Époque, de Laura Poggioli

Avec Époque, Laura Poggioli signe un roman coup de poing qui interroge notre rapport aux technologies et leur emprise sur nos vies. Éditions L’Iconoclaste.

 Vous qui lisez ceci, convaincu de maîtriser le jeu, et si cet écran n’était rien d’autre qu’une cage, un piège brillant et séduisant ?
Bienvenue dans le roman de Laura Poggioli qui vous fixe droit dans les yeux et vous demande : à quel point êtes-vous accro ?

Lara, mère de trois enfants, intègre un service d’addictologie pédiatrique. Chaque jour, elle écoute des adolescents raconter leur descente aux enfers. Insomnies, crises d’angoisse, effondrement scolaire. Ces jeunes s’effacent peu à peu, écrasés par la lumière froide de leurs téléphones. Mais ne vous y trompez pas, ce récit n’est pas seulement un cri d’alarme sur les ravages des écrans chez les plus jeunes.

En effet, Lara sait de quoi elle parle. Cinq ans plus tôt, elle a vécu une relation toxique avec un homme manipulateur, qui a utilisé la technologie comme un piège invisible. Notifications oppressantes, harcèlement numérique . Le smartphone de Lara est devenu une arme retournée contre elle.

Derrière Lara et ces ados perdus, l’autrice nous questionne. Pourquoi cédons-nous aussi facilement à des outils conçus pour exploiter nos faiblesses ? Pourquoi nos relations, nos désirs, nos vies s’amenuisent-ils jusqu’à tenir dans un rectangle lumineux ?

Le récit n’accuse pas, il observe, il questionne.

Avec lucidité, il expose nos failles : celles qui nous rendent captifs, vulnérables, manipulables. Et ce roman ouvre une brèche. Et si nous pouvions changer ? Si nous décidions de couper le flux, de retrouver une vie où nous contrôlons nos outils, et non l’inverse ?

Après avoir refermé ce livre, difficile de regarder son téléphone sans un léger malaise. Le récit en effet ne laisse pas indifférent. Il nous parle, à nous tous, de ce monde où l’on ne sait plus vivre sans chercher une validation numérique en arrière-plan.

Alors, débranchez et plongez-vous dans ce livre. Vous n’en ressortirez sûrement pas indemne, mais peut-être un peu plus déterminé à vous réapproprier votre part de liberté perdue.

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Par Isabelle Arnould