Invité de la semaine. Philippe Alpy, nouveau vice-président de la FTJA

L’assemblée générale de la Fédération du Transjuralpin a eu lieu le 14 novembre. Pascal Vuilleumier a laissé sa place de président à Pascal Broulis, et trois vice-présidents ont été élus : Philippe Alpy (maire de Frasne), Brenda Tuosto (Conseillère nationale et Conseillère municipale à Yverdon-les-Bains), Bénédict de Cerjat (Président de Tourisme Neuchâtelois). La FTJA œuvre pour la vitalité des tronçons ferroviaires transfrontaliers et notamment l’axe Neuchâtel-Frasne qui nécessite des travaux.

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Philippe Alpy
Philippe Alpy

Comment envisagez-vous la vice-présidence à la FTJA ?

Il y avait une nécessité de changer de cap, passer d’une gouvernance technique à une gouvernance politique et à une modification des statuts. J’étais déjà très engagé auparavant. C’est simplement une reconnaissance et un portage politique différent. Mais au-delà, ça ne va rien changer sur le fond de l’engagement, du travail avec les collègues et toute la mobilisation qu’est la nôtre pour faire avancer les sujets. C’est très bien aussi que la gouvernance change, que le politique soit davantage proactif.

Quels sont les sujets de la FTJA ? 

Le premier sujet de la FTJA est dans le lobbying qu’on fait auprès des institutions politiques. Il est nécessaire car une branche comme Frasne-Neuchâtel est très menacée. Côté France, l’objet était de trouver une entrée politique. Je suis à la FTJA depuis 2008, on s’est battu pour garder le Paris-Berne, la ligne TGV sur l’axe Paris-Lausanne, ce qui n’était pas garanti.

Au moment où la ligne à grande vitesse Paris-Zurich s’est mise en place, il était question de fermer le Paris-Lausanne. On a tout connu. On a réussi à garder le Paris-Lausanne, ainsi que le rabattement Frasne-Neuchâtel, même si cette liaison n’est pas satisfaisante, quand le Paris-Berne a été supprimé (en 2013, ndlr).

Le Paris-Lausanne, on s’est battu pour avoir une desserte qualitative donc on a augmenté le nombre de places, mais in fine, on a perdu une quatrième liaison. Si vous voulez travailler une journée à Paris et que vous attaquez à 9h, vous êtes soit obligé d’aller à Besançon, ce qui n’est pas acceptable, soit vous partez la veille au soir et vous prenez une chambre d’hôtel. C’est quand même cher. 

La nécessité est de travailler avec un lobbying politique fort, représentatif, qui puisse peser à Berne et côté français, sachant que c’est la Région. C’est important qu’on soit bien présent et attentif. 

Le sujet qui nous tient à cœur, c’est le renforcement de la ligne entre Frasne et Neuchâtel qui est une affaire d’État. La FTJA a fait son travail de lobbying, la Région s’est battue pour ne pas engager de frais de rénovation de la ligne, et a fait pression sur le canton de Neuchâtel pour qu’il fasse pression sur Berne, pour que Berne interpelle l’État français.

Le président Emmanuel Macron est venu à Berne au printemps, il y avait trois objets dont l’axe Frasne-Neuchâtel qui, par convention, a été considéré comme étant objet de débat de financements d’État à État. Là ça a été réengagé, le ministre du Transport Philippe Tabarot, a acté le fait d’engager des études. On en est que là.

Ce sujet doit être fondamentalement tenu, poursuivi et qu’on soit garant que ce n’est pas une lettre morte. C’est toujours le risque. Une lettre c’est bien, mais derrière qu’est-ce qu’on fait ? Aujourd’hui, on n’a rien vu. On remonte au créneau, c’est tout le travail qu’on doit faire. 

Quels sont les enjeux ? 

Si on ne fait pas une modernisation de la ligne, comme la ligne des Horlogers, l’axe Frasne-Neuchâtel étant affaibli, les trains perdent 1min, 5min, 10min et après ne peuvent plus être en concordance avec les TGV. La ligne Neuchâtel-Frasne n’a plus aucun intérêt, à terme, ça peut menacer l’arrêt à Frasne des TGV. Tout est dans tout et on ne nous fait pas de cadeau. Il faut toujours être omniprésent, en première ligne. 

Les liaisons ferroviaires sont aussi un vecteur économique…

Nous étions sur l’aire Mont d’Or Chasseron tout dernièrement qui allie le Pays du Haut-Doubs avec le Val de Travers, Sainte-Croix, Yverdon, Vallorbe. L’OSTAJ (Observatoire Statistique Transfrontalier de l’Arc Jurassien, ndlr) fait apparaître qu’on est le territoire qui attend la plus grande dynamique de population à venir.

On a déjà l’engorgement des routes. Si on ne prend pas en compte les mobilités au travers du ferroviaire… Le politique peut se battre, il faut que la société civile engage. Cette pétition pour le retour d’une quatrième liaison Lyria est bienvenue (voir notre édition Haut-Doubs, ndlr). Sur l’axe Frasne-Neuchâtel, elle ne fera pas avancer les travaux, mais elle est complémentaire, on ne peut que la soutenir.