Moment fort de débat entre majorité et opposition…patatras, pas de débat !
Pour Anne Vignot et Anthony Poulin, son adjoint aux finances, le projet de budget « confirme l’élan de transformation de la Ville de Besançon pour répondre aux défis du XXIème siècle en faveur de la justice sociale, la lutte contre le réchauffement climatique et pour l’emploi ». Même si l’économie est de la compétence de la communauté urbaine de Grand Besançon Métropole, on peut s’interroger sur l’absence d’actions de la ville-centre en faveur de l’attractivité économique. Les maîtres mots sont « Grandir et s’épanouir », « Partager », « Agir pour le vivant ».
Le débat n’aura pas eu lieu…Les élus de « Besançon Maintenant », autour de Ludovic Fagaut, avaient décidé de bouder les différents rapports à l’ordre du jour. Dans un communiqué remis en séance, Ludovic Fagaut, n’ayant reçu aucune réponse de la Maire de Besançon sur les propos insultants tenus par Philippe Cremer lors du dernier conseil, les élus de « Besançon Maintenant » se sont abstenus sur tous les votes, excepté celui sur l’aide à la Croix-Rouge en soutien aux actions humanitaires en Ukraine.
Comme si cela ne suffisait pas, Anne Vignot et les élus de « Besançon par nature » ont remis une pièce dans la machine dès le lendemain du conseil municipal du 2 mars. Dans un communiqué, « ils constatent que les élus du groupe de Besançon Maintenant…polluent d’invectives et d’attaques personnelles les débats des conseils municipaux… ». En l’espèce, c’est bien un élu de la majorité municipale qui avait traité Ludovic Fagaut de « facho » !
Un budget de 202 millions d’euros
Les élus ont été invités à s’interroger sur les nouveaux projets 2022 et la poursuite des actions menées en 2021 répartis entre un budget de fonctionnement à hauteur de 145,5 millions d’euros et des investissements de 56,3 millions.
Côté nouveautés, la municipalité lance un nouvel équipement sportif à Planoise. Il sera adossé au gymnase Diderot, offrant une capacité supplémentaire de 500 places. L’équipement prendra en compte des objectifs de performance énergétique élevée pour un budget évalué à 9 millions d’euros. Les études pour le projet d’une nouvelle crèche sont lancés, en partenariat avec la CAF pour un montant total de 1,6 millions. Le budget participatif « outil de démocratie participative » pour l’exécutif bisontin est abondé à hauteur de 250 000€. Ticket culture pour les familles défavorisées ou… Assises de la culture sont également au menu des nouveautés 2022.
Les actions déjà engagées depuis le début du mandat sont renforcées. C’est le cas de la rénovation énergétique des écoles et des crèches. Comme un leitmotiv, Anthony Poulin rappelle « les 60 millions d’euros dépensés sur la durée du mandat, soit 10 millions par an ». La municipalité écologiste poursuit avec difficultés le rattrapage des places disponibles dans les cantines scolaires tout en restant timorée sur les investissements nécessaires, les limitant à 200 000€. La lutte contre les îlots de chaleur est poursuivie comme la reconfiguration du quartier de Planoise ! Notées comme des actions de l’année 2022, tous ces projets étaient déjà programmés et sont budgétairement étalés sur l’ensemble du mandat, voire au-delà (NPRU Planoise).
Des « camemberts indigestes »
Anthony Poulin n’a pas pu préciser l’imputation des « dépenses non ventilables » pourtant à hauteur de 25 millions d’euros. Le budget de fonctionnement est capté pour 45,5% (66 M€) par les actions de « cohésion sociale et de solidarité » et par « l’épanouissement des êtres humains » pour 10,6% (15 M€). Le budget investissement n’est pas plus loquace sur les « dépenses non ventilables » représentant quand même 17,7% (10 M€).
La Ville de Besançon poursuit la gestion précautionneuse des deniers publics des précédentes mandatures en ayant un niveau d’épargne brute relativement élevée à 30 M€ et une capacité de désendettement de moins de 4 ans largement en deçà du seuil de vigilance fixé au plan national à 8 ans. Cette « frilosité » masque-t-elle un manque de volonté politique dans l’investissement de Besançon en faveur d’une véritable attractivité globale de la capitale comtoise ?
Sur le volet fiscalité, la municipalité actuelle poursuit la même politique depuis de nombreuses années. « Pas de hausse des taux de fiscalité directe » a utilement rappelé Nicolas Bodin (PS). Mais Laurent Croizier (Modem) souligne « le budget de Besançon pourrait être plus ambitieux, pas en augmentant les impôts mais en accueillant plus d’entreprises. Pour redistribuer de la richesse, encore faut-il d’abord en créer ».
Les amis de Ludovic Fagaut ont réagi par communiqué remis en séance. « Ils s’étonnent de l’écart présenté entre les montants d’investissements qui restent à financer à hauteur de 35M€, soit, malgré le bon niveau de l’épargne nette, 2 à 3 millions d’euros d’emprunts supplémentaires par an sur 6 ans…Vous souhaitez donc alourdir la dette globale sur le dos des bisontins en empruntant sans compter… »
Difficile de comprendre le vocabulaire des finances publiques
Dans le budget de fonctionnement, les recettes représentent 174,3 millions d’euros et les dépenses 144,3 millions. Dans le langage administrativo-financier, l’écart de 30 millions d’euros s’appelle modestement « épargne brute ». En comptabilité traditionnelle, c’est un « bénéfice ». Et en comptabilité publique comme privée, le bénéfice sert principalement à alimenter les investissements. Les mots ont un sens pour le « commun des mortels…contribuables » !
320 millions d’euros pour le budget de Grand Besançon Métropole, 202 millions d’euros pour le projet de budget de la Ville de Besançon…ça se cumule ou bien ça s’annule ?