On en prend de la graine

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Le 8 mars dernier, nous déjeunions dans un restaurant chic lorsque ma voisine m’a dit que c’est génial d’être une femme, qu’il y a plein d’avantages. Je ne suis pas très bonne en chiffres, mais par exemple, on a beaucoup moins de risques de mourir sur la route, 8 accidents mortels sur 10 concernent les hommes. Passe-moi les conséquences, et le sel j’ai répondu ! Elle a fait mine de ne rien entendre et elle a poursuivi : Si on est née dans les années 80, on a au moins une chanson rien que pour nous, Femmes des années 80 de Sardou, un chef-d’œuvre sous-estimé jusqu’au bout des seins et de la misogynie. On peut aussi se faire traiter de pute dans la rue par des types très bien, un braquage de notre féminité puni 0 fois sur 100.

Nous sommes aussi très régulièrement invitées à la fermer parce que bon, on n’a pas grand-chose à dire pas vrai ? Mais on ne s’inquiète pas, tout va bien se passer, l’addition c’est pour nous ! Autre avantage, on n’a pas besoin de se battre pour faire entendre notre parole. On parle de nous et de nos combats partout, tout le temps, cool non ? Oui, je préfère tourner les choses en dérision. Je l’ai souvent écrit ici (et je me suis senti bien seul parfois, où êtes-vous je ne vous entends pas ?), l’empathie, la capacité de comprendre et de partager les émotions d’autrui disparaît de notre époque comme de la rue, les cabines téléphoniques et des océans, les poissons. C’est une qualité qui nous permet pourtant de voir les choses d’un autre point de vue, pas seulement du nôtre, c’est bon pour la santé mentale, ça favorise les relations sociales et professionnelles, donc ça contribue à un monde plus juste. Le manque d’empathie construit des murs de haine de plus en plus infranchissables. Il arrivera un moment où plus aucun être humain n’aura la capacité de détruire ces murs porteurs de désespoir. Comme ma voisine, je ne suis pas très chiffres, mais à moins que rapido on sème en nous les graines de la remise en question et de l’écoute de l’autre, une étude révélera bientôt qu’un humain sur trois était aussi con que les deux autres.

Par Éric Genetet