l’avantage de connaître la France périphérique. Selon lui, il faut donc aller chercher les habitants et les entreprises dans les autres régions. Actuellement, la croissance de Besançon ou de Dijon est essentiellement endogène (des implantations venant d’entreprises déjà dans la région). Pierre Sabatier partage le territoire en quatre groupes de départements homogènes : Paris et sa couronne qui siphonnent tout le territoire métropolitain, 18 départements attractifs couvrant 16% de la surface, ont une croissance équilibrée autour des pôles importants comme Lyon Marseille, Lille… Enfin, il identifie 73 département couvrant 84% de la surface dont 30 sont clairement déclinants. Sans le dire, Pierre Sabatier évoque la Bourgogne Franche-Comté dans la diagonale du vide.

Yves Quemeneur