Bourgogne Franche-Comté. Quel avenir pour l’apprentissage ?

Alors que ce cursus de formation est réputé partout en Europe, que son développement plus récent en France commence à porter ses fruits, les aides versées aux employeurs d’apprentis devraient baisser en 2025.

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Le réseau des Chambres de Métiers et de l'Artisanat s'inquiète de la baisse des aides aux recrutement des apprentis ©DR

Le réseau des Chambres de Métiers et de l’Artisanat (CMA) s’inquiète sur l’impact dans le recrutement. Emmanuel Poyen, Président de la CMA de Bourgogne Franche-Comté, alerte le gouvernement sur les conséquences pour l’artisanat, notamment dans la région.

« Depuis plusieurs semaines, nous alertons le gouvernement sur les effets négatifs que ne manquera pas de produire la baisse de la prime versée aux entreprises employeurs d’apprentis. Cette prime, unique, de 6 000 €, est en effet nécessaire pour compenser le temps et la matière d’œuvre investis par chaque artisan dans le cadre du recrutement et de la formation de l’apprenti… Ce montant est indispensable pour que les artisans continuent en 2025 de proposer un avenir professionnel à plus de 200 000 jeunes », souligne Emmanuel Poyen.

Les Chambres de Métiers et de l’Artisanat considèrent que la décision de réduire de 1 000€ cette aide pour les entreprises de moins de 250 salariés aura un impact négatif sur le recrutement dans le secteur de l’artisanat. Dans le contexte économique actuel et la tension sur la trésorerie des entreprises artisanales, cette baisse est loin d’être neutre et pourrait voir reculer le nombre de jeunes accueillis et formés dans l’artisanat.

« Un coup de rabot » contraire à l’esprit de la loi

Le réseau des CMA, regroupant principalement les TPE de l’artisanat, avait souligné la distinction faite par le gouvernement avec les grandes entreprises et les niveaux supérieurs de formation. La loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » visait à promouvoir et faciliter l’accès à la formation professionnelle dans les TPE. Pour les Chambres de Métiers et d’Artisanat, le choix de « raboter » tout en continuant à aider toutes les entreprises,  » risque d’enrayer la dynamique de l’apprentissage dans les plus petites et donc dans l’artisanat, secteur pour lequel le recrutement par apprentissage est indispensable « .

Un nombre de contrats d’apprentissage en baisse à la prochaine rentrée ?

Pour Emmanuel Poyen,  » il est à craindre que des artisans se détournent de l’apprentissage, posant à court terme des difficultés de recrutement pour l’artisanat et à moyen terme le risque de voir disparaître des entreprises artisanales faute de repreneurs « . C’est aussi le risque de voir l’équilibre financier de certains CFA (centres de formation d’apprentis) remis en question.

Le réseau des Chambres des Métiers et de l’Artisanat comprend que le contexte budgétaire tendu impose des choix. Déjà, le projet de décret distingue selon la taille des entreprises.  » C’est un critère et une logique que nous défendons depuis longtemps « . Les artisans revendiquent que  » pour aboutir à une solution juste, efficace et équitable… il faut maintenir le niveau actuel de l’aide pour les entreprises de moins de 50 salariés… et prendre un ciblage des aides qui vise à privilégier les aides vers les entreprises qui en ont le plus besoin (éviter les effets d’aubaine) et vers les formations de niveau 3 et 4 produisant une plus grande valeur ajoutée en matière d’insertion professionnelle « .

Un impact sur les cotisations sociales

Le réseau des CMA s’inquiète sur les décisions à venir  » quant à l’assujettissement éventuel aux cotisations sociales pour les rémunérations des apprentis inférieures à 79% du SMIC. En taxant dès 50% du SMIC, voire en taxant à la CSG et la CRDS dès ce niveau de salaire, les entreprises artisanales seront à nouveau pénalisées « .

Yves Quemeneur