La soirée était également sous l’égide du Laboratoire de géographie Théma, une unité associant le CNRS et l’Université de Franche-Comté dont la Maire de Besançon a été une éminente chercheuse durant sa carrière professionnelle. Plusieurs élus de Besançon étaient présents à cette conférence, montrant du doigt « l’automobile qui pose problème » !
Le collectif « France Nature Environnement », les associations « Beure Respire », « Mieux Vivre à Ecole-Valentin » et « AVB Association Vélo Besançon » sont réunis dans un collectif « RN +5,7° ». Ce collectif a déposé un recours au Tribunal Administratif de Besançon en mai 2023 pour contester l’arrêté d’utilité publique pris par le Préfet du Doubs pour l’aménagement de la RN 57.
« Diviser par 6 le trafic routier d’ici 2050 ». Frédéric Héran fait référence à la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) qui définit la trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Pour le chercheur qui ne manque pas de références scientifiques pour étayer ses propos « il faut accepter de réduire drastiquement le trafic automobile ». Il n’est même pas convaincu de l’impact positif des véhicules électriques qui ne diviseront que par 3 les émissions de GES sur le cycle de vie d’une voiture électrique.
En 40 ans, nous mettons le même temps (1h) pour nous déplacer
« Il y a 40 ans, nous mettions 1h pour faire en moyenne 4 km à pied. Nous faisons aujourd’hui 10 fois plus de km dans le même temps, en voiture ». Pour Frédéric Héran, construire de nouvelles infrastructures augmente mécaniquement le trafic routier, c’est le « concept de trafic induit » : plus le trafic est fluide, plus il y a de trafic, explique l’universitaire de façon presque simpliste.
La nouvelle route fait gagner du temps et permet de faire plus de kilomètres ? C’est vrai probablement dans un premier temps. Puis la congestion du trafic routier augmente après très rapidement. Frédéric Héran évoque le report temporel, le report spatial, le report modal, l’augmentation de la fréquence des déplacements et le changement d’origine et de destination. Ce « trafic induit » n’a pas été pris en compte dans l’élargissement de la RN 57, souligne Frédéric Héran.
Moins de voitures mais pas plus de ferroviaire
Pour le « spécialiste » des mobilités, l’avenir est aux véhicules intermédiaires. Frédéric Héran opte pour le tout vélo à assistance électrique, y compris pour transporter…famille et enfants ? Il vante les « vélautos », sorte de vélos cargos utiles au quotidien. Frédéric Héran n’apporte pas de solutions pour les 12 000 navetteurs qui utilisent la route des microtechniques chaque jour pour aller à leur travail en Suisse. Il n’apporte pas non plus de solution pour les 38 000 salariés de la filière automobile (thermique) qui travaillent dans les 363 entreprises de la filière en Bourgogne Franche-Comté. Tout juste si un membre du collectif « Beure Respire » propose que ces emplois soient réorientés dans…le maraîchage !
« La voiture restera importante »
Interrogé sur cet objectif d’écologie jugée « punitive », Benoît Vuillemin le Maire de Saône et vice-président de Grand Besançon Métropole est clair « la voiture est et restera importante dans le zones périurbaines et rurales ». Benoît Vuillemin souhaite plutôt « des investissements publics dans des infrastructures routières moins polluantes, moins coûteuses et nécessitant moins d’emprises foncières. Les solutions techniques existent déjà ».
Le Maire de Saône souhaite aussi une réforme de l’organisation des collectivités locales pour éviter l’étalement urbain dans les plus petites communes dont le budget est largement assis sur la DGF (Dotation Générale de Fonctionnement) calculée sur le nombre d’habitants de la commune. Frédéric Héran admet de maintenir les automobiles pour les ambulances ou les pompiers (il ne parle pas des véhicules d’intervention de police ou de gendarmerie) et les camions pour les livraisons hors transit sans expliquer ce que signifie réellement la notion de transit. Une conférence par des urbains, pour des urbains…Loin des enjeux de la désertification rurale.