Université Bourgogne Franche-Comté, au-delà de la guerre des communiqués

L’Université de Bourgogne demande le divorce !  Est-ce une nouveauté ou la simple conclusion d’un mariage forcé, voulu ni par la Bourgogne, ni par la Franche-Comté ?

850
« Il n’y a pas de conflit avec Besançon » (Vincent Thomas, Président de l’Université de Bourgogne)

Dans sa conférence de presse de rentrée le 9 septembre, le président de l’Université de Bourgogne entérine le divorce, prenant prétexte que 80% des fonctions support de la COMUE sont installées à Besançon « situation inacceptable » pour le Professeur de Droit bourguignon. Vincent Thomas s’empresse d’ajouter « il faut rééquilibrer la répartition »…autrement dit, mettre le siège opérationnel de la COMUE à Dijon.

En fait, l’Université de Bourgogne veut reprendre la résidence principale et la garde des enfants (les quelques 80 000 étudiants de la grande région).

L’université de Franche-Comté fêtera en 2023 les 600 ans de sa création

Elle a été fondée en 1423 par Philippe le Bon, Duc-Comte de Bourgogne. Sa décision place l’université comtoise à la 10ème place des universités les plus anciennes de France. Elle compte aujourd’hui près de 30 000 étudiants dont deux pépites reconnues internationalement : le Centre de Linguistique Aplliquée (CLA) et l’ENSMM devenue SupMicroTech.

Sa voisine bourguignonne ne sera fondée que trois siècles plus tard. Elle fête en 2022, à grand renfort de communication, ses 300 ans d’existence. Cet anniversaire en grandes pompes n’est probablement pas étranger à la volonté de Vincent Thomas de quitter le domicile conjugal !

La réalité autour du classement de Shanghai

L’Université de Bourgogne se targue d’apparaître dans le prestigieux classement mondial de l’Université de Shanghai. Le classement est à relativiser puisqu’il tient compte de l’ensemble des publications scientifiques communes à l’Université Bourgogne Franche-Comté…Il est utile de le préciser.

Un divorce est parfois une bonne nouvelle

C’est du moins ce que pense Jean-Philippe Allenbach, le Président du Mouvement Franche-Comté

« Après 6 années de vie commune, de querelles et d’humiliations à l’encontre de la Franche-Comté, la fusion avait abouti à un désastre universitaire complet… » Jean-Philippe Allenbach en profite pour tacler les partisans comtois de la COMUE. « Les promoteurs de la fusion, notamment au plan universitaire, argumentaient que la fusion allait créer de nouvelles synergies…Le Mouvement Franche-Comté n’avait cessé de dire depuis 6 ans que ce désastre était programmé ».  Jean-Philippe Allenbach en vient à remercier la décision bourguignonne « Cela va permettre à l’Université de Franche-Comté de retrouver son autonomie et sa liberté de pouvoir passer, au mieux de ses seuls intérêts, tous les accords qu’elle souhaite avec d’autres universités ». Le régionaliste franc-comtois évoque les collaborations avec l’Alsace, l’Allemagne et la Suisse.

« Une perte de temps délétère » pour les principales agglomérations franc-comtoises

Dans un communiqué commun, Anne Vignot Présidente de Grand Besançon Métropole, Damien Meslot Président de Grand Belfort, Charles Demouge Président de Pays de Montbéliard Agglomération et Alain Chrétien Président de la Communauté d’Agglomération de Vesoul, s’insurgent contre le démantèlement de l’écosystème de l’enseignement supérieur et de la recherche par la seule volonté de l’université de Bourgogne « au moment où les collectivités de Franche-Comté investissent massivement dans l’enseignement supérieur », référence entre autres à l’investissement de 80 millions d’euros sur le campus de la Bouloie à Besançon.

Les élus francs-comtois « remercient l’Etat d’avoir statué sur l’impossibilité juridique d’un « bi-site » et d’avoir entériné les accords sur les équilibres territoriaux de la réforme de 2015″. Les signataires de Franche-Comté concluent « Il est maintenant urgent que les acteurs de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche régional, se mettent autour de la table avec les collectivités et l’Etat, pour l’avenir de la recherche et la formation de nos étudiants ».

Et si le divorce qui semble consommé entre les deux universités n’était que les prémices d’une séparation de toute la famille ?

Yves Quemeneur