11e Tattoo Show : une convention toujours plus forte

Après un long travail de démocratisation, l’univers du tatouage s’ancre dans les mœurs et se diversifie. Un développement en lien avec sa professionnalisation que la convention du Tattoo Show à Besançon met en avant les 16 et 17 mars à Micropolis.

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Longtemps, Jean-Marc Bassand a considéré les réseaux sociaux comme une contrainte pour les tatoueurs. Ces clients qui débarquent avec leurs envies imposées à des salons, au détriment de la créativité… Un refus de l’évolution paradoxal pour le patron de la Main Noire, qui se bat depuis son adolescence ou presque pour faire reconnaître la place du tatouage dans la société. L’intéressé a depuis changé d’avis sur les réseaux sociaux, leur apport, la complémentarité qu’ils apportent. « J’ai réalisé qu’ils permettaient de décomplexifier les gens par rapport aux idées reçues mais aussi qu’ils développaient les compétences des tatoueurs qui ne se cantonnent plus à ce qu’ils savent faire. Un client peut débarquer avec un dessin créé par un artiste à l’autre bout du globe et il faut le réaliser sur la peau aussi précisément qu’à l’écran. Ça participe à l’amélioration du tatouage et de l’évenement. » 

« Le 10e art français »

Toujours proposer mieux. C’est précisément ce que recherche la convention bisontine du Tattoo Show. L’anniversaire des 10 ans en 2023 avait été une réussite avec le retour de 8000 visiteurs à Micropolis, une jauge connue en 2019, avant la crise sanitaire. Pour l’occasion, l’équipe de la Main Noire avait réuni les grands acteurs des différentes éditions pour une édition en grande pompe. Cet anniversaire a marqué un tournant important pour Jean-Marc Bassand. « Au départ, tous les organisateurs de conventions ont créé ça dans le but de redorer l’image du tatouage. C’était une autre époque, aujourd’hui le tatouage est devenu esthétique, la mode nous a permis de rattraper le retard et les tattoo sont acceptés, revendiqués. On poursuit ces conventions pour défendre nos milieux et continuer à diffuser ses valeurs. Il y a une démarche importante dans l’acte de se faire tatouer, un côté artistique. C’est sur ce plan qu’on se bat depuis plus de 30 ans. Faire du tatouage le 10e art français. »

Un combat mené par le syndicat national des artistes tatoueurs (SNAT) pour permettre aux tatoueurs d’être considérés comme artistes et donc de bénéficier d’un statut juridique, social et fiscal. Retoqué une première fois par le conseil d’État en 2013, le SNAT poursuit depuis son travail pour obtenir une reconnaissance officielle alors que le grand public a déjà aujourd’hui accepté le tatouage comme une pratique à part entière. Le très médiatique concours de Miss France a même élargi son règlement acceptant les « petits » tatouages depuis deux éditions. Une modification qui n’est pas étrangère à une étude de l’IFOP, commandée par le syndicat national des artistes tatoueurs (SNAT) en 2016 : on comptait à l’époque 16% de femmes tatouées en France contre 10% d’hommes. Une majorité féminine qui expliquerait aussi une tendance minimaliste du tattoo. « Il n’est pas nécessaire d’avoir un gros tatouage pour avoir une connotation symbolique forte. La nouveauté des dernières années c’est d’en avoir plusieurs, sur différentes parties du corps mais relativement petit. Beaucoup de personnes arrivent avec l’envie d’avoir 3, 4 tatouages d’un coup mais des petits traits et dessins répartis sur le corps. »

Tendance minimaliste

Des chiffres qui ne cessent d’augmenter selon Jean-Marc Bassand, pour un secteur d’activité qui ne connaîtrait pas l’inflation et ses répercussions. « D’abord parce que les prix n’ont pas bougé, sans quoi nous perdrions notre clientèle mais aussi parce que les gens sont décidés à venir se faire tatouer. Il y a plus de discussion sur les prix aujourd’hui, mais c’est peut-être aussi dû à la multiplication des salons ! Au début des années 2010, nous étions une dizaine à Besançon. Aujourd’hui on est une trentaine ! La demande est toujours aussi forte ».

À Micropolis les 16 et 17 mars, la 11 édition du Tattoo Show entérine la notoriété du rendez-vous bisontin. Ils sont 263 tatoueurs annoncés, venus de la France entière et même de pays étrangers. Vingt de plus qu’au cours de l’édition anniversaire, c’est dire. « Le niveau des tatoueurs augmente encore, la réputation du rendez-vous se développe avec. Besançon ne sera jamais une ville comme Lyon ou Paris en termes de fréquentation, pour autant la qualité de la convention est la même. », assure Jean-Marc Bassand qui pilote également le rendez-vous lillois où 20 000 curieux et passionnés se sont réunis l’an passé.

Des concerts, animations, une offre encore plus développée de restauration. Tout est pensé depuis le départ pour permettre aux visiteurs de s’immerger dans une expérience unique avec en point d’orgue les différents concours tout au long du week-end. Pour la suite, Jean-Marc Bassand voit plus loin pour ses exposants. Un accueil encore plus large, des projets encore plus gros pourraient voir le jour à l’avenir. « Il faut les chouchouter, ce sont eux qui font ta réputation aussi ! », souligne l’organisateur. Le métier de tatoueur sera également mis à l’honneur avec un art ’fusion, où plusieurs professionnels dessineront sur une toile pour honorer le rendez-vous. Entre le tatouage et l’art, la ligne est désormais très fine. « La BD a mis des dizaines d’années avant d’être reconnue, un jour ce sera notre tour ! »

M.S