Galeries Lafayette, les salariés restent mobilisés

La procédure de sauvegarde prononcée le 23 février dernier par le Tribunal de Commerce de Bordeaux concernait 25 magasins franchisés Galeries Lafayette et un magasin Outlet. Cette procédure permet la poursuite de l’activité des magasins et le gel des dettes fournisseurs.

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Les Elus et élues CFDT des magasins Galeries Lafayette de Besançon et Belfort, étaient mobilisés le 18 avril pour rappeler aux juges du Tribunal de Commerce de Bordeaux "qu'ils existent" ©YQ
« Nous voulons rappeler au Tribunal de commerce de Bordeaux que nous existons »

C’est dans ces termes que Frédéric Hacquard, Délégué syndical central de « Hermione People & Brands » a justifié l’action menée par le syndicat devant le magasin Galeries Lafayette de Besançon. Il était accompagné d’élus CFDT du magasin de Chalon sur Saône et par Laurence Rulofs, déléguée régionale CFDT et salariée du magasin de Belfort, ainsi que Stéphane Boulais, élu CFDT à Belfort.

Beaucoup d’élus, d’anciens commerçants et de simples passants s’inquiètent de l’avenir de ces grands magasins de centre-ville, poumons de l’activité commerciale partout en France.

Sauvegarde sans redressement judiciaire

Les 25 magasins franchisés Galeries Lafayette, dont ceux de Besançon, Belfort et Chalon sur Saône font l’objet d’une procédure de sauvegarde. Il s’agit pour le Tribunal de Commerce de « laisser le temps au temps », soit pour l’actuelle exploitant de trouver des solutions pérennes en interne, soit de permettre à d’éventuels repreneurs de faire une proposition de reprise des murs et de l’activité des magasins. Précision utile, les magasins GL d’« Hermione People & Brands » ne sont pas en procédure de redressement judiciaire et encore moins de liquidation. Cette situation doit rassurer les investisseurs et surtout les clients de l’enseigne, soucieux de conserver des magasins de qualité en proximité.

Galeries Lafayette, victimes collatérales du château de cartes Michel Ohayon

Dans l’univers de l’homme d’affaire bordelais, Camaïeu a récemment disparu, laissant sur le trottoir 2600 salariés. Go Sport pourrait bien suivre le même chemin ; toutefois, le Tribunal de Commerce de Grenoble (siège de Go Sport) a reçu une vingtaine de dossiers de reprise, dont InterSport qui tient la corde. Pour les salariés des Galeries Lafayette, la reprise par la coopérative de commerçants indépendants, 2ème distributeur d’articles de sport derrière Décathlon, serait un bon signal pour l’ensemble des salariés du groupe en difficulté.

Il reste que les 25 magasins franchisés Galeries Lafayette pourraient avoir des avenirs différents. A Belfort, le magasin du Faubourg de France exploite effectivement  4000 m² dans un immeuble de 10000 m². Le magasin est ancien et nécessite une réhabilitation importante dans un contexte économique et commercial difficile de la Cité du Lion. La situation est différente à Besançon. « La période récente voit une chute importante du chiffre d’affaires » souligne Frédéric Hacquard « mais ne remet pas en cause sa rentabilité à terme ». Pour le représentant CFDT central des Galeries Lafayette, il faudra bien que le franchiseur parisien participe à la solution qui sera choisie par le Tribunal de Commerce au terme de la procédure.

Anne Vignot, la Maire de Besançon, était présente aux côtés des salariés ce 18 avril. Mais la municipalité a peu de moyens d’actions, si ce n’est d’accompagner la reprise de l’enseigne quand le temps sera venu.

Les solutions possibles suspendues à l’enquête judiciaire

Le parquet de Paris a ouvert une enquête judiciaire pour « escroquerie en bande organisée, blanchiment habituel, banqueroute et abus de bien social », en prolongement d’une enquête ouverte à Grenoble à la suite des « révélations de faits délictueux » dénoncés par les commissaires aux comptes de la société HPB. Les investigations des enquêteurs et des juges pourraient être élargies à l’ensemble de la myriade de sociétés appartenant à Michel Ohayon. Le sulfureux homme d’affaires bordelais est dans la tourmente.

La situation de « Hermione People & Brands » est aussi la partie émergée d’une profonde mutation du commerce. Achats en ligne, achats seconde main, magasins éphémères…le commerce devra trouver un nouveau souffle pour garantir l’attractivité des centre-ville. Le commerce de proximité des villes a été, est et restera un élément essentiel du lien social, proximité qui doit se retrouver également dans les bourgs et les villages. Ou bien, serons-nous bientôt des zombies accrochés à nos écrans de portables sans avoir besoin de parler, d’écrire et de compter puisque l’Intelligence Artificielle s’en chargera !

Yves Quemeneur