Les Auxons : l’échec du « quartier d’affaires » près de la gare TGV

Propriété de Grand Besançon Métropole depuis 2011, la ZAC de la Nouvelle Ère est quasiment vide depuis sa création et toujours inachevée. Cette absence de commercialisation coûte à la collectivité, qui tente de trouver une solution. Un échec aux multiples raisons.

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Photo DR

Le dossier revient régulièrement au coeur des débats du conseil communautaire. Un boulet dont l’agglomération n’arrive pas à se détacher depuis 2011. Dans la lignée de l’inauguration de la gare Franche-Comté TGV, une Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) est prévue. Sur 90 000 m2, la Nouvelle Ère doit accueillir un « quartier d’affaires » accolé à la gare. Une partie « clairière », réservée au secteur tertiaire et boostée par la fréquentation du ferroviaire. L’aménagement est inachevé et pour cause, aucune entreprise  n’est installée. Treize ans plus tard, La Nouvelle Ère le lieu n’a que le nom et une page Wikipédia, ou presque. Trois lots sur une quinzaine sont vendus.

« C’est le désert de Gobi », résume Marcel Felt, maire de Miserey-Salines et vice-président en charge des zones d’activités, en pleine séance. « Toutes les zones de ce type jusqu’à Marseille sont remplies, mais pas chez nous. On subit cet espace, on n’a pas réussi et on ne s’interroge pas sur cet échec », ajoute l’élu. « Vous pouvez ouvrir ce débat et cette question avec un groupe de travail quand vous voulez », répond la présidente de GBM Anne Vignot, légèrement agacée.

Relancer le projet avec l’industrie légère et l’artisanat

Pour relancer le projet, GBM a décidé de revoir le programme pour la zone des clairières et de la gare, permettant à des entreprises d’industrie légère et des artisans de s’installer. La modification a aussi un coût : une perte prévisionnelle des recettes évaluée à près 1,3 million d’€ pour la collectivité, en lien avec le prix de vente au m2 plus faible pour ce type d’activité économique. À cela s’ajoute une augmentation 702 000 € du bilan de la concession entre GBM et Sedia, aménageur du secteur. « C’est mieux de mettre 1,3 million maintenant plutôt que d’attendre à nouveau 20 ans. Avec ce changement de parcelles, ça peut faire un effet boule de neige, j’en suis certain », analyse Anthony Nappez, en charge des bâtiments et adjoint à la commune des Auxons.

« Ce qui manque c’est un gros acteur »

Le faible dynamisme de la zone réside aussi dans son accès. Paradoxal quand on est collé à une gare multimodale. « Les navettes entre Les Auxons et Besançon ne sont pas aux bons horaires pour les potentiels travailleurs intéressés », souligne Laurent Croizier. Un constat déjà décrié depuis plusieurs années et pour lequel le député peut avoir un rôle à jouer. « Il y a un parking totalement vide, il pourrait servir de relais pour le covoiturage. »

La fin des travaux sur la RN57 dans le secteur de Cayenne et pour accéder aux Auxons, va aussi aider. Les entreprises ne sont qu’à 15 minutes de Besançon en voiture et les parkings existent largement. « Ce qui manque c’est un gros acteur », commente Nicolas Bodin. « Une entreprise qui amène des centaines d’emplois d’un coup. Il y a eu des contacts et une série de mauvaises conjonctures. On est tous comptables de cette histoire », avant que Marcel Felt ne résume ironiquement : « il faut lui donner une nouvelle ère… »

Une gare refusée par les bisontins

En 2001, Jean-Louis Fousseret joue sa première élection à la mairie de Besançon. Malgré son arrivée en tête au 1er tour (31,71%), le score d’Éric Alauzet, à l’époque écologiste (16,01%), impressionne et surtout oblige le socialiste à négocier avec Les Verts. Parmi les débats, la future ligne à grande vitesse pour les TGV qui doit passer à Besançon. Deux options sont sur la table : la première avec une nouvelle gare aux Auxons, privilégiée par le PS et Jean-Louis Fousseret. La seconde avec l’agrandissement de la gare Viotte, défendue par les écologistes. Les deux camps s’entendent sur un référendum local des bisontins, façon suisse, après les municipales. L’alliance est signée, Jean-Louis Fousseret est élu maire mais ce vote sur l’avenir du TGV est un flop total pour l’élu socialiste. Le taux de participation n’est que de 40% mais surtout, 70% des votants refusent le projet aux Auxons. Évoquant des raisons techniques d’une ligne LGV difficile à mettre en place à Viotte, plus cher à court terme aussi, Jean-Louis Fousseret maintient son choix, et la création de cette ZAC La Nouvelle Ère autour.