Besançon. La RN57, Micropolis et son stationnement au cœur d’un conseil municipal électrique

Le contournement ouest de Besançon est revenu sur la table du conseil municipal jeudi 19 juin. Si Anne Vignot assure mener toutes les études nécessaires, en particulier celles concernant Micropolis et son stationnement, l’opposition accuse la maire de tout faire pour ralentir le projet. La proposition de Laurent Croizier (Modem) d’utiliser l’aire des gens du voyage comme nouvelle zone de stationnement a fait bondir la majorité.

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Micropolis à Besançon

« Demain est moins à découvrir qu’à inventer ». Pour Anthony Poulin, adjoint écologiste en charge des Finances de la ville, débuter une prise de parole par une citation est une habitude. Si l’élu choisit le philosophe Gaston Berger pour ouvrir les débats autour du projet d’aménagement et de développement durables (PADD), bien d’autres phrases de penseurs et écrivains peuvent résumer ce conseil municipal du 19 juin. Celle de Honoré de Balzac, « il suffit d’une étincelle pour mettre le feu à une forêt » (Illusions perdues), est peut-être l’une des appropriées, tant ce PADD amorce une longue et tumultueuse séance. Un document politique, légèrement modifié par rapport à sa première version présentée en 2023, et qui doit encore être voté en conseil communautaire.


À travers cette présentation, Ludovic Fagaut (LR) y voit le reflet « de l’inaction » de la majorité en matière d’économie. « Plusieurs maires de l’agglomération se sont déjà plaints lors du débat sur les zones d’activités économiques (ZAE) », lance le chef du groupe d’opposition Besançon Maintenant avant d’enchaîner sur le projet d’aménagement de la RN57, au cœur du point essentiel qu’est l’interconnexion entre les collectivités : « Où en est-on ? Nous avons besoin de vous entendre sur ce sujet, ça fait plusieurs mois que nous vous le demandons ».

Ludovic Fagaut, chef de file du groupe Besançon Maintenant ©YQ

Financement de la RN57 : des millions contre des pourcentages

Piquée, la maire Anne Vignot contre-attaque : « je suis surprise de cette question concernant la RN57, cela voudrait dire qu’au Département il n’y a pas de suivi sur ce dossier ? » demande l’élue, avant de rappeler que seul le conseil département du Doubs, où Ludovic Fagaut siège comme vice-président, s’est engagé « sur un financement en valeur absolue quand toutes les autres collectivités s’engagent à prendre en charge un pourcentage ».

Une subtilité qui change la donne, surtout lorsqu’on parle d’un projet évalué à 130 millions d’€ : les sommes annoncées peuvent évoluer avec le temps. Pour Anne Vignot, s’engager sur « des pourcentages » est donc une garantie plus forte qu’une somme définie à l’avance, comme les 15,5 millions d’€ du conseil départemental sur la première phase de travaux entre la rue de l’Amitié et le pont de Beure. « Un engagement financier sur une compétence qui n’était pas la nôtre, sans notre apport, il n’y a pas de projet ! », se défend Ludovic Fagaut au nom du conseil départemental. « La RN57, ce n’est pas que Besançon, nous mettons aussi 2,5 millions d’€ sur le contournement sud de Pontarlier, vous avez une vision tellement restreinte et partisane que vous oubliez cela ».

Deux visions opposées qui se rejoignent au croisement de la la RN57 et de la D673. Si la première appartient bien à l’État, l’échangeur avec la rue de Dole lui, dépend du Département. Sa transformation, prévue dans le projet du contournement ouest de Besançon, relève bien, en partie, des responsabilités du conseil départemental.

Anne Vignot, Maire de Besançon ©YQ

Supprimer l’aire des gens du voyage, la proposition explosive de Laurent Croizier

Si les budgets sont votés, la lenteur de l’avancée du projet est perçue par l’opposition, Ludovic Fagaut et Laurent Croizier en tête (Modem), comme une volonté de freiner son avancée. Contre le projet, Anne Vignot l’a toujours été et l’avait même fait savoir par un vote en juin 2021, lors d’une séance municipale déroutante où l’élue s’était retrouvée en minorité avec toutefois le devoir de négocier des points d’améliorations du dossier.

Ce que l’élue a fait en relançant l’étude du stationnement autour de Micropolis et d’une circulation maintenue pendant les dix années de travaux. De multiples réunions avec la Préfecture, alors que la mise en place des travaux a commencé du côté de l’Amitié. « En 2014, les élus envisageaient une nouvelle RN57 avec environ 280 places pour le Palais des Expositions. Vous imaginez ce que ça implique ? J’ai demandé que nous soyons honnêtes sur le besoin de stationnement sur et autour de Micropolis, le travail se fait au plus haut sommet de l’État je vous rassure ! », répond Anne Vignot. 

 « Ravi mais pas dupe » de ces annonces concernant le stationnement, Laurent Croizier choisit ce moment pour tenter une proposition explosive. « Nous savons que c’est une nouvelle manœuvre pour ralentir et empêcher ce projet mais vous n’y arriverez pas. […] Il est temps d’envisager de nouvelles places sur l’aire des gens du voyage. Le terrain n’est pas propice pour eux, mais le serait pour le stationnement. Soyez-en sûr, vos déclarations sont très observées ! »

Laurent Croizier au conseil municipal de Besançon. ©YQ

Le député de la 1ère circonscription ne croit pas si bien dire. Des gens du voyage écoutent la séance du conseil en direct et découvrent avec stupeur l’annonce faite par l’élu (lire l’encadré ci-contre). La maire Anne Vignot s’insurge contre ces propos : « dire que les gens du voyage ne sont pas au bon endroit, c’est une terminologie qu’un parlementaire ne peut pas utiliser. J’ai la dignité de ne pas en parler publiquement sans avoir de possibilité de les installer dans un endroit digne de l’accueil qu’ils méritent, c’est assez scandaleux ce que je viens d’entendre », avant d’être soutenu par le conseiller Christophe Lime (PCF), « vous avez beaucoup d’idées pour les enlever mais je n’ai pas entendu de proposition pour les mettre ailleurs ! » La proposition est toutefois bien à l’étude (lire l’interview d’Yves Guyen ci-contre). Le dossier RN57 et son aménagement autour de Micropolis devraient régulièrement revenir lors des prochaines séances du conseil communautaire.

M.S