Les collectivités locales prises en tenaille
Qu’il s’agisse de Christine Bouquin au conseil départemental du Doubs, de Marie-Guite Dufay à la Région ou d’Anne Vignot à Grand Besançon Métropole et aux Maires et Présidents d’intercommunalités de Franche-Comté, les exécutifs locaux n’ont plus de marges de manœuvre. L’Etat a mis en œuvre un nouveau dispositif pour limiter les dépenses de fonctionnement des collectivités.
Un nouveau « contrat de Cahors » au goût amer !
L’Etat transfert des compétences nouvelles et des augmentations de dépenses sans y mettre la contrepartie financière. Promesse encore : l’Etat va supprimer la CVAE (cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises) perçue par les collectivités et remplacée « à l’euro près » par une part de TVA. Quid de ce nouveau financement pour les collectivités si la croissance (et donc les recettes de TVA) n’est pas au rendez-vous ? Si la suppression des impôts de production (on notera que l’Etat parle de « cotisation » et non d’impôt) est plutôt une bonne chose pour l’équilibre financier des entreprises, ce sont les collectivités qui passent à la caisse pour des décisions prises à Paris !
Ce sont pourtant bien les collectivités territoriales qui assurent plus de 70% des investissements publics.
Promesse non tenue sur le transfert des routes nationales aux départements. Dans le Doubs en particulier, l’Etat ne promettait plus de financer l’aménagement de la RN 57 devenue route départementale, ni les conditions de son entretien ! Le Conseil départemental du Doubs a refusé ce qui apparaissait comme un cadeau empoisonné.
« L’orientation professionnelle est une priorité pour la région Bourgogne Franche-Comté »
Le propos vient de Marie-Guite Dufay, présidente de la région BFC lors de la présentation du « Pacte pour l’émancipation des jeunes de Planoise » (Lire en page Besançon). Une promesse pour celle qui fut à la sortie de Sciences Po Paris, chargée de l’économie à la Préfecture du Doubs en 1971, puis responsable du reclassement des licenciés économiques à l’ANPE régionale.
Le poison des PGE
Alors que le bilan des soldes d’hiver 2023 marque un recul de 19% dans les magasins physiques, les PGE (Prêts Garantis par l’Etat) deviennent un véritable fardeau pour de nombreuses PME et TPE. Elles ont été 700 000 à contracter un PGE en 2020 pour tenter de passer la crise sanitaire sans mettre la clé sous la porte. Mais le contexte actuel de baisse des ventes, de hausse de l’énergie et des matières premières et de l’inflation va créer des problèmes aux entreprises pour rembourser les PGE. La situation de beaucoup d’entreprises risque bien de se dégrader dans les prochains mois.
Plus de défaillances d’entreprises en 2023
La Banque de France a constaté au quatrième trimestre 2022 un niveau de défaillances d’entreprises sensiblement égal à l’avant Covid. Il est donc à craindre une accélération des défaillances en 2023 (redressements judiciaires et surtout liquidations). La Franche-Comté n’est pas épargnée.
Même « Teekers », une start-up bisontine que l’on surnommait « l’Amazon comtois » n’a pu trouver son équilibre financier depuis 2014. L’entreprise a été mise en liquidation judiciaire en janvier 2023.
« C’est la réforme ou le chaos »
Gabriel Attal a eu une phrase choc lors de la première journée à l’Assemblée nationale consacrée à la loi sur l’allongement de l’âge de départ en retraite. Cette loi « pourrait » faire économiser 10 à 12 milliards d’euros d’ici 2030. En fait, le gain sera bien moindre, la Première Ministre n’étant plus aussi droite dans ses bottes après les amendements sur les carrières longues et la pénibilité. En regard, le gouvernement a fait voter un déficit de 165 Milliards d’Euros pour le budget de l’Etat pour la seule année 2023 et un déficit de 7 Milliards pour le budget de la sécurité sociale. On pourrait rappeler à Gabriel Attal la célèbre phrase de Talleyrand « Tout ce qui est excessif est insignifiant ».
Yves Quemeneur
L’humeur d’Yves Quemeneur
Le débat sur les retraites, la polémique sur « les milliardaires », ont illustré l’absence de culture économique en France. Le ministre de l’Education Nationale serait bien inspiré d’introduire dans l’éducation civique les règles fondamentales de l’économie. Ça permettrait à tous les citoyens de ne pas croire à tous les lendemains qui chantent !