Le Doubs gagne des habitants entre 2019 et 2022

Parmi les huit départements de Bourgogne Franche-Comté, le Doubs est le seul à voir sa population augmenter ces trois dernières années. C’est le principal enseignement de la publication de l’INSEE diffusée le 4 juillet sur l’évolution de la population dans la région.

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Le Doubs poursuit un souffle de jeunesse sur la démographie de la Bourgogne Franche-Comté.
La population régionale est en baisse de 0,24% par an entre 2019 et 2022

Cette baisse est constante depuis 2015. Les habitants de Bourgogne Franche-Comté étaient 2 820 900 en 2015. Ils sont 2  785 400 en 2022. La dégradation est due particulièrement au déficit naturel (naissances vs décès). Elle figure parmi les plus élevées en France métropolitaine. En 2006, le solde naturel était positif de 6 100, il est devenu négatif de 6 210 en 2021 où 25 3910 enfants sont nés pendant que 31 600 habitants décédaient. L’écart positif est plus important dans les départements des grandes agglomérations que dans les zones rurales. En BFC, la Nièvre est particulièrement touchée.

Le solde migratoire (arrivées vs départs) est devenu nul depuis quelques années. Le constat est inquiétant particulièrement en Franche-Comté. Si la qualité de l’enseignement supérieur n’est pas en cause, les jeunes diplômés ont tendance à quitter la région pour travailler.

La crise sanitaire et les confinements ont diminué les procréations

Au début de l’année 2021, le nombre de naissances a chuté neuf mois après le premier confinement. Ce constat est valable dans toute la France métropolitaine. La crise sanitaire et les incertitudes économiques ont probablement découragé les couples de faire des enfants pendant cette période ou à en reporter le projet. Les difficultés d’une grossesse en cas de Covid-19 ont également pesé dans le choix des couples de surseoir à la procréation.

Maternités plus tardives et moins de femmes en âge de procréer

En 2021, le nombre de naissance continue de décroître. Les baisses conjuguées du nombre de femmes en âge de procréer du nombre moyen d’enfants par femme pèsent fortement sur l’évolution des naissances. Le taux d’enfants par femme est passé de 1,97 en 1991 à 1,75 en 2021.

En Bourgogne Franche-Comté, la population féminine de 15 à 49 ans a diminué de 8% entre 2011 et 2021 contre 2,5% sur l’ensemble du territoire. Les femmes font également des enfants plus tardivement (études plus longues, recherches d’emploi plus difficiles…). En 2021, 57,2% des enfants nés en Bourgogne Franche-Comté avaient une maman âgée d’au moins 30 ans, contre 50,6M en 2011 et 47,1% en 2001.

4 400 décès liés au Covid entre janvier 2020 et décembre 2021

Globalement, le nombre de décès reste élevé en raison du vieillissement de la population. Il est supérieur en 2021 au chiffre de 2019. La surmortalité due au Covid aurait été de 3 300 en 2020 et de 1 100 en 2021. Mais la crise sanitaire n’a fait qu’accentuer une baisse tendancielle de la population.

Baisse de la population en âge de travailler

Ce recul est un phénomène national souligne l’INSEE. Dans la région, le nombre de personnes âgées de 15 à 64 ans diminue depuis 2011 pendant que la population âgée de plus 65 ans progresse. Cette situation est liée en partie à l’arrivée des premières générations de baby-boomers à l’âge de la retraite. Elle est aussi le reflet des changements de comportement : recul de l’âge de la maternité, disparition des grandes familles, développement important du travail des femmes… L’accès plus important aux études supérieures repousse également l’entrée sur le marché du travail. Enfin, l’attractivité des régions de l’ouest, du sud et de l’Ile de France incite les étudiants et les jeunes actifs à quitter la région. Dans le Doubs, la population en âge de travailler se stabilise depuis 5 ans. L’importance du nombre de travailleurs frontaliers n’y est probablement pas étrangère.

Plus de retraités et moins d’actifs rend problématique l’ajustement en main d’œuvre dans les métiers en tension comme la santé ou les services à la personne.

Le Doubs, département le plus peuplé de la grande région

Il deviendrait en 2022 le département le plus peuplé de la région, devant la Saône-et-Loire. La Côte d’Or resterait stable quand tous les autres départements perdraient des habitants et particulièrement le Territoire-de-Belfort (-0,9% par an depuis 3 ans) et la Nièvre. La proximité du Doubs avec la Suisse attire des populations jeunes (18 à 30 ans) et en fait un département particulièrement dynamique du Nord-Est de la France. Même si le nombre d’enfants par femme (1,73) est dans la moyenne régionale, le département compte une part supérieure de femmes en âge d’avoir des enfants.

Si l’on excepte la zone frontalière très dynamique à la fois au plan économique et démographique, la grande région et notamment la Franche-Comté, voit sa population diminuer. Est-ce inéluctable ? Comment rendre la Franche-Comté plus attractive ? Les solutions se trouvent dans la modernisation des infrastructures de transport (rail et route) aptes à attirer de nouvelles entreprises industrielles et de nouveaux emplois plus qualifiés. Le Doubs a de nombreux atouts et notamment Besançon, porte d’entrée des montagnes du Jura. L’économie, qu’elle se trouve d’un côté ou l’autre de la frontière, est une source de richesses pour la région. Et ce sont les entreprises, petites et moyennes, qui portent cette richesse.

Yves Quemeneur