Mélanie Geoffroy

Intégrée de manière transversale à la direction départementale de l'emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP), la déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité évoque son rôle et son action à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes le 8 mars.

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Aujourd’hui, une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint. Cela ne peut plus durer. Un Grenelle des violences conjugales s’est tenu au niveau national puis a été relayé localement avec les acteurs du territoire.

A quoi sert la déléguée départementale que vous êtes ?

Je suis chargée d’impulser la politique des droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes sur le territoire départemental en mettant en œuvre la politique souhaitée par le Ministère. Il s’agit concrètement du déploiement des mesures de la politique d’égalité et non pas du traitement de cas particuliers. Ce travail s’effectue par la mise en œuvre d’actions menées en partenariat avec des associations engagées sur des thématiques, avec des collectivités locales et bien entendu avec les autres services de l’Etat. Le rôle de la déléguée départementale que je suis est donc de faire travailler ensemble tous ces acteurs, pour co-construire la déclinaison locale de cette politique en vue d’instaurer une culture commune dans le respect des procédures, de mobiliser.

Qu’en est-il des violences faites aux femmes ?

C’est évidemment une question très importante et qui a tristement fait l’actualité ces derniers mois à Besançon avec des féminicides qui ont à juste titre marqué l’opinion publique. Un plan départemental ( 2022 – 2022 ) a été mis en place par la Préfecture, les agglomérations de Besançon et Pontarlier, le Département et les parquets des tribunaux judiciaires de Besançon et Montbéliard . Des engagements ont été pris pour mieux protéger et prendre en charge les victimes. Sur le terrain, intervenants sociaux, police et gendarmerie ont été recrutés et les personnels de police et gendarmerie doivent être formés pour une meilleure écoute tout en tissant des liens étroits avec les associations investies sur le terrain. L’accueil de jour des femmes victimes de violences proposé par Solidarité Femmes et les dispositifs d’hébergement d’urgence permettent un éloignement du domicile des femmes et de leurs enfants. Il est aussi important de souligner le développement du dispositif Altérité, créé en 2018  à Besançon ,  dispositif d’accueil pour les auteurs de violence qui peuvent être hébergés et aidé, sous contrainte judiciaire et/ ou sur la base du volontariat depuis 2021.

Quels autres leviers d’action avez-vous ?

En matière d’égalité au sens large, nous avons surtout un important travail de pédagogie à mener, d’où un partenariat étroit avec l’Education Nationale. Dans les collèges et lycées, des référents égalité filles / garçons sont en place. L’objectif est de créer une dynamique durable pour que les établissements s’emparent de ces sujets tout au long de l’année. Pour prendre des cas concrets, il peut s’agir d’exposition sur le consentement, de promouvoir les femmes dans les sciences et techniques ou encore de la question du bien-être dans son genre. Toutes ces questions peuvent aussi être abordées encore plus tôt, dès l’école primaire avec des outils pédagogiques adaptés. C’est un travail sur légalité filles / garçons autour du respect de l’autre et de la différence.

Et pour le monde du travail, que pouvez-vous faire ?

Quand il est question du domaine professionnel en agissant aux côtés des entreprises elles-mêmes ou des chambres consulaires par exemple pour évoquer les inégalités professionnelles et salariales, la différence d’accès aux responsabilités ou encore les métiers très segmentés que l’on pense réservés aux hommes. Sur ce sujet, pour faire évoluer les mentalités, des forums sont organisés comme en octobre dernier à Planoise et ce mois-ci à Montrapon. Il faut donc lutter contre les stéréotypes, favoriser la mixité à tous les niveaux et insister sur le rôle égalitaire de l’homme et de la femme dans nos sociétés. Pour ce faire, une méthode de travail est mise en œuvre : c’est l’approche intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes : On part pour cela de constats chiffrés montrant les inégalités en la matière et à partir de là, notre rôle est d’œuvrer pour un rééquilibrage à travers une « action positive » pour réduire ces inégalités, en créant une dynamique partenariale et des actions ponctuelles ou récurrentes. C’est mettre des lunettes ou développer un logiciel d’analyse des inégalités entre les femmes et les hommes et mettre en œuvre les mesures correctives de ces inégalités pour que l’égalité femmes hommes soit réellement en marche.