Haut-Doubs. Le douloureux lendemain des Républicains

Territoire où la droite a toujours récolté de nombreuses voix, le Haut-Doubs a rayé Les Républicains lors du premier tour des élections présidentielles, dimanche 10 avril. Les électeurs ont privilégié Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Un résultat dur à encaisser pour les élus locaux.

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Anhtony Gauthier, élu Pontissalien Les Républicains

A l’image de leur candidate sonnée à l’annonce des résultats définitifs du 1er tour de l’élection présidentielle, les élus locaux du Haut-Doubs encartés chez les Républicains ont passé un dimanche 10 avril difficile. Jamais la droite française n’avait connu un tel échec à une élection présidentielle : avec 4,8% de suffrages, Les Républicains devront rembourser les frais de campagne avant le 15 mai 2022. Valérie Pécresse qui a personnellement investi 5 millions d’euros dans l’aventure, a lancé un appel à ses électeurs pour obtenir des dons et récolter la somme nécessaire.

« La Droite s’est perdue, a perdu sa ligne directrice et ses électeurs avec. Les fondamentaux n’étaient plus au rendez-vous et Valérie Pécresse n’a pas su faire comprendre son programme. C’est une claque monumentale pour nous, le pire score sous la Ve République », explique Anthony Gauthier, élu pontissalien chez LR depuis dix ans.

A Morteau, berceau d’Annie Genevard, LR s’enterre

Plus dur encore à encaisser sur ce territoire historiquement de droite. Annie Genevard, longtemps maire de Morteau et aujourd’hui numéro 2 du parti, dirigeait le pôle « Élus et territoire » pour la campagne de sa candidate. Cinq ans plus tôt, François Fillon malgré les multiples scandales arrivait en tête avec 28,79% des suffrages dans la commune frontalière. Ce dimanche, Valérie Pécresse n’a récolté que 8% des voix au même endroit. Loin très loin des 33% d’Emmanuel Macron. Même Mélenchon a réuni 18,8% des suffrages à Morteau tandis que Marine Le Pen suivait avec 17,5%.

Même trio de tête à Pontarlier quand Valérie Pécresse dépasse de peu les 5% ce dimanche 10 avril (Ndlr : François Fillon accrochait les 23% en 2017). La candidate se retrouve même derrière Zemmour et Jadot. « Il faut savoir être humble. Valérie Pécresse a commis des erreurs mais c’est de notre responsabilité à tous. Nous devons revenir sur des sujets de société qui ont fait la gloire du parti : un régalien fort sur la sécurité, le pouvoir d’achat, des choix sociaux juste. Une vraie droite, pas de Macron-compatibles, pas des élus qui partent chez les extrêmes ; une droite qui n’a jamais vendu ses convictions pour diverses raisons. », poursuit Anthony Gauthier.

Le choix ou non du barrage républicain avant les législatives

Pour l’élu pontissalien, la « vraie droite » ne s’arrête pas là : « C’est aussi celle qui a le droit de dire qu’elle ne votera pas pour Macron au deuxième tour. Je ne le soutiendrai pas. » Le clivage autour du barrage républicain a duré toute cette semaine d’entre-deux tours. Quelques minutes après sa défaite, Valerie Pécresse appelait ses militants à voter pour Macron quand dans le même temps Éric Ciotti appelait à voter contre le président sortant, sans directement soutenir Marine Le Pen. « Pendant cinq ans nous avons combattu le quinquennat de Macron, on ne peut pas appeler à voter pour lui aujourd’hui. », glisse Anthony Gauthier. Une manière pour l’élu de réitérer sa loyauté envers son parti et de préparer le terrain déjà, pour les législatives où Annie Genevard s’est à nouveau présentée dans la cinquième circonscription. « On ne quitte pas le navire quand ça ne sent pas bon. Je soutenais Eric Ciotti au congrès, j’ai soutenu Valérie Pécresse et je vais l’aider dans son remboursement de campagne, tout comme je soutiendrai Annie Genevard dans la course aux législatives. »

Martin SAUSSARD