Il est presque 1h du matin dans les loges du festival de la Paille où les équipes et artistes du samedi soir se retrouvent et débriefent. Sur place, le trio 47Ter, Pierre-Hugues José ou encore Chiloo. Tous ont un point en commun : ils sont de ces artistes émergents dont la notoriété s’est construite en grande partie grâce aux réseaux sociaux. Les impros postées sur Facebook dès 2017 par trois gamins des Yvelines ont débouché sur 3 albums, six ans plus tard et une réédition. Le rappeur-blagueur de Vesoul a de son côté replacé la Haute-Saône sur une carte dès 2020. Véritable maître de Tiktok, il n’en reste pas moins novice sur la scène, pour l’instant.

Des freestyles aux plateaux TV en un an

Pour Chiloo c’est aussi le rap et les réseaux sociaux à 18 ans. Les auditeurs avides de freestyles découvrent les paroles et le rythme d’un gamin à travers des vidéos publiées pour des concours de pages Instagram, comme @1minute2rap ou @lerapfrançais. Une manière de s’adjuger le titre de « meilleur rappeur amateur » pour les uns, mais surtout de gagner en visibilité et crédibilité, pour les autres. Dès ses premiers pas pourtant, le rappeur originaire du 19e arrondissement de Paris pousse sur sa voix. Gueule d’ange, mâchoire serrée, Achille (son prénom) se fait très vite remarquer. S’il connaît tous les codes d’Internet, Chiloo vit son premier passage télé en 2020 chez Laurent Ruquier en compagnie d’un certain PihPoh, rappeur bien connu en Franche-Comté.

Un EP, un album et le succès d’une reprise

« Je suis assez stressé, ce soir c’est sûrement la plus grosse scène de cet été. Un vrai challenge, j’ai hâte ! », confie l’intéressé, à quelques heures de monter sur la scène Mont d’Or au festival de la Paille, ce samedi 29 juillet. Entre ces deux périodes, l’énorme buzz grâce à la reprise du titre phare de Vianney, Je m’en vais, lui a ouvert les portes des radios et du grand public. « C’est exactement ce que je voulais ! J’avais déjà une communauté avec mon album Genèse sorti en avril 2022 et mon EP Promesses à tenir, deux ans plus tôt. Après le succès de cette reprise, il fallait un titre à moi, pour que les gens me reconnaissent ». Le personnage change aussi : cheveux longs et tressés, barbe taillée, vernis à ongles noir, Chiloo délaisse le rap pour la pop. Plus de chant, plus de possibilités aussi. « En grandissant, j’ai redécouvert que je savais chanter et le processus artistique de la pop me convient bien. Je veux être le plus sincère possible dans mes chansons. Ça ne veut pas dire que le rap est terminé, j’aurai un jour un projet complètement rap, mais plus tard. »

Au bord de la mer,
une formule pour un tube de l’été

Avec le morceau Au bord de la Mer dévoilé au début de l’été, le talent d’Achille se confirme. Une mélodie agréable, des paroles simples inspirées d’une histoire personnelle et un refrain dansant. À l’image du jeu avec le public ce samedi soir à Métabief, la formule fonctionne. « J’ai écrit ce morceau après une rupture, j’avais besoin de m’évader et pourquoi pas au bord de la mer (rires). Le public l’apprécie, les radios et les plateformes de streaming jouent le jeu aussi. Je ne sais pas encore si l’on a réussi à prendre le virage de « l’après Vianney », mais disons qu’on a bien incliné le volant. »poursuit l’artiste. Un titre à défendre jusqu’à l’automne avant d’en dévoiler un autre et peut-être annoncer un deuxième album. La poursuite d’une ascension qui pourrait un jour l’amener sur la Grande Scène du Festival de la Paille avec du rap et de la pop.

M.S

« J’écris sous le coup de l’émotion »

Il y a 3 ans, Chiloo s’était fait remarquer pour son clip « L au pluriel », dénonçant le nombre grandissant de féminicides dans le monde et les violences faites aux femmes. Un choix dicté par l’émotion pour pointer du doigt une situation « qui devrait tous nous concerner », juge le chanteur. « Je ne calcule pas mon engagement, d’ailleurs je ne crois pas l’être réellement. Pour « L au pluriel », j’avais été touché par une statistique effrayante qui disait qu’en 2017, quand je commence à écrire ce morceau, la moitié des femmes tuées dans le monde l’avaient été par leur conjoint ou un membre de leur famille. Je n’ai pas la prétention d’incarner cette cause parce qu’en j’en ai simplement fait une musique. Pour être engagé selon moi, il faut être investi au quotidien et par rapport à toutes ces personnes actives, je ne me permets pas de me mettre à leur niveau, j’écris simplement ce qui me touche et qui devrait tous nous concerner ».