C’est un bilan global de la violence que présentait Jean-François Colombet, préfet du Doubs, dans ses locaux début mars. À ses côtés, les représentants des différentes autorités locales : gendarmerie, police, douane et justice.

Les atteintes aux biens (AAB)

En hausse par rapport à l’année précédente (+11%), zones police et gendarmerie confondues, il s’agit surtout d’une forte recrudescence des vols sans violence contre des entreprises ou des établissements (+ 32 %) et des vols liés aux véhicules à moteur (+18,7%). « Ce dernier chiffre comprend le vol de carburant. Compte tenu de la conjoncture économique, le phénomène augmente surtout sur les aires de repos. », commente Jean-François Colombet.

Concernant les cambriolages de logement, leur nombre est en forte baisse par rapport à 2019 : 898 cambriolages de logements en 2022 contre 1 343 trois ans auparavant. « Sur ce point on est complètement à l’inverse du ressenti de la population qui est persuadé que la délinquance explose, que l’on cache des chiffres, etc. Ce n’est pas le cas », analyse Étienne Manteaux, le procureur de la République à Besançon.

Plus d’atteintes à l’intégrité physique

C’est une augmentation constante depuis 2019. Les chiffres des atteintes volontaires à l’intégrité́ physique (AVIP) poursuivent la hausse avec 6 275 faits en 2022 contre 5 910 en 2021 (+6,2 %) et 5602 en 2019 (+ 12 % sur 2019-2022). Dans le détail néanmoins, les violences physiques dites crapuleuses sont en baisse. « C’est-à-dire celles qui accompagnent un autre acte. Par exemple un vol avec arme. Ces violences diminuent », poursuit Jean-François Colombet, toujours avec des chiffres à l’appui : 250 faits en 2022 contre 269 en 2021 et 355 en 2019. Des violences constatées sur l’espace public principalement.

Autre augmentation au niveau des violences physiques gratuites (non crapuleuses), au sein de l’espace privé : 3 925 faits constatés en 2022 contre 3 617 en 2021, et 3 420 en 2019. « Nous devons également constater des violences sexuelles plus importantes : 594 faits en 2022 contre 572 en 2021, et 431 en 2019. », glisse le préfet.

Les violences conjugales et intrafamiliales d’avantage révélées

« Nous avons une société qui est hyper violente dans la sphère privée. Elle est aussi due à une délinquance révélée davantage. La parole se libère et c’est une excellente chose, notamment grâce aux efforts des services de police et de gendarmerie pour accueillir les victimes. Pour lutter contre cette violence dans l’espace privée, là où les forces de sécurité intérieure ne peuvent rien, il faut développer des politiques publiques et améliorer l’accueil des victimes pour que la parole continue à se libérer. »

L’année 2022 se caractérise par une augmentation des chiffres des violences intrafamiliales avec une hausse de 43,43% du nombre de victimes par rapport à 2021 (dont environ 80 % sont des femmes) : 3 081 faits de violences intrafamiliales pour 2 148 en 2021 et 2880 en 2019 (+7% entre 2019 et 2022).

« La communication du bilan de la délinquance est toujours quelque chose de très critiqué mais les chiffres bruts peuvent être analysés de différentes manières. La réalité statistique ne traduit pas forcément la réalité de la délinquance. L’écart entre ces deux domaines est très faible sur les cambriolages par exemple. Pour les violences conjugales, la société d’il y a 25 ans n’est pas celle d’aujourd’hui. Ce qui était « admis », ne l’est plus aujourd’hui et ce puissant mouvement de libération de la parole débuté dans les années 2010 puis accéléré avec #Metoo ou #Balancetonporc, peut donner l’impression d’une société beaucoup violente. Les femmes déposent plus souvent plainte et c’est à mettre au crédit du mouvement sociétal fort et l’amélioration des services. », nuance Étienne Manteaux.

 Rodéos Urbains : 102 véhicules saisis dans le Doubs.

Si à Besançon la lutte contre les rodéos urbains s’est intensifiée depuis deux ans, elle concerne néanmoins tout le territoire : 163 procédures initiée par la gendarmerie et la police nationales, en hausse de 33 % par rapport à 2019, conduisant à la saisie de 102 véhicules sur le département.

Une proposition de quatre nouvelles brigades mobiles déposée au ministère de l’Intérieur

Pour défendre son bilan et les actions des autorités locales, le Jean-François Colombet s’appuie sur l’augmentation des infractions révélées par l’action des services (IRAS) : +6,55% entre 2022 et 2021. Les homicides et tentatives d’homicides crapuleux comme non crapuleux sont en recul de 8 % : 35 faits en 2022 pour 38 en 2021.  « À l’annonce du Président de la République concernant la création de 200 futures brigades de gendarmerie, nous avons déposé un dossier auprès du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour ajouter quatre nouvelles brigades mobiles dans le Doubs et améliorer encore notre présence sur le terrain », explique Jean-François Colombet.

Dans le détail, cette demande concerne une première brigade mobile basée à Besançon avec une compétence départementale sur les violences intrafamiliales (VIF). Une seconde équipe installée à Orchamps-Vennes serait spécialisée dans les infractions liées à l’environnement. « Nous sommes derrière les fromageries depuis quelques temps. Beaucoup de maires se plaignent également de dépôt d’ordures sauvages. Ce sont des sujets à traiter avec une brigade spécialisée. »

Troisième brigade souhaitée dans la proche banlieue de Montbéliard, spécialisée en violences urbaines. « C’est un vrai sujet sur le secteur », commente le préfet. La dernière brigade voulue par le préfet serait pour le secteur de Baume-les-Dames. « Il y a un petit trou dans la raquette d’après nos relevés d’activité ». La réponse du ministre devrait être connue à l’automne 2023. »

M.S